Condamnation unanime du rapport Duron

La publication, le 27 juin, du rapport Duron, qui préconise le report de toutes les futures lignes TGV, dont Montpellier-Perpignan, déchaîne la colère des élus de tous bords. Une délégation régionale se rend à Paris le 2 juillet.

Remis au Premier ministre le 27 juin, le rapport de la commission Mobilité 21, présidée par le député (PS) Philippe Duron, a proposé de reporter à l'horizon 2030 ou au-delà tous les projets de LGV en cours, à l'exception de la future ligne Toulouse-Bordeaux.

Le projet de ligne nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP), un temps annoncé pour 2022, figure parmi les projets les moins prioritaires, évalués par le rapport à 46 Mds €. Son coût est estimé à 6,3 Mds €.

40 M€ ont déjà été dépensés en études préalables par les différentes collectivités territoriales du Languedoc-Roussillon concernées par le tracé de la LNMP.

Même si le gouvernement doit encore trancher définitivement la question, le Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault, dit partager ces conclusions :

« Le précédent gouvernement a fait une erreur en se concentrant sur les infrastructures et en oubliant la qualité des services. Le mensonge est d'avoir laissé entendre qu'on pourrait faire plus de 250 milliards d'investissements dans les vingt prochaines années. C'est irréaliste financièrement et techniquement. »

À noter que le rapport Duron valide le contournement ferroviaire Nîmes-Montpellier, dont les travaux ont débuté, et la construction de la future gare TGV de Montpellier.

Le rapport peut être téléchargé sur ce lien (Pdf).

La publication du rapport Duron a provoqué la colère de nombreux élus du Languedoc-Roussillon.

Christian Bourquin, président (PS) du Conseil régional : « Je redis toute la colère qui est la mienne après la publication du rapport de Duron, à propos duquel je persiste à dire qu'il est un rapport de branquignols. Un terme dont chacun comprend le sens et dont l'équivalent en catalan est « palatreques ». Je rappelle toute l'utilité de cette ligne grande vitesse pour laquelle j'ai réussi depuis que je suis président de la Région à obtenir le consensus de l'ensemble des élus régionaux, quelle que soit leur étiquette politique. J'ai donc renouvelé mon appel au Premier Ministre et réaffirmé toute ma détermination dans ce dossier. Dès mardi 2 juillet, je rencontrerai le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, à la tête d'une délégation d'élus de toute la région Languedoc-Roussillon. Je sais pouvoir compter sur le soutien populaire pour faire valoir nos arguments auprès des instances parisiennes. »

Raymond Couderc, sénateur-maire (UMP) de Béziers, président de Béziers Méditerranée et président du Comité des villes européennes pour la grande vitesse : « La France est ridicule. Le gouvernement montre actuellement ses muscles à Bruxelles, mais est incapable de construire les 150 km de LGV qui complèteraient le réseau européen qui va d'Amsterdam à Séville ! C'est une catastrophe pour la région. On nous met la tête au fond du sac. Et que diront nos partenaires espagnols et européens ? Même si une action juridique du gouvernement espagnol me paraît peu probable, on peut s'attendre à une réaction du consortium franco-espagnol qui exploitera le tunnel sous les Pyrénées. Il y avait un cahier des charges, qui prévoyait certaines perspectives de trafic précises. »

Jean-Paul Alduy, président (UMP) de Perpignan Méditerranée : « Au moment même où on nous dit qu'il faut créer les conditions d'une très grande région, qui irait de Lyon à Barcelone, et qui réunirait de 20 à 30 millions d'habitants, finalement il s'avère qu'on préfère faire Bordeaux-Toulouse. J'avoue que j'ai du mal à comprendre. » (France 2)

Fernand Siré, député-maire (UMP) de Saint-Laurent de la Salanque (66) : « Ce report est catastrophique pour l'économie locale et le développement du tourisme dans notre département. Aujourd'hui le gouvernement socialiste entérine la disparition du projet. Notre département est définitivement oublié du chaînon Madrid - Amsterdam. Je regrette ce choix. Notre majorité (à Perpignan Méditerranée, NDLR) avait grandement travaillé pour ce projet. En un an, les socialistes locaux et nationaux ont condamné le projet et le développement de notre département. »

Une délégation réunissant plusieurs élus de la région, dont Christian Bourquin, se rendra à Paris le 2 juillet pour rencontrer Frédéric Cuvillier, ministre des Transports. En amont de ce déplacement, la Région rappelait :

« Une nouvelle phase de travail sera ouverte, le rapport de la commission Mobilités 21 n'étant qu'un avis. Le gouvernement mettra à profit la période allant jusqu'au 14 juillet pour fixer une feuille de route qui sera pilotée par le Premier ministre et qui prendra en compte deux atouts du projet du Languedoc-Roussillon : la LNMP est forte d'une première étape avec le tronçon Nîmes-Montpellier dont les travaux ont commencé et le dossier revêt une envergure internationale qui induit un nécessaire engagement de l'Union européenne. C'est à ce stade de la réflexion du gouvernement que le projet de LNMP pourra retrouver du sens, de la logique et un vrai calendrier ».

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Anthony Rey

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