Santé connectée : Kinvent sort un 8e capteur connecté et ouvre le marché des particuliers

Six mois après sa 2e levée de fonds, la startup montpelliéraine Kinvent lance son application à destination des particuliers, spécialise les univers de ses différents utilisateurs et travaille sur un 8e capteur pour la fin de l’année. Spécialisée dans les outils connectés à destination des kinésithérapeutes et professionnels du sport pour évaluer et optimiser la rééducation des patients, la startup a déjà atteint le doublement de ses effectifs, initialement prévu pour la fin 2022, notamment en dopant ses forces commerciales et la R&D.
Cécile Chaigneau
Les objets connectés conçus par Kinvent, adossés à une application en ligne, permettent de mesurer la force musculaire ou l'amplitude d'un mouvement, d'analyser l'équilibre ou d'évaluer une posture.
Les objets connectés conçus par Kinvent, adossés à une application en ligne, permettent de mesurer la force musculaire ou l'amplitude d'un mouvement, d'analyser l'équilibre ou d'évaluer une posture. (Crédits : Kinvent)

« Le marché de la rééducation a été délaissé par les nouvelles technologies et il est encore quasiment vierge, rappelle Athanase Kollias, le fondateur de Kinvent en 2017. Or les nouvelles générations de kinésithérapeutes apprennent désormais à l'école le suivi connecté de patients et sont plus sensibles à ces nouvelles méthodes. »

Depuis 2017, l'ancien champion d'aviron s'est fait une place sur ce marché avec Kinvent, startup qui développe des outils connectés à destination des kinésithérapeutes et des professionnels du sport pour évaluer et optimiser la rééducation des patients. A ce jour, sept objets connectés, adossés à une application en ligne, permettent de mesurer la force musculaire ou l'amplitude d'un mouvement, d'analyser l'équilibre ou d'évaluer une posture. Et ensuite de suivre précisément la progression des patients dans le cadre d'un programme de rééducation. Son ambition est aussi d'améliorer l'engagement des patients et de favoriser le partage des informations entre les professionnels de santé concernés.

Si ces outils ont initialement été conçus pour accompagner le travail des kinésithérapeutes, ils s'adressent aujourd'hui également aux préparateurs physiques, aux coachs fitness et aux professionnels du sport.

« Il existe un million de kinésithérapeutes en Europe et en Amérique du Nord, et nous équipons aujourd'hui 10.000 professionnels, soit 200.000 patients traités, indique Athanase Kollias, pour souligner l'ampleur du marché. Par exemple, l'équipe de rugby de Montpellier, celle de Bordeaux-Bègles, le Stade Français ou le Racing. Nous travaillons avec onze des 14 équipes du Top 14. »

Evaluer l'activité électrique du muscle

Fin décembre 2021, la startup bouclait une 2e levée de fonds de 6 millions d'euros pour booster son développement, notamment concevoir de nouveaux capteurs connectés et se déployer à l'international.

Après avoir mis au point sept capteurs connectés (qui mesurent la force de préemption, la symétrie et la force des membres inférieurs ou des dynamomètres pour évaluer la force musculaire), Kinvent en sortira fin 2022 un 8e : « un outil d'électromyographie pour évaluer l'activité électrique du muscle, ce qui permet d'aller plus loin dans la réponse physiologique », annonce le jeune dirigeant.

Un autre capteur, destiné à l'évaluation du mouvement, et des semelles connectées sont programmés pour 2023. Kinvent s'intéresse également à la problématique des troubles musculo-squelettiques (TMS) : « Nous voulons permettre le suivi de salariés, y compris ceux qui travaillent derrière un bureau toute la journée, afin de détecter les signes avant-coureurs de TMS et mettre en place programmes... Nous ferons des tests en 2023 pour une commercialisation en 2024 ».

Objectif : 9 millions d'euros en 2022

En décembre dernier, grâce à sa levée de fonds, la startup prévoyait notamment de doubler ses effectifs d'ici fin 2022 et de passer de 30 à 60 salariés, en renforçant notamment sa R&D. En ce mois de juillet, Athanase Kollias annonce que l'objectif est déjà atteint.

« Aujourd'hui, nous sommes 60 : 35 en France dont 25 à Montpellier et une dizaine de commerciaux sur le terrain, 20 en Grèce où se situe le site de production, et 5 dans le monde, notamment en Amérique du Nord, précise Athanase Kollias. Jusqu'à présent, on travaillait uniquement avec des distributeurs et nous avons récemment renforcé l'équipe commerciale qui est passée de 4 à 15 dans le monde... J'ai aussi staffé la R&D, montée de deux personnes il y a neuf mois à 10 aujourd'hui. En octobre prochain, on devrait à nouveau rechercher des gens pour la R&D et la production. »

En mars dernier, Kinvent a déménagé son site de production en Grèce (Thessalonique), pour s'installer dans un espace de 10.000 m2.

En 2021, la startup a réalisé un chiffre d'affaires de 3 millions d'euros et vise les 9 millions d'euros en 2022 : « Notre objectif est de multiplier notre chiffre d'affaires par trois chaque année sur les trois prochaines années ».

Booster l'autonomie des patients

Il y a trois semaines, la startup a lancé la plateforme Kinvent Physio, exclusivement dédiée aux kinésithérapeutes : « Au départ, il n'existait qu'une plateforme, K Force, pour tous les utilisateurs, mais nous avons décidé de séparer les différents univers. Kinvent Perform pour les sportifs de haut niveau, et Kinvent Fitness pour les coachs, sortiront au premier semestre 2023 », précise Athanase Kollias.

Kinvent procède par ailleurs à un élargissement de sa base utilisateurs : il y a trois semaines également, était lancé My Kinvent, à destination des particuliers.

« L'objectif, c'est de donner plus d'autonomie au patient chez lui, explique le dirigeant. Certains sont prêts à s'équiper des outils connectés, notamment ceux atteints de pathologies longues comme des problèmes de ligaments. Aujourd'hui, une cinquantaine de patients sont équipés avec au moins un capteur, souvent des sportifs. Les autres ont accès à des questionnaires et à leurs données. Mais nous réfléchissons à un modèle de location des outils connectés... My Kinvent permet aussi d'assurer la passation entre le kinésithérapeute, le patient et les autres professionnels de santé qui le suivent. »

Base de données commune

Athanase Kollias estime que l'application My Kinvent représentera 5% du chiffre d'affaires en 2023, avant de monter en puissance. Et il voit plus loin : « Souvent, le kinésithérapeute pousse à mettre en place un programme d'exercices à domicile, et à terme, nous voulons que le patient puisse le faire automatiquement en ligne, sur la base d'une évaluation précise. Nous lançons une étude de trois ans pour mettre en place un modèle par machine-learning. Mais il ne s'agit pas de remplacer le kinésithérapeute, qui sera toujours à l'origine du programme ».

Autre sujet d'innovation porté par Kinvent : structurer une base de données communes avec d'autres entreprises proposant des outils connectés de santé, « pour éviter aux patients de voir leurs données éparpillées en fonction des outils connectés qu'ils utilisent ».

« Aujourd'hui, nous avons signé trois partenariats signés avec trois constructeurs qui n'avaient pas encore de base de données, comme Mad Up à Angers, indique Athanase Kollias. Pour ceux qui ont déjà une base de données, on crée une interopérabilité entre les deux. »

Cécile Chaigneau

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