Les professionnels régionaux de l’acte de bâtir engagent un (énième) dialogue avec les élus

Un an après les élections municipales, l’Académie du Bâtiment et de la Cité de Demain (ABCD), qui rassemble les professionnels de l’immobilier et de l’acte de bâtir sur le périmètre de l’ex-Languedoc-Roussillon, regarde la ligne d’horizon 2022 avec inquiétude, redoutant un trou d’air qu’elle dit inévitable. Afin de faire émerger des solutions concrètes, elle invite les élus régionaux à venir échanger sur leur feuille de route dans le cadre d’un colloque le 12 octobre 2021 à La Grande Motte.
Cécile Chaigneau
Un an après les élections municipales et un an et demi après le début de la pandémie mondiale de Covid-19, les acteurs de la filière invoquent la baisse drastique de la production de logements et des projets d'aménagement urbain qui fait peser un grand risque sur les emplois de la filière du bâtiment et de l'immobilier.
Un an après les élections municipales et un an et demi après le début de la pandémie mondiale de Covid-19, les acteurs de la filière invoquent "la baisse drastique de la production de logements et des projets d'aménagement urbain qui fait peser un grand risque sur les emplois de la filière du bâtiment et de l'immobilier". (Crédits : Reuters)

Patrick Ceccotti, président l'Académie du Bâtiment et de la Cité de Demain* (ABCD), réunissant tous les professionnels l'acte de bâtir sur le périmètre de l'ex-Languedoc-Roussillon, le martèle : « Il y a urgence à agir ».

Un an après les élections municipales et un an et demi après le début de la pandémie mondiale de Covid-19, les acteurs de la filière invoquent « la baisse drastique de la production de logements et des projets d'aménagement urbain qui fait peser un grand risque sur les emplois de la filière du bâtiment et de l'immobilier, première industrie du Languedoc-Roussillon, et sur la capacité du territoire à garder son attractivité nationale ».

En guise de rentrée, ils organisent un colloque le 12 octobre prochain au Palais des congrès de La Grande Motte, où ils invitent les élus du territoire à se positionner et à donner leur feuille de route en matière d'habitat, d'immobilier et d'aménagement urbain pour les cinq prochaines années.

Car au-delà des difficultés que rencontre le secteur actuellement (pénurie de matériaux et de main d'œuvre), les professionnels regardent la ligne d'horizon 2022 et la trouve bien incertaine...

« Il ne faut pas se leurrer : on aura un trou d'air »

Objectif : faire émerger des solutions.

« Depuis quelques années que l'ABCD existe, nous avons rencontré les principaux intervenants de l'acte de bâtir, notamment les décideurs, et ce colloque est la suite logique des élections, pour continuer le dialogue, indique Patrick Ceccotti. A première vue, les carnets de commandes des entreprises sont bien remplis, mais en 2022, on voit se profiler une importante baisse d'activité, un vrai coup de frein qui résultera de la parenthèse Covid-élections. On alerte sur le fait qu'il ne faut pas se leurrer : on nous dit qu'il y a du boulot partout, qu'on a des problèmes de rupture de main d'œuvre et que les carnets de commandes plein, mais on sait que ça ne va pas durer et qu'on aura un trou d'air ! Et les premiers dans la difficulté sont ceux du gros œuvre qui sont les premiers à intervenir sur les chantiers : leurs carnets de commande s'éteignent en fin d'année. »

Les professionnels ambitionnent de dépasser le stade des constats, déjà partagés par tous, pour créer une dynamique autour de pistes concrètes et prendre date pour les prochaines années.

Pour cela, le colloque proposera quatre tables rondes sur quatre thématiques : sobriété foncière et désartificialisation des sols (réglementations nationales, dont la loi Climat et résilience, en les connectant à la situation spécifique méditerranéenne, marquée par les enjeux de la croissance démographique, les contraintes climatiques et la quasi absence de friches), réinventer la ville (le marché de la rénovation, la reconquête commerciale, l'instauration de verticalité, la ville connectée, le rôle des agences d'urbanisme et des SEM associées), équilibre des territoires et développement économique (la place des entreprises, comment accompagner la croissance démographique, la coopération entre les agglomérations), et la vision de la ville de demain, portée par le monde économique (réactions aux discours des élus).

