AquaTech Innovation cible (aussi) les économies d’eau pour les piscines

Préserver la ressource en eau par l’économie, la transformation et la réutilisation des eaux usées. C’est le projet de la startup montpelliéraine AquaTech Innovation, qui propose des solutions de traitement 100% biologique des eaux usées domestiques. Cet été, elle a expérimenté une nouvelle innovation : le recyclage jusqu’à 80% des eaux de rinçage des filtres des piscines et bassins aquatiques. L’économie d’eau se chiffre en milliers de m3 d’eau.
Cécile Chaigneau
En plus de proposer des unités permanentes ou démontables de traitement des eaux usées, notamment pour les campings (ici Palavas-les-Flots), AquaTech Innovation lance une solution de traitement des eaux de rétrolavage dans les piscines, permettant de les réinjecter dans le bassin plutôt que de les jeter.
En plus de proposer des unités permanentes ou démontables de traitement des eaux usées, notamment pour les campings (ici Palavas-les-Flots), AquaTech Innovation lance une solution de traitement des eaux de rétrolavage dans les piscines, permettant de les réinjecter dans le bassin plutôt que de les jeter. (Crédits : AquaTech Innovation)

La startup montpelliéraine AquaTech Innovation, créée en août 2018, propose des solutions destinées à protéger la ressource en eau par le traitement 100% biologique des eaux usées domestiques, au plus près des lieux d'émission, et assurant un rejet en qualité "eau de baignade" ou "eau d'irrigation".

Baptisée AquaClear, cette solution est destinée essentiellement aux milieux sensibles ou contraints (comme les zones inondables par exemple). Ces unités de traitement, qui se conçoivent à terre ou en format flottant, démontables ou permanentes, et s'adaptent à tous types d'environnements et aux variations de volumes à traiter (bien utiles en zones touristiques notamment).

AquaTech Innovation lance une seconde solution, dérivée de la première, et qui cible les piscines et les bassins aquatiques de loisirs, toujours dans un objectif de préservation de l'eau.

6.000 m3 d'eau perdus en une saison estivale

« En 2020, alors que nous installions notre solution AquaClear sur le camping de Palavas, nous avons été ralentis par le Covid et nous avons découvert le fonctionnement du camping et notamment des bassins aquatiques qui consomment beaucoup d'eau, raconte Geneviève Marais, cofondatrice d'AquaTech Innovation. Nous avons alors imaginé une solution permettant de faire d'importantes économies d'eau. Il faut beaucoup d'eau pour le rinçage des filtres des piscines et des bassins aquatiques et en général, cette eau est jetée. Ce qui peut représenter de 30 à 100 m3 d'eau par jour dans un camping. Pour 40 m3 d'eau rejetés, c'est 6.000 m3 d'eau sur la période de cinq mois d'une saison estivale !... Notre solution AquaCleaner, restituant une eau neutre en chlore, permet de régénérer ces eaux de rinçage des systèmes de filtration pour les réinjecter dans le circuit des bassins. Ce qui permet de recycler jusqu'à 80% de ces eaux de rétrolavage. En dehors des périodes actives pour les eaux de rinçage, le procédé permet de régénérer l'eau du bassin aquatique en lui-même, ce qui améliore la qualité de l'eau en réduisant nettement les problèmes de chloramine. »

Ce procédé utilise la même unité de gestion électronique qui gère les flux et régule les bactéries que le système AquaClear, et a été enrichi de procédés physiques (UV, ozone, micro-filtration) pour gérer la présence de chlore, de crèmes solaires, etc. dans les piscines.

La solution AquaCleaner a été installée et expérimentée sur un bassin durant les mois de juillet et août 2021 sur un site-pilote, celui du camping municipal de l'Espiguette, à Port-Camargue (30). Le cycle de rinçage du complexe aquatique du camping, d'un volume d'eau d'environ 600 m3, consomme environ 30 m3 à chaque usage.

