Dans les Pyrénées-Orientales, une SCIC pour sauver les vignes de Rasiguère

La cave coopérative du Cellier de Trémoine vient de constituer une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) pour faire du portage foncier et attendre des repreneurs pour les vignobles les plus intéressants du secteur. Une démarche inédite dans le département pour préserver les surfaces productives.
Dans les Pyrénées-Orientales, la cave coopérative du Cellier de Trémoine, à Rasiguère, a créé une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) pour préserver les surfaces productives de son périmètre.
Dans les Pyrénées-Orientales, la cave coopérative du Cellier de Trémoine, à Rasiguère, a créé une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) pour préserver les surfaces productives de son périmètre. (Crédits : Yann Kerveno)

Le monde viticole est face à un mur : le départ à la retraite d'une génération entière dans les cinq ans qui viennent. Pour les caves coopératives, l'enjeu est de préserver les surfaces productives pour faire tourner les outils. Dans les Pyrénées-Orientales, elles vont jusqu'à acheter des terres pour les préserver, en particulier chez leurs adhérents sans succession.

C'est ce que vient de faire la cave coopérative du Cellier de Trémoine, à Rasiguère, sous une forme encore inédite pour le département, la création d'une société coopérative d'intérêt collectif (SCIC). David Bleuze, directeur de la cave de Rasiguère, détaille la démarche : « Dans notre cave, nous avons 65% de vignerons qui ont moins de 55 ans, mais ensuite, il y a un creux dans la pyramide des âges entre 55 et 65 ans. La SCIC va donc remédier aux départs en retraite qui vont survenir durant les cinq prochaines années pour maintenir les vignes et leur potentiel de production ».

La SCIC, appelée Domaine de la vallée secrète, a l'œil sur une soixantaine d'hectares qu'elle veut sauver. Mais elle ne rachètera pas n'importe quoi.

« Nous privilégions les parcelles qui sont mécanisables, cela représentera 80% des surfaces, et nous ne conserverons les parcelles à travailler à la main uniquement si elles sont hautement qualitatives », précise le directeur de la cave.

CIVL

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Un million d'euros à terme

À peine lancée, et sans vraiment de communication, la SCIC a vu les investisseurs toquer à la porte pour se saisir d'une ou plusieurs parts sociales dont le prix est fixé à 1.000 euros.

« L'investissement moyen tourne plutôt autour de 1.500 euros, indique Davide Bleuze. Dès le départ du projet, une dizaine de vignerons ont souscrit au capital. Fin juin, nous avons collecté 45.000 euros auprès des vignerons, des salariés, de nos clients et de nos partenaires. Nous espérons atteindre 150.000 euros début 2024 et à terme, dans huit ans, un million d'euros pour les 60 hectares que nous envisageons d'acquérir. »

Selon David Bleuze, le projet est aussi appuyé par les banques et les quatre communes concernées par la zone couverte par la cave - Rasiguère, Planèze, Lansac et Latour de France - vont également entrer au capital de la SCIC, qui veut utiliser ces parcelles pour développer un vignoble modèle et expérimental.

Une fois acquises, les vignes sont entretenues pour être confiées à un vigneron qui souhaiterait s'installer ou à un vigneron qui veut s'agrandir mais n'en a pas la possibilité financière au moment où il souhaite le faire.

« Elles seront confiées pour cinq ans, avec, au terme de ce délai, la possibilité pour le vigneron de les racheter ou de les conserver encore en fermage », explique David Bleuze.

« Bridés par le manque de main d'œuvre »

Treize hectares vont être achetés immédiatement dont huit de jachères prêtes à planter, qui seront suivis par une vingtaine d'autres d'ici fin 2024.

À Banyuls, la cave de l'Étoile mène depuis plusieurs années un projet similaire mais sous la forme d'un groupement foncier viticole qui a réuni, en quelques années, 108 investisseurs qui ont permis de racheter 25 hectares. L'équivalent d'un très gros vignoble dans le cru où la moyenne ne dépasse pas quelques dizaines d'ares.

Avec le même succès, donc qu'à Rasiguère, mais avec une difficulté majeure : trouver les personnes nécessaires pour travailler les vignes.

« Nous aurions de quoi acheter plus mais nous sommes bridés par le manque de main-d'œuvre », regrette Jean-Pierre Centène président de la cave.

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