« On est prêts... »

« Nous voulons entendre les élus sur leur feuille de route et nous cherchons des pistes concrètes, martèle Patrick Ceccotti. Nous voulons redire aux élus qu'on est prêts sur les matériaux biosourcés, prêts sur les formations orientées développement durables, convaincus de la nécessité d'une sobriété foncière et prêts à aller dans ce sens, prêts à verticaliser les constructions, prêts à reconstruire la ville sur la ville. Tout ça, on saura le faire. Mais nous voulons aussi dire qu'il faut des échanges entre les territoires et ne pas toujours focaliser sur les mêmes (comprendre les Métropoles, NDLR). »

Le président de l'ABCD est prudent et veille à ménager la relation avec les élus : « On est là pour de la concertation, on veut inciter, on ne veut pas donner de leçons ».

Des élus qui seront toutefois fermement interpellés sur leurs intentions et ambitions...

« Sur l'équilibre des territoires et le développement économique, nous voulons alerter sur la question de l'attractivité du territoire, ajoute Patrick Ceccotti. La région est une terre d'accueil, et le Covid a accéléré l'envie pour beaucoup de venir s'installer et travailler chez nous. Nous faisons un constat : il y a de plus en plus de demandes d'implantations d'entreprises mais peu d'offre de fonciers disponibles en raison d'une volonté politique de brider ce foncier. Logiquement, ça va faire augmenter les prix alors qu'on se bat pour que le logement soit accessible... »

Le dirigeant a bien entendu le maire de Montpellier et président de la Métropole, Michaël Delafosse, souligner, lors du salon de l'immobilier le 24 septembre dernier, « le défi immense de 700 entreprises qui veulent s'implanter alors qu'on ne parvient à répondre qu'à 30% seulement... D'où la création de l'agence de développement économique, pour laquelle la question de l'immobilier d'entreprise sera un des grands enjeux ».

Mais les professionnels attendent maintenant des actes concrets : « Oui, Michaël Delafosse le dit mais il faut que ce soit confirmé, qu'on passe aux actes et qu'on les planifie », préconise Patrick Ceccotti. Avant de poser une question, qu'il ne manquera pas de poser également lors du colloque : « Y a-t-il des freins de la part de l'Etat ? »...

Mauvaise compréhension

Les élus annoncés sur le colloque sont Frédéric Roig (président de l'Association des maires de l'Hérault), François Commeinhes (président de Sète Agglopôle), Stéphan Rossignol (président de l'Agglomération du Pays de l'Or), Frédéric Touzellier (vice-président de Nîmes Métropole), Robert Ménard (maire de Béziers), Julien Plantier (1e adjoint délégué à l'urbanisme de la Ville de Nîmes). Quant à Michaël Delafosse, président de Montpellier Méditerranée Métropole, il sera présent ou au moins représenté.

Outre les représentants des différents membres d'ABCD, sont également attendus Cédric Grail (directeur général du groupe SERM-SA3M et secrétaire général ACM Habitat), le directeur département adjoint de la DDTM 34, Sophie Lafenêtre (directrice générale de l'EPF Occitanie).

Quelques têtes nationales seront aussi présentes, comme François Rieussec (président national UNAM), Pascal Boulanger (président national FPI), Jean-Marc Torrollion (président national FNAIM) et Samuel Minot (président de la commission économique nationale de la FFB).

Et dans le public ?

« Nous ciblons les gens des filières de l'acte de bâtir, des entrepreneurs mais aussi les services techniques et administratifs des collectivités car il persiste une mauvaise compréhension de nos contraintes malgré les accords et les conventions signés », répond Patrick Ceccotti, qui précise que les inscriptions sont toujours ouvertes.

 * L'ABCD rassemble, sur l'Hérault, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), la Fédération française du bâtiment (FFB), l'Union nationale des aménageurs (UNAM), la CCI 34 et la FNAIM.

Cécile Chaigneau

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