Crise sanitaire : Nereus maintient ses projets mais attend un geste des pouvoir publics

Avec ses unités industrielles de recyclage de l’eau, l’entreprise héraultaise Nereus continue sa progression. Si elle traverse la crise sanitaire sans trop de dégâts pour le moment et maintient notamment son projet d’agrandissement d’usine, son dirigeant espère toutefois des gestes des pouvoirs publics pour aider les PME sur la trésorerie.
Cécile Chaigneau
Au Pouget (34), Nereus agrandit ses locaux pour augmenter son usine de 600 à 1 400 m2.
Au Pouget (34), Nereus agrandit ses locaux pour augmenter son usine de 600 à 1 400 m2. (Crédits : Nereus)

L'entreprise Nereus, installée au Pouget (34), conçoit, développe et construit des unités industrielles d'extraction d'eau à faible consommation d'énergie. Le principe : récupérer de l'eau et des ingrédients d'intérêt contenus dans des déchets liquides polluants et les recycler.

Il y a plusieurs mois, Nereus a lancé le projet d'agrandissement de son usine de production. Un projet requérant un investissement de près de 1,5 M€ et que son dirigeant Emmanuel Trouvé ne remet pas en cause, malgré la crise sanitaire.

« Nous avons obtenu le permis de construire en mai dernier, et nous avons lancé les études et la consultation des entreprises, précise-t-il en cette fin d'été. Le projet va être décalé de quelques mois, mais on le maintient. Nous accentuons le caractère durable du bâtiment : il produira la totalité de l'énergie dont on a besoin en solaire et sera quasi-autonome en eau puisque nous recyclerons nos propres eaux grises et eaux pluviales. Nous passerons de 160 à 320 m2 de bureaux et de 600 à 1 400 m2 pour la production. »

Objectif : doubler le nombre d'unités industrielles produites chaque année pour monter à une moyenne de 80.

Soutien différencié entre grands groupes et PME

Alors que la crise sanitaire bat encore son plein, le CEO se veut rassurant : « Aucune commande n'a été annulée et nos clients n'ont pas réduit la voilure de leurs projets, mais on observe toutefois certains reports, en raison du retard de certains chantiers, ou parce que dans leur budget d'investissement, il y a des délais et des priorisations qui les conduisent à décaler nos équipements. Il ne s'agit donc pas d'un problème d'activité mais de trésorerie... Nous avons pris le PGE (prêt garanti par l'État, NDLR) mais de façon modérée. L'autre défi auquel nous faisons face, c'est celui des ressources humaines. Nous avons mis très peu de monde en chômage partiel - 7 sur près de 50 salariés - mais nous étions en pleine croissance et donc en pleine restructuration. Or le télétravail ne permet pas tout et nous a fait perdre de la productivité, un plus de 30 %. Au final, en 2020, nous aurons quand même livré plus qu'en 2019, pour un chiffre d'affaires de 4,5 à 5 M€, mais la progression mais en-deçà de ce qui était prévu. Et nous serons probablement mis en difficulté sur le résultat ».

Pour passer le cap de la crise sanitaire, Emmanuel Trouvé ne reste pas sans rien faire.

« Je veux accentuer le dialogue avec les pouvoirs publics - la Région, la Communauté de communes, l'État - pour demander une prolongation du dispositif "Jeune entreprise innovante" (conférant un certain nombre d'exonérations fiscales et sociales aux PME qui engagent des dépenses de recherche et développement représentant au moins 15 % de leurs charges, NDLR). Je voudrais également que certaines dispositions de soutien à la trésorerie soient mises en œuvre de manière différenciée entre grands groupes et PME. Ainsi, j'attends encore la dotation du Crédit d'impôt recherche 2019, ce qui est plus dommageable pour une PME que pour un grand groupe ! On pourrait y laisser des plumes, notamment en R&D. »

Arrosage, espaces aquatiques ou bâtiment

Nereus propose plusieurs gammes d'unités de recyclage, des plus petits systèmes pour 20 habitations, jusqu'aux plus gros pour des industriels ou des collectivités. Connectés, ces équipements contiennent de plus en plus d'intelligence artificielle.

« Aujourd'hui, autorisation est donnée pour utiliser les eaux recyclées pour l'arrosage, souligne Emmanuel Trouvé. L'usage pour les espaces aquatiques comme les piscines présente encore une barrière psychologique. Dans les bâtiments, la publication d'une norme européenne, non contraignante, sur la mise en œuvre du recyclage d'eaux grises et eaux pluviales pour laver du linge, apporter un appoint de chaudière ou faire de l'irrigation-arrosage est une avancée majeure, et nous sommes prêts pour la décliner. Nous travaillons déjà en phase amont sur certains projets. »

Le dirigeant annonce la livraison imminente d'unités de taille moyenne sur un site de déconditionnement de biodéchets en Île-de-France et sur un site de lavage de verre à recycler à Albi, « deux sites qui deviendront des vitrines pour nous ».

Le marché de l'hôtellerie de plein air

Nereus a mis un pied dans l'hôtellerie de plein air en 2018 et son dispositif vient de vivre sa 3e saison dans un camping de Vias, « où 100 % de leurs besoins en arrosage sont couverts par des eaux recyclées », précise Emmanuel Trouvé, qui indique qu'aujourd'hui, d'autres campings ou résidences de tourisme sont aussi intéressés.

« Nous essayons de travailler aussi de plus en plus avec l'Agence régionale de santé et les autorités sanitaires pour qu'elles réalisent qu'il y a possibilité de garder un niveau de confort, y compris en plein été, sans puiser dans les ressources naturelles. D'autant qu'on a plusieurs membranes qui barrent la route à un virus comme le coronavirus. »

Après avoir ouvert une antenne en Bretagne il y a deux ans et demi, avec un laboratoire commun avec l'INRAE de Rennes, Nereus a ouvert en 2018 une antenne à Toulouse (2 personnes) et en 2019 une antenne (6 personnes) dans la région de Nancy où la densité d'unités biogaz est importante. Une 4e pourrait ouvrir prochainement en Île-de-France.

Selon Emmanuel Trouvé, l'entreprise pourrait bientôt franchir le seuil des 50 salariés...

Cécile Chaigneau

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