Industrie, bâtiment : comment Bulane confirme son avance sur l’hydrogène

Bulane figure parmi les entreprises françaises et européennes clairement identifiées sur le créneau de l’hydrogène. Alors que la France passe à l’heure de l’hydrogène et se donne les moyens d’accélérer sur cette énergie, la cleantech héraultaise confirme ses avancées technologiques sur les secteurs de l’industrie et du bâtiment. Et prépare une levée de fonds de 5 à 7 M€.
Cécile Chaigneau
Après son premier marché, celui de l'industrie, la cleantech Bulane avance sur l'application de sa technologie hydrogène sur la décarbonation du chauffage domestique.
Après son premier marché, celui de l'industrie, la cleantech Bulane avance sur l'application de sa technologie hydrogène sur la décarbonation du chauffage domestique. (Crédits : Bulane)

En ce mois d'octobre, la cleantech héraultaise Bulane, inventeur de la flamme industrielle propre à base d'hydrogène, célèbre deux étapes importantes.

La première, c'est celle du 1 000e électrolyseurs hydrogène Dyomix (flamme de chalumeau haute température produite par électrolyse) qui sort de ses chaînes de production à destination du marché industriel et du marché nomade des professionnels du génie climatique et des artisans.

« Dans la filière hydrogène, nous ne sommes pas nombreux en France, à l'heure où le pays lance son Plan Hydrogène (2 Mds € pour l'hydrogène sur 2020-2022 et plus de 7 Mds € d'ici 2030, NDLR) à avoir cette expérience, se réjouit Nicolas Jerez, cofondateur et dirigeant de Bulane à Fabrègues, près de Montpellier. Hors de question qu'on perde notre avance ! »

Et pour ne pas perdre cette avance, le dirigeant a officialisé le lancement d'une levée de fonds de 5 à 7 M€ en septembre dernier, lors de l'événement Montpellier Capital Risque : « L'hydrogène fait partie des technologies souveraines pour l'indépendance énergétique de la France, avec l'intention de soutenir une vraie filière industrielle française, et les politiques européens veulent faire de l'hydrogène un atout de la décarbonation dans les secteurs de l'industrie et du bâtiment surtout. Notre technologie est au point mais nous allons devoir changer de dimension, d'où cette levée de fonds ».

De plus en plus d'applications industrielles

L'opération devrait être bouclée d'ici un an. Nicolas Jerez annonce trois objectifs stratégiques. Pour développer les marchés de l'industrie où Bulane est déjà présente (2,2 M de chiffres d'affaires en 2019), l'entreprise aura tout d'abord besoin de renforcer ses forces de vente. D'autant que la cleantech va viser de plus en plus d'applications industrielles (partout où il y a une flamme) et ainsi décarboner d'autres procédés industriels.

« Côté production, nous avons déjà organisé la supply-chain et nous pouvons monter entre 2 500 et 3 000 électrolyseurs par an, assure Nicolas Jerez. Nous voulons aussi développer le grand export, notamment les États-Unis et le Canada. Aujourd'hui, nous réalisons un peu plus de 50 % de notre chiffre d'affaires à l'export, mais surtout en Europe qui représente seulement 1/3 du marché mondial. »

Deuxième axe stratégique, structurer l'entreprise à Montpellier : « On reste une petite équipe - 15 personnes aujourd'hui - et il faut staffer un comité de direction, le bureau d'études et la partie industrielle. Nous devrions lancer les recrutements l'été prochain pour la création d'une vingtaine d'emplois sur le site ».

Enfin, le dirigeant veut poursuivre les efforts de R&D, notamment sur le projet d'hybridation des chaudières pour décarboner la chaleur domestique des bâtiments.

Hybrider les chaudières : la preuve de concept est faite

Et c'est là la 2e étape majeure franchie par Bulane. En octobre 2019, la cleantech lançait un programme de R&D avec l'Institut de mécanique des fluides de Toulouse (IMFT) en vue d'adresser ce nouveau marché. L'idée : plugger la technologie Dyomix de Bulane sur les chaudières existant pour produire de l'hydrogène et ainsi décarboner la combustion.

Un an plus tard, Nicolas Jerez l'affirme : « Les résultats sont très probants et prometteurs. Nous avons structuré l'équipe et, malgré le Covid, nous avons avancé. Nous avons implémenté les 1e briques technologiques entre elles. La preuve de concept est faite, nous sommes capables d'hybrider une chaudière commerciale, et nous avons identifié les familles de chaudières compatibles. Maintenant, il faut acquérir de l'expérience en faisant tourner ce dispositif pour ensuite entrer dans la partie développement et en faire un projet commercial... Nous avons ouvert ce projet LP2H Chaudières à tout l'écosystème du marché de la chaudière : les énergéticiens, les acteurs de la supply-chain des gaz, les équipementiers, de façon à ce que le plugging puisse être co-développé avec eux et que le concept soit un avantage concurrentiel pour tous. L'enjeu est très fort... ».

Et le dirigeant, qui rappelle les ambitions du plan Hydrogène, souligne que derrière le projet d'hybridation des chaudières se déploiera « une giga-factory en France » pour une production massive d'électrolyseurs hydrogène.

« En produisant en masse, les coûts baisseront et c'est ce qui nous permettra de protéger notre technologie face à des technologies asiatiques », conclut-il, confiant.

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.