Le président du Conseil départemental de l’Hérault alerte sur le niveau de dépenses sociales qui augmente

La crise sanitaire et économique laisse des traces dans les finances des collectivités territoriales. A l’occasion de ses vœux, le président (PS) du Département de l’Hérault, Kléber Mesquida, souligne l’impact social de la crise, qui vient s’ajouter à celui de la démographie croissante.
Cécile Chaigneau
Kléber Mesquida, président (PS) du Conseil départemental de l'Hérault, souligne la montée du nombre de bénéficiaires du RSA depuis le début de la crise sanitaire.
Kléber Mesquida, président (PS) du Conseil départemental de l'Hérault, souligne la montée du nombre de bénéficiaires du RSA depuis le début de la crise sanitaire. (Crédits : DR)

Dans ses vœux à la presse, le 13 janvier, le président (PS) du Conseil départemental de l'Hérault, Kléber Mesquida (réélu pour un second mandat le 28 juin 2021), a balayé les nombreux sujets qui vont occuper et préoccuper la collectivité départementale en 2022.

C'est sur l'axe social que l'élu a attaqué : « La Cour régionale des comptes a acté que sur le budget 2020, la crise sanitaire nous avait impactés de 140 millions d'euros en raison d'une augmentation des dépenses et de pertes de recettes sensibles ».

Au passif des charges que le Département a dû assumer, Kléber Mesquida rappelle les 11 millions d'euros dépensés dans l'achat de masques, les 110.000 litres de gels fournis aux écoles, collèges et lycées de l'Hérault, ou encore les nombreuses interventions du Département sur le plan social.

« Le Département est un véritable bouclier social »

« Car la crise et le confinement ont généré des tensions intrafamiliales, ce qui a contribué à faire grimper le nombre d'enfants confiés au Département (via l'aide sociale à l'enfance, ndlr), soit 320 enfants en six mois, explicite l'élu. Ce sont des enfants qui sont alors placés dans des maisons d'enfants à caractère social ou dans des familles d'accueil agréées. J'ai d'ailleurs lancé une campagne en fin d'année 2021 pour recruter de nouvelles familles d'accueil : l'Hérault compte aujourd'hui 670 assistants familiaux mais il en manque un grand nombre... ».

Le président du Conseil départemental rappelle par ailleurs que beaucoup d'activités économiques ont été mises à mal par la crise sanitaire, ce qui s'est traduit « par une très forte augmentation du nombre de bénéficiaires du RSA, avec un impact de 28 millions d'euros... ». Il déclare, au passage, qu'il serait plutôt favorable au transfert du RSA à l'Etat, indiquant toutefois s'interroger « sur les modalités ».

« Le rythme du nombre de nouveaux habitants qui arrivent dans l'Hérault chaque année est passé de 12.000 à 14.000 lors du dernier recensement, ajoute Kléber Mesquida. Mais quand les gens perdent un emploi, on les retrouve au RSA ! Mathématiquement, le nombre de bénéficiaires de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA, ndlr) augmente lui aussi chaque année, tout comme le nombre de bénéficiaires de la prestation de compensation du handicap (PCH, ndlr). Ces trois allocations de solidarité aux personnes pèsent lourdement sur les charges du Département. Or je rappelle que l'Etat nous rembourse la même somme que l'année du transfert de compétence ! Le reste à charge pour le Conseil départemental est de 230 millions d'euros... Les allocations de solidarité aux personnes représentent 840 millions d'euros sur un budget global de 1,6 milliard d'euros. Le Département est un véritable bouclier social ! »

En 2021, 5.300 bénéficiaires du RSA ont été accompagnés dans un retour à l'emploi, « mais, comme chaque année, 5.000 nouveaux se sont inscrits ». L'élu annonce que « le Conseil départemental va entrer dans le dispositif "Territoire Zéro Chômeur longue durée" au travers d'entreprises à but d'emploi à qui sera versé le RSA et qui, en contrepartie, embaucheront des bénéficiaires du RSA à temps plein pendant deux ans ».