« Nous visons d'abord le secteur privé et les territoires très contraints, précise Geneviève Marais. Ce procédé pourrait intéresser les piscines municipales, notamment dans les villes qui ont une démarche environnementale forte. A Béziers ou à Sète par exemple, la nappe phréatique est très contrainte et les villes sont obligées de diminuer leur consommation d'eau... »

Port, camping, zone de captage des eaux

L'entreprise lance, en ce mois de septembre, une levée de fonds d'un million d'euros qu'elle destine au déploiement de sa phase industrielle et d'un réseau de revendeurs et d'installateurs.

« Cette levée de fonds est en cours et plusieurs fonds d'investissements se disent intéressés mais rien n'est encore signé. Je ne veux pas précipiter cette opération, mais je veux la boucler en décembre prochain pour démarrer notre unité de production en janvier 2022. »

La dirigeante souhaite installer cette unité de production sur la Métropole de Montpellier - elle a notamment des vues au nord de la ville - et mise sur une quinzaine d'installations d'AquaClear et d'AquaCleaner l'an prochain.

A ce jour, AquaClear est présent dans le port du Cap d'Agde : par manque de foncier, le plus port, fréquenté quotidiennement en pleine saison par plus de 250 plaisanciers, a implanté une station autonome sur une plateforme flottante qui rejette les eaux d'un sanitaire, en qualité d'eaux de baignade, dans les eaux portuaires (zone Natura 2000).

AquaTech Innovation

La solution de traitement des eaux usées d'AquaTech Innovation, dans le port de Cap d'Agde, en version flottante.

Il est également présent dans le camping Tohapi de Palavas-les-Flots : « La modification du trait de côte a amené une partie de l'exploitation du camping dans la bande des 100 mètres du littoral, et sans les réseaux VRD, le camping ne pouvait plus garder son offre d'hébergement avec des sanitaires situés sur la première ligne en front de mer. Notre solution, démontable en fin de saison, leur a permis de maintenir la totalité de leur offre d'hébergement, avec sanitaires privatifs ».

AquaClear est également installé dans la zone de captage des eaux du Grand Lyon (où l'implantation d'une station d'épuration est interdite) où le Grand Lyon a initié le projet de L'Iloz, vitrine européenne du cycle de l'eau. Mais également dans le port Ilon, dans les Yvelines, où les gestionnaires devaient résoudre le problème d'assainissement afin de reprendre le développement de l'aménagement du site non raccordée, situé en zone Natura 2000.

Rendre la Seine "baignable"

« Nous avons des projets en cours à Antibes, nous avons été retenus en finale dans un concours à Monaco, sur le port du futur, ce qui nous donne de la visibilité au niveau international. Nous avons également été retenus par l'accélérateur de Paris&Co (Welcome City Lab et Urban Lab, NDLR) et nous faisons partie des solutions sur lesquelles il y a discussions pour contribuer à rendre la Seine "baignable" pour les JO 2024. Notre système flottant permettrait de raccorder plusieurs péniches qui, jusqu'à présent, déversent leurs eaux usées dans la Seine. »

Avec « environ 13 millions de bateaux en circulation et 130 millions de m3 d'eaux usées à gérer chaque jour sur les mers, rivières et eaux intérieures de France », annonce Geneviève Marais, AquaTech Innovation pourrait avoir de belles perspectives.

Et la dirigeante voit déjà plus loin, dans un temps plus éloigné : « Notre solution flottante de traitement des eaux usées domestiques peut permettre de développer des services autour. Par exemple, dans un port, les plaisanciers ont besoin de douche, de laverie, de wc. Nous voulons proposer aux exploitants portuaires de mettre ces équipements sur des structures flottantes, et pourquoi pas, pour des communes qui manquent de foncier, faire de l'habitat... Mais les mentalités et les réglementations doivent encore évoluer, même si nous travaillons déjà sur quelques sujets ».

En attendant, AquaTech Innovation a également rejoint l'accélérateur du tourisme durable LEKKO à La Rochelle (mis en place par la collaboration de Charentes Tourisme et de VVF Villages).

« Nous sommes bien identifiés en Occitanie mais nous avons besoin de nous faire connaître ailleurs en France, de faire du lobbying. S'appuyer sur un accélérateur soutenu par une collectivité est un tremplin sur un territoire, en l'occurrence la côte atlantique avec LEKKO. »

Cécile Chaigneau

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