Le ministre Jean-Noël Barrot veut booster l’entrepreneuriat dans les milieux défavorisés et nomme Blaise Matuidi "ambassadeur"

Il est venu présenter les 224 lauréats de la promotion 2023 du programme French Tech Tremplin « Incubation » à Montpellier, au sein de la Halle de l’innovation. Jean-Noël Barrot, le ministre délégué en charge du Numérique, s’est fait porte-voix de l’action gouvernementale en faveur des publics les plus éloignés de l’entrepreneuriat, avec quelques annonces à la clés.
Cécile Chaigneau
Jean-Noël Barrot, le ministre délégué en charge du Numérique, était en déplacement le 15 décembre à Montpellier pour dévoiler la liste des 224 lauréats de la phase Incubation 2023 du programme French Tech Tremplin.
Jean-Noël Barrot, le ministre délégué en charge du Numérique, était en déplacement le 15 décembre à Montpellier pour dévoiler la liste des 224 lauréats de la phase Incubation 2023 du programme French Tech Tremplin. (Crédits : Cécile Chaigneau)

« Il y a dix ans, nous avons fait le pari de changer d'échelle et de rouvrir une voie d'accès à la réussite professionnelle, quel que soit le lieu où les personnes ont grandi, leur genre ou nom de famille : ça a donné la French Tech et en dix ans, on a montré que la France pouvait être une "startup nation", rappelle Jean-Noël Barrot en déplacement à la Halle de l'Innovation de Montpellier ce 15 décembre. Mais la French Tech n'a jamais été réservée à une élite parisienne : il s'agit d'un tremplin pour tous les Français. D'où le programme French Tech Tremplin qui a vocation à accompagner des porteurs de projets et des entrepreneurs, notamment dans les zones de revitalisation rurale ou dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV, ndlr). »

Lancé en 2019, le programme French Tech Tremplin* promeut l'égalité des chances et accompagne les porteurs de projets (volet Prépa) et les entrepreneurs (volet Incubation) issus de milieux sous-représentés dans l'écosystème tech français (habitants des quartiers prioritaires, bénéficiaires des minimas sociaux, réfugiés, étudiants boursiers) pour développer leur projet entrepreneurial. Selon le ministre, « 2.000 entrepreneurs ont été accompagnés, dont 90% sont encore en activité aujourd'hui, et 90% ont créé un emploi dès la première année ».

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« L'esprit de cordée »

En 2023, ce sont 547 lauréats qui ont été sélectionnés, dont les 224 sur le volet Incubation (dont 30 en Occitanie) que Jean-Noël Barrot est venu annoncer à Montpellier. Un déplacement qu'il justifie par « un écosystème de la tech qui y est très dynamique, mais aussi pour Nordine El Ouachmi, président de la French Tech Méditerranée (et fondateur de Bureaux & Co, spécialisée dans le coworking, NDLR), dont le parcours incarne notre vision du grand mouvement d'entrepreneurs qui s'est levé il y à dix ans, et qui anime aujourd'hui la French Tech Méditerranée avec cet esprit de cordée ».

« Sur les 224 lauréats, 1/3 sont des femmes, 50% sont issus de zones de revitalisation rurale ou de quartiers prioritaires, 80% sont extérieurs à la région parisienne », énonce-t-il.

Les secteurs d'activités les plus représentés sont la Greentech (16%), la HealthTech (11%), la FinTech (11%) et la EdTech (9%).

Le ministre était accompagné de Clara Chappaz, directrice de la Mission French Tech. La jeune femme souligne « les histoires derrière chaque lauréat ».

« Il y a Héloïse qui avait observé que pour certaines personnes âgées isolées, faire ses courses dans les supermarchés est un moment de sociabilité, et qui a créé "Les compagnons d'emplettes" qui permettent à des étudiants d'accompagner ces personnes âgées, raconte-t-elle. Ou Anastasia, accompagnée par la French Tech du Grand Paris, dont le projet avait démarré en Ukraine, avant la guerre, et qui a osé le relancer en France avec l'ambition de développer des matériaux durables pour fabriquer des packagings réutilisables... Ou encore Marine, styliste pendant treize ans, qui s'est d'abord investie dans une association de protection des océans et a vu qu'il y avait quelque chose à faire des filets de pêche usagés. Depuis, elle a créé SAO Textile à Bessan. »

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Blaise Matuidi, ambassadeur

Pour faire tomber les barrières à l'entrepreneuriat qui perdurent, le ministre veut croire qu'une figure populaire sera un porte-étendard idéal de l'action gouvernementale. Une annonce qu'il a faite ce 15 décembre à Montpellier.

