Dans le domaine de la logistique, le "dernier kilomètre" désigne l'étape finale du processus de livraison des marchandises vers le lieu de destination indiqué par le client, c'est à dire le dernier maillon de la chaîne de distribution.
Depuis longtemps, la logistique urbaine représente un challenge complexe pour les logisticiens et les transporteurs qui gèrent l'acheminement des flux de marchandises jusque dans les cœurs de villes. La problématique se trouve plus que jamais confrontée à des enjeux cruciaux, économiques et écologiques à la fois, depuis que la crise sanitaire liée au Covid-19 et le boom du e-commerce ont amplifié les flux de marchandises.
Dès lors, comment livrer rapidement (et ainsi tenir la promesse des 24 ou 48 heures) tout en considérant ces enjeux, qui intéressent aussi les collectivités ? La réponse pourrait bien se trouver dans la digitalisation des livraisons : les rendre intelligentes et donc performantes en recourant à des dispositifs connectés, et exploiter les datas.
Anticiper les volumes
A Montpellier, la société Services Écusson Vert, spécialisée dans la logistique urbaine écologique (25 salariés), transporte plusieurs centaines de colis par jour pour des commissionnaires de transport comme UPS ou Amazon Logistique, à destination de professionnels (40%) ou de particuliers (60%).
Elle apporte déjà en partie une solution, en ne recourant qu'à des véhicules propres : triporteurs, véhicules utilitaires électriques Goupil, véhicules électriques et véhicules hybrides.
Services Écusson Vert et l'entreprise montpelliéraine Synox, éditrice de plateformes et intégratrice de solutions IoT (70.000 objets connectés en gestion, 2 téraoctets de données traitées chaque jour) vont démarrer en ce mois de février un projet de R&D retenu dans le cadre de l'appel à projets de l'ADEME Translog, en faveur de la transition du secteur logistique.
L'expérimentation montpelliéraine prévoit d'installer des capteurs sur les espaces logistiques où sont stockés les colis avant la dernière livraison, et d'équiper les véhicules de Services Écusson Vert de télématique embarquée.
« L'objectif est de faciliter les ruptures de charges pour les livreurs grâce à l'anticipation de volumes à livrer et l'optimisation des parcours, explique Emmanuel Mouton, CEO de Synox. Nous équiperons notamment les caisses des camions de livraison avec des capteurs pour que le logisticien qui organise les tournées sache quels volumes il doit transporter pour quel parcours. »
« La volumétrie, c'est une donnée que l'on a que le matin même, déclare Christophe Caset-Carricaburu, confirmant l'intérêt du projet. En fonction, il nous faut diminuer ou augmenter la masse salariale... Il faut aller plus loin pour optimiser le chargement d'un véhicule. »
Places de livraison connectées
« Nous sommes confrontés à plusieurs problématiques aujourd'hui : le manque de foncier pour installer des espaces de stockages des colis mais aussi pour stationner mes véhicules avec des bornes de recharge électrique, et le manque de places de livraison, ajoute encore Christophe Caset-Carricaburu, président-fondateur de Services Écusson Vert. Je travaille sur la question des zones à faibles émissions (ZFE, visant à limiter l'accès des véhicules les plus polluants au sein des agglomérations par la mise en place d'un système de certificat qualité de l'air, NDLR) avec la Métropole, ce qui amène de nouvelles contraintes pour les livreurs. Leur donner des informations sur les places disponibles en temps réel serait un confort. »
Le dispositif sur lequel vont travailler Synox et Services Écusson Vert sera connecté à la plateforme déjà gérée par Synox à Montpellier, témoignant de la disponibilité et du taux de rotation sur les places de livraison de la ville. Expérimentée en 2017, la solution est désormais en cours de déploiement, « pour installer des capteurs sur les 1.000 à 1.200 places de parking pour les personnes à mobilités réduites et places de livraison », confirme Emmanuel Mouton
Massifier et mutualiser les données
Christophe Caset-Carricaburu, qui est aussi le fondateur, en 2017, du cluster We4LOG en Occitanie, pointe enfin une autre problématique : « Aujourd'hui, les commissionnaires de transport ont chacun leur propre logiciel et nous ne pouvons pas transporter leurs colis ensemble. Il faudrait un logiciel d'optimisation qui permettrait de massifier et de mutualiser les données de tous les donneurs d'ordres, ce qui nous permettrait d'optimiser nos tournées. C'est le plus gros challenge ».
Le projet de R&D sera mené sur deux ans. Le périmètre d'expérimentation est la métropole de Montpellier, « mais l'objectif est de trouver des solutions aussi sur les zones rurales », précise le président de Services Écusson Vert.
« A ce jour, il n'existe pas ce type d'offres sur le marché. Les logisticiens sont attente, mais les collectivités aussi », analyse Emmanuel Mouton, qui annonce un chiffre d'affaires 2020 de 2,8 millions d'euros, en croissance de 10%.
Fin de course pour Neocean : pourquoi la startup sétoise a été liquidée
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !