Immobilier : Michaël Delafosse atténue le ZAN et solde (enfin) le dossier Union Matériaux

Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la Métropole, a confirmé ses ambitions aux professionnels de l’immobilier présents au salon de l’immobilier le 23 septembre quant à la production future de logements. C’est aussi en ouverture du salon que l’élu a soldé un dossier vieux de trente ans devenu un serpent de mer : Union Matériaux, entreprise familiale de distribution de matériaux de construction et rénovation, va déménager de son emplacement historique (et très stratégique) pour le quartier Cambacérès, ce qui va libérer un foncier très convoité pour y construire des logements.
Cécile Chaigneau
Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la Métropole, signe le rachat par la SERM du site historique d'Union Matériaux avec son président, Alexandre Vachet.
Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la Métropole, signe le rachat par la SERM du site historique d'Union Matériaux avec son président, Alexandre Vachet. (Crédits : Cécile Chaigneau)

Le traditionnel salon de l'immobilier d'automne ouvrait ses portes ce 23 septembre pour trois jours à Montpellier. Dans un format réduit, avec relativement peu de promoteurs immobiliers. C'était l'occasion pour le maire de Montpellier et président de la Métropole, Michaël Delafosse, de s'adresser directement aux acteurs de l'immobilier, dans les starting-blocks depuis son élection en 2020, après que l'élu avait fortement ralenti l'urbanisation de la ville.

« Il fallait le temps de maîtriser les fonciers et discuter sur les cadres du bâti », plaide-t-il aujourd'hui.

En février dernier, quand il a annoncé un choc de l'offre avec 8.000 logements dans les deux ans, les promoteurs voulaient y croire mais demandaient à voir. Et ils ont vu : il y a quelques jours, Laurent Villaret, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers Occitanie Méditerranée, se félicitait que la SERM, aménageur de la Métropole, ait lancé 45 lots et 3.454 logements, ainsi que 52.000 m2 tertiaires, confirmant une stratégie politique volontariste.

« Je travaille dans d'autres métropoles françaises et Montpellier est la seule qui prenne le risque de stabiliser la crise, aucune autre n'a fait suffisamment d'anticipation foncière, assure Laurent Villaret. Le choc de l'offre, c'est plus que le PLH, et c'est 400 millions d'euros de marchés de travaux ! Dans ce choc, la nouveauté, c'est aussi le modèle : la confiance, la gouvernance apaisée qu'on a ressentie de façon opérationnelle, un mode de travail projet avec la SERM, et la transparence. »

"En mode combat"

Construire, oui, mais comment et où ? Car la loi Climat et résilience fixe l'objectif de diviser par deux le rythme d'artificialisation des sols d'ici à 2030. Face aux inquiétudes des professionnels de l'aménagement urbain quant aux conséquences du "zéro artificialisation nette" (ZAN), Michaël Delafosse se veut rassurant et semble même entrer en résistance, assurant être « en mode combat »...

« Il faut faire en sorte de ne pas avoir une interprétation procédurale mais de projets, lance l'élu. Oui, il faut réduire l'artificialisation des sols car on en paie le prix aujourd'hui. Je suis donc favorable à la régulation, mais à Montpellier, on fera moins 25% et pas moins 50% ! On ne peut pas traiter la Métropole de Montpellier comme la Lozère ! »

En février dernier, Emmanuelle Wargon, alors ministre du Logement, avait souhaité rassurer les collectivités sur le fait que l'objectif de réduction était territorialisé et que ce ne serait pas moins 50% partout : « C'est la consommation réelle et pas les zones à urbaniser qui sont concernées », avait-elle précisé.

« Ne nous enfermons pas dans l'incapacité de faire des projet, ne venez pas enrichir la France des procédures qui vient tuer la France des projets, ajoute Michaël Delafosse selon une formule qu'il affectionne désormais beaucoup. A Montpellier, nous voulons relever le défi du logement de la population... On nous dit d'investir les friches industrielles : mais où sont-elles ? »

L'élu assure également travailler à la future agence de l'urbanisme : « Je suis le maire du Covid ! En deux ans et trois mois, beaucoup de choses ont bougé et nous avons accompli des pas de géant. Mais avant de créer cette agence, il faut d'abord créer de la confiance avec les autres élus alentours. Aujourd'hui, le maire de Montpellier est vu comme un partenaire, et non plus comme un ogre ! Un alignement se produit entre les collectivités mais aussi entre les territoires, et c'est très prometteur. C'est une action de long terme ».

Union Matériaux partira à Cambacérès

Enfin, l'inauguration du salon de l'immobilier était l'occasion, pour l'élu montpelliérain, de solder un dossier vieux de trente ans : le déménagement de l'entreprise familiale Union Matériaux, spécialiste de la distribution de matériaux de construction et rénovation (500 salariés, des bases logistiques, 36 agences, et un chiffre d'affaires 2021 de 154 millions d'euros).

Le site historique du siège de l'entreprise se trouve pourtant sur un foncier ultra-stratégique et très convoité de 40.000 m2 aux portes du quartier récent de Port-Marianne. Sa présence au cœur de ce quartier, cernée d'immeubles de bureaux principalement, était devenue presque incongrue. Le dossier était déjà sur le bureau de Georges Frêche lorsqu'il était maire, et y est resté durant tous les mandats suivants sans que personne ne parvienne à le résoudre...

« Un projet de trente ans qui s'est résolu en un an, campe Michaël Delafosse. Port Marianne avance, le tramway est là, les écoles sont construites, le nouveau collège Port Marianne vient d'être livré. Il y a tout ce qu'il faut pour accueillir des programmes immobiliers et répondre aux besoins de logements sur la ville... Mais il fallait donner à cette entreprise, stratégique pour l'économie du territoire, un lieu desservi, visible. Ce sera à Lattes, sur la zone de Cambacérès, au plus près des infrastructures de transport. »

Alexandre Vachet, président d'Union Matériaux (et 3e génération à la tête de l'entreprise qui fête ses 100 ans en 2023), souligne que la résolution de ce dossier tenait surtout à « une volonté politique » : « Ça fait trente ans qu'on attend ! Nous n'avons pas attendu sans rien faire : nous avons progressivement réduit notre besoin foncier de 40.000 à 25.000 m2 en achetant des terrains ici et là, ce qui a facilité le travail de recherche foncière de la SERM ».

Le groupe familial a en effet investi en 2016 dans une base logistique (16.000 m2) à Vendargues, et en 2021 dans une seconde base logistique (25.000 m2) à Lunel, et il a transféré son showroom Carrelage et créé un premier concept-store à Pérols.

« Il nous faudra probablement quatre ou cinq ans, après être passé par toutes les phases administratives nécessaires, pour nous s'installer à Cabacérès, sur un terrain de 25.000 m2 qui jouit d'une excellente exposition commerciale et logistique », indique Alexandre Vachet.

L'entreprise libèrera ainsi son foncier, ce qui permettra à la SERM, désormais propriétaire, de lancer l'aménagement du quartier de la Baume dans son ensemble. La Ville devrait organiser une concertation, et Michaël Delafosse annonce d'ores et déjà qu'un concours va être lancé pour nommer (en décembre) un urbaniste sur l'écriture du quartier.

Cécile Chaigneau

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