Biodol Therapeutics : 7 millions d’euros pour avancer sur les douleurs neuropathiques chroniques

L’enjeu de santé publique est important : il s’agit de trouver un traitement aux douleurs neuropathiques chroniques qui touchent des millions de malades et sont sans traitement satisfaisant à ce jour. La biotech Biodol Therapeutics s’apprête à démarrer les études cliniques chez l’Homme d’une molécule qui viendrait inhiber le récepteur de la douleur.
Cécile Chaigneau
La biotech Biodol Therapeutics va démarrer cet automne l'étude clinique de phase 1 de son traitement contre les douleurs neuropathiques chroniques.
La biotech Biodol Therapeutics va démarrer cet automne l'étude clinique de phase 1 de son traitement contre les douleurs neuropathiques chroniques. (Crédits : Creative Common)

C'est le propre des biotech : enchaîner les levées de fonds pour financer des recherches et surtout des études cliniques très onéreuses, autour de candidats médicaments. Il y a quatre ans, l'entreprise héraultaise Biodol Therapeutics, fondée en 2015 et aujourd'hui installée à Montarnaud, levait 4,5 millions d'euros pour amener ses travaux sur un traitement contre la douleur chronique neuropathique du stade préclinique aux portes des phases cliniques.

La biotech développe des composés de premier ordre pour le traitement des douleurs neuropathiques chroniques, à savoir des douleurs par atteinte des nerfs qui durent depuis plus de trois mois et persistent même lorsque la cause qui les a déclenchées est soignée.

« Ces douleurs sont liées à une lésion des nerfs périphériques et peuvent avoir plusieurs origines : une intervention chirurgicale qui abîme un nerf, le diabète, le zona, la varicelle, le HIV, une tumeur cancéreuse, de la chimiothérapie, etc., rappelle Fabien Granier, cofondateur de Biodol Therapeutics. A ce jour, il n'existe aucun traitement spécifique satisfaisant sur le marché et les patients se voient proposer des neuroleptiques ou des antidépresseurs, avec beaucoup d'effets secondaires indésirables. Il y a donc une grosse attente sur ce sujet, avec énormément d'espoir chez les malades... »

La Haute autorité de santé (HAS), en février 2023, évoquait « plus de 12 millions de Français » souffrant de douleur chronique. Selon la Biodol Therapeutics, 7 à 9% de la population souffrent de douleurs chroniques neuropathiques, soit entre 4 et 6 millions de personnes, et seraient donc dans l'attente d'un traitement salvateur...

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Identification du mécanisme responsable des douleurs

Biodol Therapeutics s'appuie sur les travaux du Dr Jean Valmier, professeur à l'Institut des Neurosciences de Montpellier (Université de Montpellier) et du Dr Didier Rognan, directeur de recherche au Laboratoire d'innovation thérapeutique (LIT) de Strasbourg, tous deux cofondateurs de la biotech. Des travaux qui ont permis de comprendre le mécanisme responsable de ces douleurs chroniques, identifiant le récepteur FLT3 comme déclencheur-clé de la douleur et donc comme cible à inhiber.

Après avoir testé de nombreuses molécules, la biotech est aujourd'hui copropriétaires de deux brevets (avec les Universités de Montpellier et de Strasbourg, l'INSERM et le CNRS) et exploitante de deux autres.

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Phase clinique pour le BDT272

La biotech héraultaise vient d'annoncer avoir été retenue pour un financement de Bpifrance dans le cadre de l'appel à projets i-DEMO. Avec le soutien, en parallèle, du fonds de capital-risque V-Bio Ventures (déjà entré au capital en 2020), Biodol Therapeutics a constitué un consortium avec ses deux partenaires académiques (l'Institut des Neurosciences de Montpellier et le LIT de Strasbourg), éligible à un montant de 7 millions d'euros (en fonds propres et en non dilutif) pour développer son programme innovant autour du récepteur FLT3, en particulier pour financer les premiers essais cliniques chez l'homme du composé le plus avancé, le BDT272.

« En 2022, nous avons breveté une nouvelle série de molécules, dont le BDT272 qui a démontré les meilleures qualités de développement, précise Fabien Granier. Nous sommes maintenant aux portes de l'étude clinique de phase 1, que nous prévoyons de démarrer en septembre ou octobre 2024 et que nous réaliserons en totalité en France. »

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Cécile Chaigneau

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