Nanosatellites : le CSU de Montpellier va enrichir les modèles de Météo France

Yann Barbaux, président du pôle Aerospace Valley, a récemment visité le Centre spatial universitaire (CSU) de Montpellier, spécialiste des nanosatellites. En attendant le création d’applicatifs terrestres avec des industriels, le CSU prépare l’envoi d’un nanosatellite au-dessus de la Méditerranée pour collecter des données météo à même d’enrichir les modèles prédictifs de Météo France.
Cécile Chaigneau
Yann Barbaux, président du pôle de compétitivité Aerospace Valley, et Laurent Dusseau, directeur du Centre Spatial Universitaire de Montpellier.
Yann Barbaux, président du pôle de compétitivité Aerospace Valley, et Laurent Dusseau, directeur du Centre Spatial Universitaire de Montpellier. (Crédits : CSU)

Le Centre Spatial Universitaire (CSU) de Montpellier développe des nanosatellites depuis 2012. Le premier d'entre eux, Robusta, a été mis en orbite dans l'espace le 13 février 2012. Le second, Robusta-1B, a décollé le 23 juin 2017 depuis l'Inde.

Yann Barbaux, le président du pôle de compétitivité Aerospace Valley (qui a ouvert une antenne à Montpellier en avril dernier) vient de rendre une première visite au CSU, au cours de laquelle lui ont été présentées les diverses missions en cours sur les nanosatellites.

Entièrement développé par les étudiants du CSU en partenariat avec le CNES, Robusta-1B passe au-dessus de Montpellier quatre à six fois par jour, et continue de transmettre à chaque passage des mesures sur l'état de ses composants : sur sa propre santé (niveau batterie, températures, courant des générateurs solaires, etc.), mais aussi sur plus de vingt paramètres concernant l'expérience effectuée sur des amplificateurs opérationnels.

« Robusta 1-B se porte très bien, confirme Laurent Dusseau, directeur du CSU. Les résultats scientifiques seront publiés l'an prochain, en septembre 2019 dans le cadre du colloque RADECS 2019 à Montpellier. D'après nos calculs, Robusta 1-B redescendra aux alentours de 2022, tout doucement, sans laisser de débris puisqu'il brûlera dans l'atmosphère. Nous espérons donc collecter des données scientifiques au moins jusqu'en 2021. Pour l'instant, le satellite ne donne pas de signes de dégradation. »

Des GPS sur les bateaux

D'autres projets de nanosatellites sont en cours. En partenariat avec l'ESA, MTCube, lancé en 2019, testera plusieurs types de mémoires dans l'environnement spatial. Celesta, lancé fin 2019 en partenariat avec le CERN (organisation européenne pour la recherche nucléaire), comparera les environnements radiatifs en orbite basse autour de la terre.

Enfin, le triple nanosatellite Méditerranée sera, quant à lui, lancé en 2020, afin de collecter des données environnementales permettant d'améliorer les prévisions des épisodes cévenols.

« L'objectif est de récupérer des données météorologiques de vapeur d'eau en Méditerranée, car lors d'épisodes cévenols comme récemment celui qui a touché l'Aude, aucune donnée n'est disponible, explique Laurent Dusseau. Il s'agit donc d'aller chercher ces données sur les bateaux qui traversent la Méditerranée. Nous les équipons de GPS, et nous collectons les signaux GPS car c'est le décalage de ces signaux qui indique la quantité de vapeur d'eau dans l'atmosphère. Il est alors important de transmettre l'information à Météo France dans la minute. C'est là que le nanosatellite intervient : les signaux GPS sont envoyés au moyen d'une station embarquée à notre satellite qui ensuite retransmet à la station-sol à Montpellier. Nous travaillons avec le port de Sète et les armateurs des bateaux qui viennent à Sète. Le port nous soutient entièrement car il est intéressé par la récupération de données météo précises qui lui permettront de renseigner les ferries. Par exemple, s'il fait trop mauvais à Sète, il prévient le ferry, ce qui lui évite de rester bloquer dans une tempête. Deux armateurs de lignes régulières (dont il préfère encore taire le nom, NDLR) ont déjà donné leur accord. »

Ce ne sera pas la seule mission du nanosatellite Méditerranée : quand il ne sera pas au-dessus de la Méditerranée, il pourra fournir d'autres données.  Dans le cadre d'un programme développé en partenariat avec la Cape Peninsula University of Technology (Afrique du Sud) et avec l'AASO (Africa Aeronautics & Space Organisation), qui œuvre pour le développement de l'aérospatial en Afrique, « le nanosatellite Méditerranée fournira un moyen de communication à des écoles de brousse grâce à une station-sol ».

Futures applications

Au terme de sa visite, Yann Barbaux a exprimé sa volonté de co-construire des projets pour faire connaître et mettre en synergie les travaux de recherche et d'innovation sur les nanosatellites du CSU de Montpellier et les concepts naissants ou encore à imaginer par les industriels en matière de missions spatiales appliquées au terrestre, dans de nombreux secteurs tels que l'agriculture, l'environnement, la communication ou l'humanitaire.

« Cette collaboration représente un levier stratégique majeur permettant de dynamiser la diffusion des technologies innovantes issues du spatial vers d'autres filières et de confirmer le rôle du CSU et de la Fondation Van Allen (membre adhérent d'Aerospace Valley, la Fondation accompagne stratégiquement et financièrement le CSU, ndlr) dans la révolution industrielle spatiale en Région Occitanie Est, affirme Laurent Dusseau. Depuis que le pôle a installé une antenne à Montpellier, nous avons beaucoup plus de contacts avec eux. Ils organisent des événements, et cela nous permet de rencontrer des gens pour de nouveaux applicatifs. Cela nous ouvre les portes du monde de l'entreprise et des instituts ou organismes de recherche. C'est d'eux que les idées de missions émergeront... Nous travaillons avec des industriels, quatre ou cinq futurs nouveaux satellites sont dans les cartons, dont deux qui se concrétiseront en 2019. Notre rythme de croisière serait d'en lancer deux par an. »

Cécile Chaigneau

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