Medesis Pharma a-t-elle trouvé une nouvelle piste pour traiter le Covid-19 ?

La course engagée dans la recherche d’un traitement contre le Covid-19 est effrénée. L’entreprise héraultaise Medesis Pharma, société de biotechnologie pharmaceutique, cherche les moyens de financer rapidement les études cliniques sur un nouveau médicament qui pourrait traiter les formes graves de pneumonie et les insuffisances respiratoires observées dans le Covid-19. Entretien avec son dirigeant, Jean-Claude Maurel.
Cécile Chaigneau
(Crédits : Reuters)

Quels sont les domaines de compétences de Medesis Pharma* ?

« Medesis Pharma est une société de biotechnologie pharmaceutique dont les produits et programmes en développement sont basés sur une technologie d'administration de médicaments qui permet, après une administration buccale, un transport plasmatique protégé et un delivery intracellulaire d'actifs pharmaceutiques hydrosolubles. Nous sommes surtout connus sur la maladie d'Alzheimer, mais pas, aujourd'hui, sur les maladies infectieuses. »

Quelles sont les observations préalables sur lesquelles vous appuyez votre postulat de base pour élaborer un traitement du Covid-19 ?

« Des publications récentes mettent en évidence, lors d'autopsie de malades du Covid-19, une inflammation majeure du tissu pulmonaire. Ces lésions sont dues dans un premier temps au virus, puis dans un deuxième temps à la réaction auto-immune en réponse à l'infection virale. Il apparait que cette réaction excessive du système immunitaire conduit à une inflammation majeure des poumons, mais aussi souvent du tube digestif et de la moelle osseuse. Or on peut noter une analogie des lésions pulmonaires observées dans le covid-19 avec les lésions pulmonaires induites par une irradiation nucléaire. La similitude observée autorise la très vraisemblable hypothèse que le produit NanoManganese, que nous avons développé, peut permettre de traiter et prévenir les formes graves de pneumonie et les insuffisances respiratoires observées dans le Covid-19 en restaurant l'activité MnSOD intracellulaire. »

Qu'est-ce que le Nanomanganese ?

« Le manganèse est le libérateur des mécanismes d'agression aigüe intracellulaire, c'est une nouvelle piste dans le traitement du Covid-19... Medesis Pharma a développé un médicament - le NP02-NanoManganese - pour le traitement des personnes irradiées après un accident nucléaire civil ou militaire. Les études précliniques ont été menées en collaboration avec l'Institut de Recherche Biomédicale des Armées en France. Une série d'études ont été menées sur des animaux irradiés, avec des résultats très favorables. Pour l'enregistrement du médicament, nous devons encore faire des tests de tolérance du produit sur des volontaires sains, mais nous avons déjà la confirmation de sa non-toxicité. »

Quels sont vos besoins pour réaliser l'étude clinique sur ce produit ?

« L'étude doit être menée durant 10 à 15 jours dans deux, trois ou quatre CHU, sur une centaine de patients présentant des formes modérées à graves du Covid-19. Elle pourrait débuter quatre semaines après l'obtention d'un intérêt des structures concernées au niveau de l'État, avec un financement de 2 M€. Aujourd'hui, nous cherchons à être visibles de ces structures... Le Pr Raoult (qui dirige à Marseille l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, NDLR) fait beaucoup de bruit avec la chloroquine, mais le produit a de nombreux effets secondaires. J'ai envoyé les éléments sur lesquels nous avons travaillé au Pr Yazdan Yazdanpanah (chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Bichat à Paris et coordinateur d'un essai clinique en Europe sur la hydroxychloroquine, également directeur de l'Institut thématique immunologie, inflammation, infectiologie et microbiologie de l'Inserm, et expert auprès de l'Organisation mondiale de la santé - NDLR) et il m'a permis de participer à une réunion, lundi dernier, mais elle portait uniquement sur les moyens de diagnostic... J'attends donc encore un retour de sa part. J'ai également contacté le député gardois Philippe Berta (par ailleurs professeur des universités en biologie, génétique, biochimie, biotechnologie, NDLR), que je connais depuis longtemps, qui m'a dit qu'il avait transmis immédiatement (contacté, le député confirme en effet qu'il a transmis les éléments au cabinet du ministre de la Santé Olivier Veran, NDLR). »

Quels seraient les atouts d'un tel traitement si son efficacité était prouvée par l'étude clinique ?

« Tout d'abord l'absence de toxicité de l'actif utilisé, qui est disponible en quantité permettant de passer très rapidement à une phase industrielle : les excipients de la microémulsion sont disponibles et nous préparons le plan clinique avec une CRO (en français : société de recherche contractuelle, NDLR) clinique avec EXCELIA Groupe, ITEC Services. Ensuite, on peut miser sur une relative facilité de mise en œuvre, tous les composants du produit étant disponibles. Et sur une expérience de fabrication ainsi qu'un prix de revient industriel assez faible permettant une mise en œuvre rapide... Nous pensons qu'on pourrait sauver beaucoup de monde dans des délais rapides. »

Vous évoquez également un autre traitement possible pour lutter contre le Covid-19 ?

« Medesis Pharma a en effet mis en œuvre deux programmes : un médicament pour prévenir les formes graves de la pathologie Covid-19, dont on vient de parler. Et un médicament qui cible le génome du virus afin de traiter la maladie en empêchant la multiplication intracellulaire du virus. L'étude clinique de ce 2e produit sur des malades hospitalisés sera plus longue à mettre en œuvre - au moins trois à quatre mois - et sera bien plus onéreuse, de l'ordre de 5 à 10 M€. Ce produit aura un intérêt si la maladie se met à durer, comme on peut le craindre. Dans les circonstances actuelles, il nous semble prioritaire de focaliser sur le premier. »

* Basée à Baillargues, près de Montpellier.

Cécile Chaigneau

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Commentaires 2
à écrit le 25/03/2020 à 13:18
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Sans doute le mélange des deux médicaments qui n'ont pas la même fonction pourrait améliorer le pronostic. tant qu'on n'a pas essayé.

à écrit le 25/03/2020 à 9:34
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Toujours pareil, gagner du fric vite. Peu importe les malades.Et au passage ils égratignent un collègue. Quelle attitude nulle et négative. Aucune confiance dans ce labo

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