Montpellier : ce qu’il faut retenir de la programmation urbaine (enfin ? ) dévoilée par Michaël Delafosse

Focus sur la programmation urbaine d’ici à 2026. Les habitants mais surtout les promoteurs immobiliers l’attendaient avec impatience. Le président de la Métropole de Montpellier, Michaël Delafosse, a dévoilé le 9 février au soir, lors des premières Assises du territoire, son plan de bataille en matière d’aménagement urbain et de logements. Nouvelle méthode, nouvelles exigences, nouvelles règles, nouveau mode d’attribution des lots. Et un chiffre essentiel à retenir : le lancement de 8.000 logements dans les deux prochaines années.
Cécile Chaigneau
Le maire de Montpellier et président de la Métropole, Michaël Delafosse, dévoile sa programmation urbaine le 9 février 2022, lors des premières Assises du territoire.
Le maire de Montpellier et président de la Métropole, Michaël Delafosse, dévoile sa programmation urbaine le 9 février 2022, lors des premières Assises du territoire. (Crédits : Cécile Chaigneau)

Michaël Delafosse (PS) promettait, depuis son élection, en 2020, de bousculer les méthodes afin de « faire la ville » autrement, et sa stratégie était très attendue, notamment par les promoteurs immobiliers en quête de foncier et de projets nouveaux. Il aura fallu laisser le temps au temps. Un an et demi après, lors des premières Assises du territoire organisées par la Métropole de Montpellier le 9 février à l'attention des acteurs économiques, le président de la collectivité (et maire de Montpellier) annonçait enfin la couleur, avec une feuille de route concrète, des règles et des exigences, mais aussi la très convoitée libération de foncier.

« La crise a ralenti la production de logements mais comme partout ailleurs, a-t-il plaidé. Nous avions besoin de temps pour clarifier les choses. Il faut construire mais pas n'importe où et pas n'importe comment ! L'objectif, c'est de rééquilibrer la ville pour permettre aux familles de vivre en première couronne de Montpellier. »

33% de logements sociaux

L'élu a dégagé six objectifs qui seront la colonne vertébrale de son action politique en matière d'aménagement urbain : rééquilibrer la ville en mettant des moyens sur certains quartiers (Celleneuve, Cévennes, Mosson,...), accélérer la transition écologique et solidaire (notamment sur les mobilités et une stratégie prochaine zéro déchet), embellir le cœur de ville pour lui redonner de l'attractivité,(notamment l'Écusson pour lequel il souhaite la labellisation Unesco), apaiser les quartiers, requalifier et revaloriser les espaces publics, et réaliser une ville-parc.

Il dicte également les ambitions de répartition de la Métropole en matière de logements : 33% de logements sociaux, 17% de logements en accession abordable, 15% de logements en accession intermédiaire et 35% de logements en accès libre.

Quant au Plan local intercommunal d'urbanisme (PLUI)-Climat, il devrait être approuvé début 2024.

Afin de répondre aux nouvelles exigences et aux nouveaux besoins des habitants, l'élu demande aux promoteurs d'intégrer, dans les cahiers des charges de chaque future résidence, de nouveaux usages : espaces de coworking, locaux partagés (chambre d'amis, salle commune,...), toiture utile (rooftop collectif, jardins sur les toits, production d'énergie électrique...), programme d'habitat participatif dans chaque quartier, services et commerces de proximité en rez-de-chaussée, et services numériques lié à "la ville intelligente".

« Et nous serons très vigilants à la taille des logements : on ne peut plus, notamment, faire des T3 de toute petite taille », dénonce Michaël Delafosse.

8.000 logements sur deux ans

Sur la feuille de route, 100 lots pour 8.000 logements vont être lancés sur les deux prochaines années dans les ZAC (zones d'aménagement concerté) pilotées par la SERM-SA3M, bras armé de la métropole en matière d'urbanisme, « ce qui permet de donner une vraie lisibilité au territoire et aux promoteurs », déclare l'élu, qui promet d'être « attentif » à la part des logements qui seront vendus à des investisseurs locatifs via le dispositif Pinel, favorisant un turn-over peu propice au développement d'une vie sociale dans les quartiers, selon l'élu, mais aussi une montée des prix.

