Agrivoltaïsme dynamique : premiers résultats encourageants sur le site pilote de Nidolères

L'agrivoltaïsme dynamique est-il une solution face au réchauffement climatique pour la viticulture ? La Chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales a présenté, le 14 octobre dans le cadre de l'événement Innov'Action, un retour sur expérience au domaine de Nidolères, à Tresserre. Les premières vendanges viennent de s'y dérouler, quatre ans après la plantation de vignes sous les panneaux solaires.
En 2018, le domaine de Nidolères, à Tresserre (66), et la société Sun Agri ont installé 4,5 hectares de structures agri-photovoltaïques dynamiques sous lesquelles ont été plantées des vignes.
En 2018, le domaine de Nidolères, à Tresserre (66), et la société Sun Agri ont installé 4,5 hectares de structures agri-photovoltaïques dynamiques sous lesquelles ont été plantées des vignes. (Crédits : DR)

En 2018, le domaine de Nidolères, à Tresserre près de Perpignan (66), et la société Sun Agri inauguraient un projet pilote, unique au monde : l'installation de 4,5 hectares de structures agri-photovoltaïques dynamiques (AVD), c'est à dire à l'orientation modifiable et programmable. Sous ce vaste champ solaire, installé suffisamment haut pour laisser passer les tracteurs, plusieurs cépages étaient plantés.

A côté, une parcelle témoin de 3 hectares devait permettre à la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales d'évaluer, année après année, l'impact de l'installation sur la production des vignes et leur micro-climat.

« On atteint aujourd'hui les 34, 35 à 36 degrés presque chaque été, ce qu'on ne connaissait pas auparavant », expliquait alors le propriétaire du domaine de Nidolères, Pierre Escudié.

Le concept de l'AVD est d'obtenir des gains multiples, en permettant la production d'énergie renouvelable, en offrant à l'agriculture une ressource financière, mais aussi en limitant les effets du changement climatique sur la phénologie de la plante et la qualité du vin grâce à cette ombrière géante et orientable selon la météo et les besoins de la vigne.

Moins d'alcool, plus d'acidité

Alors que les premières vendanges viennent d'être réalisées, la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales a présenté un premier bilan de suivi agronomique le 14 octobre, dans le cadre des journées dédiées à l'innovation en agriculture Innov'action.

Concernant la vie de la plante, « nous avons constaté que le cycle végétatif sous AVD est plus long, d' un à trois jours, et la maturité est plus tardive, à sept à dix jours », explique Julien Thiery, chef du service viticulture.

Concernant l'effet d'atténuation des excès de chaleur, le résultat est non négligeable : « Lors du coup de chaud du 28 juin 2019, nous avons constaté qu'il faisait jusqu'à 4° de moins à l'ombre sous les panneaux » précise-t-il.

A l'inverse, lors du gel du 6 janvier 2021, la Chambre d'agriculture a relevé jusqu'à 4° de plus sous les panneaux, et jusqu'à 2,5° de plus lors du violent épisode de gel du 8 avril 2021.

« En termes de lutte contre la sécheresseon constate un meilleur statut hydrique sous les panneaux, avec des variations selon les cépages », ajoute Julien Thiery.

Quant aux effets sur la récolte, les rendements sont très contrastés selon les cépages. Une tendance à la baisse globale du niveau alcoolique des moûts de 1° a été constatée, et une hausse de l'acidité d'environ 0,5g. Autant d'éléments encourageants quant à la qualité attendue de cette première cuvée, mais cette première année de vendanges reste insuffisante pour dégager des résultats fiables.

Des vignerons dans les starting-blocks

Alors que de nombreux dossiers d'agrivoltaïsme, et notamment d'agrivoltaïsme dynamique, arrivent sur la table pour avis consultatif à la Chambre d'agriculture, Julien Thiery se veut positif mais prudent.

« Ces premiers résultats sont prometteurs, mais il y a encore beaucoup de suivis à réaliser pour dégager un avis sur chaque technologie, pour vérifier les bénéfices agronomiques et pour affiner les algorithmes de pilotage des structures dynamiques », conclut-il.

Ce type d'installations n'a, a priori, pas vocation à pousser partout et conviendrait de préférence à des modèles de production à hauts rendements, avec mécanisation de la récolte, irrigation, taille mécanique, etc., pour des vignobles en IGP ou sans indication géographique.

Concernant la possibilité d'implantations en AOP, « des démarches doivent être entreprises avec l'INAO » signale-t-il.

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