Pourquoi Mitjavila n’investit plus en France mais au Portugal…

ENTRETIEN - Spécialisé dans la protection solaire, le groupe Mitjavila, implanté dans les Pyrénées-Orientales et les Hautes-Pyrénées, poursuit sa stratégie de croissance en investissant à l’étranger et en diversifiant son offre.
Mitjavila, spécialiste de la protection solaire dans les Pyrénées-Orientales, emploie 700 personnes (dont 330 en France) et a réalisé en 2020 un chiffre d'affaires de 85 millions d'euros.
Mitjavila, spécialiste de la protection solaire dans les Pyrénées-Orientales, emploie 700 personnes (dont 330 en France) et a réalisé en 2020 un chiffre d'affaires de 85 millions d'euros. (Crédits : Mitjavila)

Nul n'est prophète en son pays... Raymond Mitjavila, fondateur et dirigeant du groupe Mitjavila spécialisé dans la protection solaire (stores et abris solaires), cesse d'investir en France.  Fondé en 1970, le groupe basé à Rivesaltes (66) et Pierrefitte-Nestalas (65), compte également des implantations en Espagne, au Portugal, aux États-Unis, au Canada, dans les Caraïbes et au Chili. Il emploie 700 personnes (330 en France) et a réalisé en 2020 un chiffre d'affaires de 85 millions d'euros, dont 41 millions d'euros en France.

LA TRIBUNE - Face à la crise sanitaire, comment votre groupe, fortement implanté à l'international, a-t-il réagi ?

Raymond Mitjavila - Le premier confinement nous a durement impactés. Le site de Rivesaltes est resté fermé pendant plus de trois semaines. En mars et avril 2020, les ventes se sont effondrées, et nous avons enregistré une baisse de 45% d'activité. Puis la reprise s'est opérée par atelier. Nous avons réactivé les réseaux et réussi à compenser la baisse par de la vente sur internet mais aussi dans les grandes surfaces qui ont connu un surcroît d'activité. Finalement, nous avons clôturé l'année 2020 à 85 millions d'euros, un chiffre stable par rapport à 2019.

Votre stratégie d'implantations à l'international a démarré en 1983 avec une activité de fonderie à Villamalla, en Espagne, et aujourd'hui, vous dites cesser les investissements en France. Pourquoi ?

Au départ, nous nous sommes développés sur d'autres marchés que la France en raison d'importants droits de douanes. Par la suite, nous nous sommes organisés pour améliorer les interactions entre les chaînes de production. Grâce à nos outils et à notre savoir-faire, nous maîtrisons désormais toutes les étapes du procédé de fabrication, depuis la conception, la production, la mécanisation, jusqu'au traitement de surface et l'assemblage de composants de visserie. Aujourd'hui, nous produisons 85% de ce que nous vendons. Mais nous avons dû cesser d'investir sur les sites français pour des raisons purement administratives. Dès 2008, j'ai eu le projet de monter une usine de fonderie de billettes à Soulom, dans les Hautes-Pyrénées. Je souhaitais transformer les 80 tonnes de chutes d'aluminium que nous avons chaque mois. Nous avions le soutien du Conseil départemental et de la Région mais la direction du travail s'y est opposée. A croire que les entreprises ne sont plus maîtres de leur investissement ! L'administration est une aberration totale. Rien que sur l'année 2020, j'ai subi quinze contrôles ! Et chaque administration a son contrôleur. Tous se cumulent, je pense mon temps à me justifier. Au Portugal, en Espagne ou en Italie tout est beaucoup plus souple. J'ai même déménagé le siège social du groupe à Pierrefitte-Nestalas en 2019 (le siège administratif est toujours à Rivesaltes, NDLR) mais cela n'a rien changé. En France, il vaut mieux être importateur qu'industriel !

Qu'est devenu ce projet de fonderie ?

Je l'ai laissé tomber ici, mais le projet est en voie de concrétisation au Portugal, pays qui m'encourage à le faire. J'ai fait l'acquisition d'un terrain de 30.000 m2 en vue d'implanter trois sites : une usine de filage extrusion, une usine de traitement de surface et la fonderie de billettes. C'est un investissement de 12 à 14 millions d'euros, en partenariat avec l'administration portugaise qui devrait participer à hauteur de 25 à 45% du projet. Les travaux devraient démarrer à la fin de l'année. A la clé, ce seront 40 à 60 emplois.

Quelles sont les perspectives de croissance de Mitjavila à court et moyen terme ?

Clairement, nous allons poursuivre nos efforts de diversification des produits. Aux protections solaires, nous avons rajouté des activités portant sur les clôtures, les portails et portillons pour maisons individuelles. Nous proposons aux grandes surfaces de bricolage des produits en kits, faciles à monter et destinés notamment aux particuliers. Même nos pergolas à lame se montent facilement ! A ce jour, le catalogue propose une cinquantaine de modèles et nous allons donc élargir la gamme. Côté distribution, la vente en ligne, notamment via les marketplaces (CD Discount, Amazon, etc., NDLR) connaît un bel essor que nous allons poursuivre. Nous visons les 90 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2021.

Avez-vous d'autres investissements en vue ?

La société investit en moyenne 1 million d'euros par an pour avoir un outil de production performant. Nous avons récemment doublé l'usine d'assemblage guadeloupéenne ainsi que celle de Madrid. J'ai toujours le projet de faire un show room de 1.000 m2 à Rivesaltes de façon à présenter l'ensemble de notre gamme - un investissement de 500.000 euros - mais je suis toujours en attente du permis de construire... Si c'était à refaire, jamais je n'installerais mon entreprise dans les Pyrénées-Orientales !

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