Foncier viticole : comment les coopératives préservent leur potentiel de production

Inquiètes de l’érosion de leur surface en vigne, les coopératives régionales imaginent de nouvelles solutions pour protéger le foncier viticole et faciliter l’installation des jeunes. Un enjeu majeur pour leur survie.
(Crédits : Aspheries)

C'est une inquiétude largement partagée au sein de la coopération viticole régionale. Confrontées au vieillissement de leurs adhérents et à l'érosion de leur vignoble, les caves tentent de sauvegarder les terres viticoles qui risquent de se perdre lors du départ à la retraite de leurs adhérents.

Du financement participatif à la création de société pour acheter du foncier, les moyens divergent mais l'objectif reste le même : préserver le patrimoine viticole menacé l'arrêt d'activité des coopérateurs les plus âgés.

600 000 € collectés à Faugères en quatre ans

La cave coopérative de Faugères, dans l'Hérault, a été une des premières à mettre en place une Société Coopérative d'Intérêt Collectif (SCIC) viticole. Créée en mai 2016, la SCIC Mas Olivier Vignoble Investissement compte aujourd'hui 350 actionnaires, engagés pour un montant total de 600 000 € de capital qui ont permis de constituer un vignoble de 60 ha.

Pour un montant de 1 000 € la part, les investisseurs, qui pour la moitié sont des habitants de la région, bénéficient d'une défiscalisation (initialement 18 %, aujourd'hui 25 %) et d'une dotation annuelle de 12 bouteilles ainsi que d'un tarif préférentiel au caveau.

« Plus que la dotation en bouteilles, c'est la participation à ce projet novateur qui m'a séduit, témoigne un actionnaire biterrois. J'apprécie les vins de cette cave et je suis content de prendre part à cette démarche de pérennisation de leur vignoble. »

La coopérative Castelbarry à Montpeyroux (34), a, quant à elle, créé un Groupement Foncier Viticole (GFV) pour acquérir le Domaine des songes, un vignoble de 6 ha avec un petit mas, qui était à la vente sur un site emblématique à l'entrée du village.

« La coopérative n'a pas vocation à porter du foncier, explique François Boudou, le président de la coop. Nous avons donc lancé un appel à nos clients, fournisseurs, partenaires et amis pour leur proposer de devenir actionnaire de ce GFV. »

Ces vignes seront confiées en fermage à un adhérent récemment installé, qui pourra ainsi accroître sa surface en vigne et vivre de ce nouveau métier.

Des coopératives qui investissent dans le foncier

D'autres coopératives, comme la cave de l'Occitane dans le Biterrois, ont choisi de réaliser elles-mêmes le portage du foncier.

« Pour éviter la disparition de surfaces viticoles, nous nous sommes portés acquéreur de vignoble afin de pérenniser notre structure et de pouvoir, à terme, réinstaller des jeunes », explique Martial Bories, le président du groupement coopératif.

Une Société civile d'exploitation agricole (SCEA)a été créée pour l'exploitation de ce vignoble qui a compté jusqu'à 100 ha et a progressivement été rétrocédé à des jeunes viticulteurs, seule une trentaine d'ha restant encore dans le giron de la coopérative.

C'est également l'option qui a été retenue par les caves Rocbère dans les Corbières, très impactées par le vieillissement de leurs adhérents :  une enquête réalisée en 2016 révélait que la moitié d'entre eux avait plus de 50 ans.

Après avoir mis en place un dispositif pour mettre en relation les coopérateurs sur le départ avec d'éventuels repreneurs, la cave a créé la société Rocbère Vignobles pour acheter du foncier. Une première acquisition de 20 ha de vigne a été réalisée en 2018, qui a permis d'installer un jeune et d'en consolider un autre.

Le métier de coopérateur manque d'attractivité

« C'est un sujet majeur de préoccupation pour la coopération viticole, qui sera à l'ordre du jour de notre prochain séminaire d'après-vendanges, soutient Francis Terral, en charge de cette question au sein de Coop de France. Ces solutions pour préserver le foncier viticole sont louables, mais elles portent sur les surfaces encore marginales. Il faut passer à la vitesse supérieure et surtout, redonner de l'attractivité à notre métier, car aujourd'hui les candidats à l'installation ne sont pas légion. »

Le sujet est également pris en considération par la Région Occitanie : « Nous travaillons depuis deux ans à la mise en place d'une structure qui associerait la Région, la Safer, l'EPF (établissement public foncier, NDLR), la Banque des Territoires, Bpifrance et le secteur bancaire privé, et qui serait destinée à aider les candidats à l'installation à financer le foncier. Cette société devrait voir le jour au premier trimestre 2021 », confie René Moreno, vice-président de la commission Agriculture au Conseil régional.

Un nouvel outil au service de l'ensemble de la filière agricole régionale dont les coopératives viticoles comme les caves particulières pourront bénéficier.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.