Club de l'éco : pourquoi la ville est intimement liée aux entreprises

En ouverture du 31e Salon de l’immobilier de Montpellier, le 16 mars, La Tribune/Objectif Languedoc-Roussillon organisait un débat sur le sujet « Du fait urbain au fait économique ». Collectivité et start-ups étaient autour de la table.
Cécile Chaigneau
N. El Ouachmi (Burostation), M. Lalande (Idéalys), K. Vidic (codev 3M), C. Perez (SERM SA3M), A. Aamarcha (Gogowego), A. Rey (La Tribune)
N. El Ouachmi (Burostation), M. Lalande (Idéalys), K. Vidic (codev 3M), C. Perez (SERM SA3M), A. Aamarcha (Gogowego), A. Rey (La Tribune) (Crédits : Christine Caville)

Le mois de mars est le moment de l'année où les métropoles peuvent afficher leurs projets et innovations urbaines. À peine rentrés du MIPIM (Marché des professionnels de l'immobilier) à Cannes, Chantal Marion, vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole (M3M) en charge du développement économique et de l'urbanisme, et Christophe Pérez, directeur général de la SERM-SA3M, étaient présents sur le Salon de l'immobilier de Montpellier qui ouvrait ses portes le 15 mars.

Ils ont lancé le débat, organisé par La Tribune/Objectif Languedoc-Roussillon en ouverture du salon, sur la thématique « Du fait urbain au fait économique : comment l'écosystème montpelliérain favorise-t-il l'implantation des entreprises ? ».

Après avoir rappelé les records battus, sur l'année 2017, en matière d'immobilier d'entreprise (90 000 m2 de transactions) et de production de logements, Christophe Pérez souligne :

« Au MIPIM, nous avons eu la visite du ministre Jacques Mézard (ministre de la Cohésion des territoires, NDLR), venu sur notre stand spécialement pour voir ce que nous faisons à Montpellier. Il est intéressé par notre modèle de développement qui tient beaucoup sur celui de la French Tech : un tissu économique fort de start-ups qui agitent le monde économique et la ville... L'aménagement urbain, fabriquer la ville, c'est le temps long,  très long... Il faut bien une vingtaine d'années pour faire un quartier. Mais on construit pour cent ans. »

À la croisée de ses deux délégations de vice-présidente de la Métropole, Chantal Marion rappelle un impératif : « Il faut créer des logements mais il faut aussi qu'il y ait des entreprises et de l'emploi ».

Vertus du collaboratif

Raison pour laquelle la Métropole se préoccupe d'offrir les meilleures conditions d'installation aux entreprises. Par exemple en les rassemblant par secteurs d'activité comme les industries culturelles et créatives sur l'ex-EAI ou les entreprises du numériques sur le futur quartier Cambacérès.

« À Montpellier, les entreprises sont dans la ville, c'est un des moteurs de développement », ajoute Christophe Pérez.

« Les entreprises ont besoin de travailler de manière collaborative avec leur écosystème, acquiesce Katia Vidic, présidente du Conseil de développement de M3M. Le coworking par exemple permet de se mélanger, de trouver des compétences qu'on n'a pas en interne, et d'accélérer les entreprises. »

C'est ainsi à Montpellier que Nordine El Ouachmi a fondé Bureaux & Co, gestionnaire d'espaces collaboratifs. Il y a déjà développé deux sites (Parc 2000 et Millénaire), soit 3 500 m2. Par ailleurs, la start-up BuroStation, émanation de Bureaux & Co incubée au BIC et à Station F (Paris), propose du matching d'espaces de travail (par exemple sur le secteur médical ou le regroupement d'artisans), répondant ainsi à des demandes et des problématiques de petites surfaces, moins traitées par les autres acteurs de l'immobilier d'entreprise.

Immeubles et parkings connectés

« La nouvelle façon de voir la ville, ce sont les usages, c'est s'occuper de comment les gens vivent et vivront demain, observe Christophe Pérez. Il faut répondre aux usages des habitants, qui évoluent très vite. Cela signifie que nous devons faire preuve de beaucoup d'agilité, une agilité que l'on trouve dans les entreprises. »

La start-up Idéalys, cofondée par Michaël Lalande, répond en partie à ces besoins, en proposant un portail d'application de services résidentiels, mais aussi un logiciel de gestion de parking partagé, dit aussi « foisonné ». Le mécanisme permet de récupérer une place de parking initialement destinée à l'occupant d'un logement dès lors qu'elle est libre, pour les salariés des bureaux voisins ou les clients des commerces.

« Les parkings foisonnés correspondent aux usages participatifs d'aujourd'hui, comme les espaces de travail partagés, les services communs, les jardins partagés, etc., souligne le dirigeant d'Idéalys, missionné par la SERM pour l'accompagner sur les futurs projets de parkings partagés. C'est l'une des briques importantes de la smart-city. »

« A l'avenir, on ne sera plus propriétaire d'une place mais d'un usage », confirme Christophe Pérez.

Chatbot des villes

En matière d'usages, la start-up toulousaine Gogowego, cofondée par Antoine Aamarcha et Émilie Giraudo, a développé une application qui propose un assistant virtuel destiné à valoriser les services d'une ville (en utilisant des données de l'open data) via un chatbot répondant aux questions des habitants. Il peut renseigner sur les transports publics, les déchets, des démarches administratives, etc.

« Nous avons amené l'intelligence artificielle dans les villes, explique Antoine Aamarcha, P-dg de Gogowego. Nous permettons à chacun de dialoguer avec sa ville pour mieux accéder aux services, et à la Ville de comprendre les usages. »

Naissance de la PropTech

Ces start-ups innovantes pour le secteur de l'immobilier s'étaient invitées, pour la première fois, sur le salon de l'immobilier de Montpellier via le « village des start-ups ».

L'occasion d'officialiser la création du réseau thématique de la PropTech (pour properties technology), rassemblant une quinzaine d'entreprises innovantes dans le secteur de l'immobilier. Le premier du genre en France.

« Nous rassemblons de plus en plus les entreprises par activités, et les start-up qui travaillent sur l'immobilier, qui n'étaient pas rassemblées, ont eu l'idée de créer ce réseau, déclare Chantal Marion. Il ne faut plus travailler en silo, c'est démodé ! »

Michaël Lalande, l'un des initiateurs, renchérit : « Dans les grandes capitales, ce sont plutôt les grands groupes qui créent des accélérateurs, des incubateurs, et appellent les start-ups. Ici on fait l'inverse, et c'est nous qui irons voir les grands groupes ».

Cécile Chaigneau

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