VOGO implante ses solutions d’arbitrage vidéo dans les stades de foot de la FIFA

Après avoir renouvelé son contrat avec la Ligue Nationale de Rugby (LNR) pour une durée de quatre saisons dans le cadre de la détection des blessures et commotions cérébrales, l’entreprise montpelliéraine VOGO vient de voir ses solutions d’arbitrage vidéo certifiées par la FIFA. Ce qui lui va lui permettre de renforcer sa pénétration commerciale auprès des fédérations, ligues et autres organisateurs de compétitions de football dans le monde entier.
Cécile Chaigneau
La solution Assistance Vidéo à l'Arbitrage de VOGO, appliquée en Estonie.
La solution Assistance Vidéo à l'Arbitrage de VOGO, appliquée en Estonie. (Crédits : VOGO)

Pour les quatre prochaines années (jusqu'au 31 décembre 2027), la sportech montpelliéraine VOGO pourra déployer ses solutions d'arbitrage vidéo auprès de toutes les fédérations, ligues et organisateurs de compétitions de football dans le monde entier. Alors que l'arbitrage vidéo se fraye petit à petit un chemin dans le football, ce sésame est accordé à l'entreprise montpelliéraine via l'obtention des certifications VAR (Assistance Vidéo à l'Arbitrage), VAR Light (le même dispositif mais allégé) et VOL (ligne de hors-jeu virtuelle) délivrées par la FIFA, annoncée ce 7 septembre.

VOGO propose des solutions "smart stadium" de live & replay audio et vidéo dans les enceintes sportives, à destination des spectateurs et des professionnels du monde du sport, notamment du football ou du rugby.

« VOGO est déjà implanté dans le football : nous avons fait la Coupe du monde de foot sur notre activité live & replay, et nous avons déployé notre solution de détection des commotions cérébrales et notre solution d'analyse stratégique du jeu, rappelle Christophe Carniel, fondateur (il y a dix ans) et CEO de VOGO. Souvent, l'arbitrage vidéo se fait via l'opérateur de télévision. Avec notre solution, c'est l'arbitre qui l'opère. Dans le foot, le processus de certification pour prétendre mettre en place des dispositifs d'arbitrage est long et coûteux, et cela fait deux ans et demi qu'on y travaillait. »

Un virage vers le modèle Technology as a Service

Ces nouvelles certifications ouvre un champ nouveau de prospection commerciale pour la sportech : « Désormais, nous pourrons mettre en place nos produits dans n'importe quelle fédération ou ligue de foot dans le monde, ce qui représente un beau potentiel... Ce qui est important également, c'est que les autres fédérations internationales de sport, dans d'autres disciplines, regardent le dispositif de la FIFA, ce qui, potentiellement, nous ouvre aussi des portes. »

Pour l'entreprise, « les premiers bénéfices commerciaux de ces certifications sont attendus dès le second semestre et contribueront à l'amélioration significative de l'activité attendue par rapport à la première partie de l'année ». Christophe Carniel, qui se refuse à chiffrer, le potentiel de chiffre d'affaires qui pourrait être généré durant les quatre prochaines années, souligne toutefois un contrat qui vient conforter le virage pris par VOGO au cours des derniers mois.

« Le modèle économique de ce type de solutions, c'est que les ligues ne les achètent pas mais les louent dans le cadre de contrats pluriannuels de trois à cinq ans, explique-t-il. Nous nous acheminons ainsi vers un modèle de Technology as a Service (TaaS - ndlr), offrant une récurrence forte des revenus. »

Détection de commotions : une forte amélioration

Le 31 août dernier, VOGO annonçait le renouvellement de son contrat avec la Ligue Nationale de Rugby (LNR) pour une durée de quatre saisons dans le cadre de la détection des blessures et en particulier des commotions cérébrales. Cette collaboration, qui avait été initiée lors de la saison 2017-2018, permet à VOGO de déployer son service de replay vidéo auprès des personnels médicaux lors des rencontres. Ce contrat couvre tous les matchs de TOP 14, de ProD2, de l'In Extenso Supersevens ainsi que les matchs de Coupe d'Europe programmés sur le territoire français. Mais pas la Coupe du monde de rugby qui démarre ce 8 septembre.

« La coupe du monde ne dépend pas de la LNR mais de la fédération internationale Word Rugby », rappelle Christophe Carniel.

Une polémique monte pourtant autour de la multiplication des commotions cérébrales dans le rugby, d'anciens professionnels multipliant les procédures juridiques pour dénoncer leur répétition et le manque de protection des joueurs. La LNR rappelle toutefois la présence de médecins sur les terrains du Top 14 depuis 2019 et la détection des commotions par vidéo pendant et après les matchs.

« Le fait que la LNR renouvelle son contrat avec VOGO s'appuie sur une amélioration forte du nombre de commotions détectées grâce à la vidéo », souligne Christophe Carniel, qui ajoute qu'un chiffre circule : on serait passé de 30% des commotions détectées sans la vidéo et un médecin sur le terrain à près de 70% avec des équipements dédiés...

Comment ça marche : un médecin sur le terrain, équipé du replay live vidéo, peut revoir les chocs à tout moment et il a autorité sur l'arbitre, pendant douze minutes, pour sortir un joueur s'il y a suspicion de commotion.

Intelligence artificielle au bord du terrain

En revanche, la prise de conscience de l'importance à détecter les commotions cérébrales reste imparfaite dans le sport amateur. Il y a un an et demi, début 2022, VOGO créait un consortium pluridisciplinaire dédié au développement de solutions innovantes pour la prévention et la détection des commotions cérébrales dans l'univers du sport amateur et professionnel dans toutes les disciplines en pratique collective mais aussi individuelle (équitation, cyclisme, sports de glisse, judo, boxe, etc.). Le consortium embarque plusieurs expertises du monde scientifique, industriel et technologique : le CNRS à travers le laboratoire Sys2Diag, l'Institut de Biomécanique Humaine Georges Charpak, les équipes de l'Assistance Publique Hôpitaux de Paris (AH-HP) du Pr Decq de l'hôpital Beaujon, et les laboratoires PSITEC (Université de Lille) et VAC (Université de Paris).

« Il s'agit d'un programme d'innovation de quatre ans, les développements sont lancés et les premiers produits devraient sortir début 2025, indique Christophe Carniel. Il n'y a pas forcément de médecin au bord du terrain chez les amateurs ou les jeunes. Nous développons donc une intelligence artificielle qui n'aura pas vocation à remplacer un médecin mais qui détectera une suspicion de commotion cérébrale sur la base de plusieurs séquences vidéo et permettra de faire une alerte. Ensuite c'est un médecin à distance qui prendra une décision. »

Sur les besoins en financement de ce programme, soit 20 millions d'euros, « une partie est déjà rassemblée », précise Christophe Carniel.

12 millions d'euros

VOGO, cotée en bourse, affiche un chiffre d'affaires 2022 de 12 millions d'euros et emploie 70 salariés. Christophe Carniel annonce prévoir de recruter mais n'indique pas dans quelles proportions.

Fin juillet, l'entreprise publiait ses résultats semestriels, faisant étant d'un chiffre d'affaires en repli de 24% par rapport au premier semestre 2022. Un repli qu'elle justifie par « une évolution volontaire du modèle d'affaires sur le marché du sport d'un modèle de vente vers un modèle de type Technology as a Service (TaaS) ».

L'international continue de concentrer une part importante de l'activité avec plus de 73% du chiffre d'affaires.

Cécile Chaigneau

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