Les 8.000 logements représenteront 50.0000 m² de surfaces de plancher. En annonçant ce plan de bataille, Cédric Grail, directeur général de la SERM-SA3M et de l'office public de l'habitat ACM Habitat, souligne qu'il s'agira là d'une belle accélération, « trois à quatre fois plus de logements que ce que la SERM a pour habitude de faire chaque année, à savoir 2.200 logements en moyenne par an ».

« Nous observons un déficit en termes de foncier, il n'y a pas de stratégie foncière, dénonce-t-il. Il faut faire des réserves foncières et maîtriser toutes les procédures d'urbanisme. Par ailleurs, nous avons identifié des obstacles, comme la problématique inondations, la hauteur des bâtiments, le bruit. Il faut voir avec l'État comment les dépasser. »

Sur le calendrier des deux prochaines années, la libération du foncier sera répartie à raison de 42 lots et 3.850 logements au premier semestre 2022 (notamment sur la ZAC République), 23 lots et 1.780 logements au deuxième semestre 2022 (notamment sur la ZAC de la Restanque et la ZAC eurêka), 14 lots et 1.000 logements au premier semestre 2023 (notamment sur la ZAC Ode à la mer et sur la ZAC Pompignane), et 24 lots et 1.930 logements au 2e semestre 2023 (notamment sur la ZAC Cité créative et sur la ZAC Saint-Roch).

Cédric Grail annonce également 40.000 à 50.000 m² de tertiaire et 20.000 m² de locaux d'activité.

Allotissement systématique

« Concernant les méthodes d'attribution des lots, nous nous engageons à décider au plus vite, à produire du logement social, avec notamment la revalorisation du prix des VEFA (vente en l'état futur d'achèvement, NDLR) à 2.150 euros HT/m2, à adapter les charges foncières pour le logement libre afin de mieux financer les équipements publics, et à développer l'office foncier solidaire métropolitain qui a été créé et va se mettre en place prochainement », précise Anne Ringlet, directrice générale adjointe au développement urbain pour la Métropole de Montpellier.

Le président de la métropole annonce un changement de méthode afin de simplifier l'accès à la commande publique pour tous. Parmi les nouvelles règles en vigueur : un allotissement systématique pour favoriser l'accès des TPE et PME, une adhésion au portail des marchés publics SCOPE Occitanie pour faciliter la connaissance des marchés en cours, et la création d'un "profil d'acheteur" pour que les acteurs économiques de l'acte de bâtir puisse poser toutes leurs questions à la collectivité.

Le retour des "Folies architecturales"

Autre annonce faite par Michaël Delafosse : le retour des "Folies architecturales". Lancée en 2012 alors qu'il était adjoint au maire (Hélène Mandroux) en charge de l'urbanisme puis stoppée en 2014 avec le changement de maire, la démarche proposait d'ériger 12 Folies architecturales dans la ville, en écho aux Folies du XVIIIe siècle (élégantes demeures bâties à Montpellier et en périphérie). Seules deux ont été construites : la Folie divine, signée Farshid Moussavi, et l'Arbre blanc, signé de l'architecte japonais Sou Fujimoto, Nicolas Laisné, Dimitri Roussel et Manal Rachdi, générant moult retombées médiatiques pour la ville.

« Nous relançons les 12 Folies architecturales avec la jeune génération d'architectes sur des lieux comme Ovalie ou le toit du Corum, qui, je le rappelle, fait office d'héliport et n'a servi qu'une seule fois, pour la venue de François Mitterrand !, déclare l'élu. C'est une façon de challenger la profession, et il y aura du logement social dans ces immeubles. Un appel à manifestation d'intérêt global d'une dizaine de Folies va être lancé pour avoir des projets qui, je l'espère, pourront être présentés à l'automne. »

Quant à challenger, l'élu lance un appel à l'audace : « Pourquoi pas un immeuble de grande hauteur avec ossature ? Plus l'audace sera au rendez-vous, plus nous soutiendrons ».

Il précise également vouloir améliorer l'habitat intergénérationnel et annonce que la collectivité travaille sur un Agenda de la longévité qui pourrait être dévoilé en novembre.

Sa dernière mise en garde concerne ce qu'il appelle l'effet Pinel : « Les prix montent, et le coût de cette niche fiscale devrait d'ailleurs être un sujet des présidentielles ».

Cécile Chaigneau

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