« L'enjeu est de faire davantage connaître ce programme French Tech Tremplin dans les zone éloignées des grands centres urbains, c'est une question de justice sociale et territoriale, déclare Jean-Noël Barrot. Les lauréats seront des ambassadeurs mais nous avons aussi décidé de désigner un ambassadeur national du French Tech Tremplin : Blaise Matuidi, ancien champion du monde 2018 de football. »

L'ancien joueur de foot, âgé de 36 ans aujourd'hui, avait annoncé la fin de sa carrière en décembre 2022. « Fasciné par la tech », il a créé le fonds d'investissement Origins (avec Salomon Aiach et Ilan Abehassera) en 2022, aux Etats-Unis. Le joueur avait fait partie de la soixantaine de sportifs en activité ou retraités ayant signé un appel à voter Emmanuel Macron durant l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle de 2017...

« Ce n'est pas que du marketing, ajoute Clara Chappaz. Nous avons besoin d'identifier les entrepreneurs dans les territoires, donc de rendre visible le programme pour toucher tous ceux qui n'osent pas se lancer. Blaise Matuidi, dont le parcours démontre qu'il faut parfois savoir surmonter des obstacles, en inspirera certains. »

Le ministre en charge du Numérique rappelle également qu'en janvier prochain, suite à un appel à candidature lancé cet automne, une des 16 Capitales French Tech sera désignée « Capitale French Tech de l'année », déclenchant durant un an la venue d'investisseurs, historiquement concentrés surtout en région parisienne, sur son territoire pour y rencontrer les startups.

Coup de pouce

Le programme French Tech Tremplin a-t-il, depuis sa création en 2019, favorisé la diversité et l'inclusion dans l'entrepreneuriat ? Selon Clara Chappaz, « 76% des créateurs d'entreprises en France ont fait une grande école et moins de 9% des entreprises sont cofondées par des femmes. On est loin des objectifs... French Tech Tremplin, ça marche mais seulement 30% des lauréats sont des femmes, ce n'est pas assez... Depuis un an, on demande aux entreprises du French Tech Next40 et French Tech 120 de montrer l'exemple et de s'engager sur la parité ».

Jean-Noël Barrot évoque le plan « Quartier 2030 », dont l'objectif est de construire des quartiers plus sûrs et de favoriser l'emploi. Le gouvernement a annoncé le lancement du programme "Entrepreneuriat Quartiers 2030" lors du Comité interministériel des villes le 27 octobre dernier.

« L'entrepreneuriat peut être un formidable tremplin, et le programme "Entrepreneuriat Quartiers 2030" est un coup de pouce dont la France a tout à gagner, déclare-t-il. Avec son programme "L'entrepreneuriat pour tous", Bpifrance a permis la création de 13.500 entreprises et a accéléré 2.500 projets dans tous secteurs d'activité... L'objectif maintenant est de sensibiliser 500.000 personnes et de financer 100.000 projets avec de nouveaux outils, en complément du French Tech Tremplin dans la tech. »

Le BIC à la Mosson

Michaël Delafosse, le président de Montpellier Méditerranée Métropole qui administre notamment le BIC (Business Innovation Center), un incubateur largement reconnu sur la planète des incubateurs (il se range chaque année entre la 2e et la 5e place mondiale), se félicite de la démarche qui s'inscrit dans une stratégie qu'il a toujours défendue : « Il faut par tous les moyens abaisser le seuil d'accès à l'innovation. Il ne suffit pas de faire une grande école pour créer une entreprise ! Il faut casser les barrières mentales, les plafonds de verre. A Montpellier, nous avons 12 QPV, où il y a beaucoup d'énergie et de gens qui aspirent à faire, et à bien faire ! On fait de l'ANRU mais le défi de la création d'emploi fait partie de l'ANRU. Le BIC ouvrira une antenne dans le quartier de la Mosson en 2024 pour que les futures licornes soient aussi incubées dans les quartiers ». Une intention qu'il avait déjà évoquée à l'été 2021...

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* Les lauréats bénéficieront, à partir de janvier 2024, d'un accompagnement de six mois pour développer leur startup grâce à un financement (22.900 euros maximum selon le dimensionnement du projet et le financement d'un an d'incubation d'une valeur de 12.000 euros maximum), du mentorat et un suivi de la Mission French Tech.

Cécile Chaigneau

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Commentaires 2
à écrit le 17/12/2023 à 11:58
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Je lisais dernièrement sur ce même site que les fonds d'investissement changeaient de regard avant de s'engager dans des start up , jusqu'à une date récente ils s'en tenaient uniquement à l'aspect innovation alors que dorénavant ils vont évaluer les ...

à écrit le 15/12/2023 à 19:58
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Entreprenariat. Avant de se lancer il faut déjà maitriser son domaine de compétence soit entre la formation et une première expérience professionnelle 8 à 10 ans , se constituer un pécule de départ indispensable , la prise de risque étant le propr...

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