Emprunt et budget serré

L'élu souligne à quel point ces aléas de la crise sanitaire et économique ont affecté le budget 2021 : « Nous n'avions plus de capacité d'autofinancement... Ce qui signifie ne plus faire de travaux ni accorder de subventions aux communes. Il nous fallait emprunter pour nourrir l'activité économique, notamment pour soutenir les investissements en BTP dont le Conseil départemental est un grand donneur d'ordres. Sinon, on s'exposait au risque que les entreprises licencient et que les salariés viennent gonfler les rangs des bénéficiaires du RSA. Nous avons donc emprunté 175 millions d'euros en 2021 : c'est un montant fort mais assumé ».

L'élu pointe toutefois un point positif à cette année de crise et parle d'une « bonne surprise » nichée dans les replis d'un pan majeur de l'économie héraultaise : celle émanant d'une hausse des transactions immobilières sur l'Hérault en 2021, sur le segment de l'immobilier ancien.

« Les 140 millions d'euros perdus en 2020 ont été en grande partie récupérés grâce aux droits de mutation à titre onéreux (DMTO, ndlr) générés par les nombreuses transactions dans l'immobilier ancien, en augmentation en raison de l'attrait des territoires récemment équipés de la fibre. Mais c'est conjoncturel, pas structurel : il y a eu en 2021 moins de logements neufs mis en chantier et dans l'ancien, certains maires, dans certaines petites communes rurales comme Cassagnoles ou La Salvetat-sur-Agout, disent qu'il n'y a plus rien à vendre. Les recettes de DMTO ne seront pas reconduites... D'autant que l'État a décidé de faire des péréquations sur les DMTO afin de redistribuer aux Départements qui n'ont pas autant de recettes. Je suis pour la solidarité mais ça représente 20 millions d'euros que l'État nous ponctionne ! C'est la double punition : on nous prive d'une partie des recettes alors que nos charges augmentent. »

Résultat : un budget primitif 2022 qui s'annonce très ajusté : « Je serre les boulons partout et je suis sévère sur tous les engagements car il nous faut être encore plus rigoureux ! ».

Collège, numérique, santé...

Le président du Département de l'Hérault confirme que la collectivité va continuer d'investir dans les équipements publics, au regard notamment des besoins de la population qui augmente : « Nous allons lancer trois nouveaux collèges la même année à Montpellier-Port Marianne, Juvignac et à Maraussan, au nord de Béziers, soit un investissement de 70 millions d'euros ».

Parmi les autres projets-phares du mandat, Kléber Mesquida évoque le plan Hérault numérique dans le cadre du plan France Très Haut Débit : à ce jour, il a permis le raccordement de 140.000 prises sur les 230.000 des 286 communes concernées, soit un investissement de 384 millions d'euros, dont 33 millions d'euros pris en charge par le Département, la Région Occitanie et l'Etat.

L'élu confirme également une aide à l'insertion professionnelle pour les jeunes de 18 à 25 ans, des investissements sur l'eau, sur le littoral, sur le programme numérique éducatif. La collectivité va lancer son plan alimentaire territorial, dans lequel s'inscrit l'engagement de 100% de produits bio dans les cantines à horizon de fin de mandat (contre 60% aujourd'hui).

« Pour lutter contre les déserts médicaux, nous allons augmenter l'aide à l'installation des médecins à travers l'accueil - bâtiments, logements - à condition qu'on soit dans une logique de territoire, c'est à dire là où il y a des besoins », ajoute-t-il.

« Quand on atteint le fond, on ne peut que remonter ! »

L'élu redit sa déception quant au contenu de la loi 3D (décentralisation, différentiation, déconcentration) : « La vision terrain manque dans les ministères. J'étais contre le découpage des régions car il me semblait qu'il éloignait du citoyen mais finalement, il a renforcé le rôle du Département. Mais je trouve décevant de ne pas avoir profité de cette loi 3D pour faire une vraie déconcentration et donner plus de pouvoirs aux Départements. Nous demandons une certaine autonomie et de la décentralisation, nous ne sommes pas entendus. Il existe un écart entre les besoins des territoires et la bureaucratie des ministères... ».

Quant aux difficultés de la gauche à se rassembler et à la candidature du Parti socialiste aux élections présidentielles à monter en puissance, Kléber Mesquida assure de sa fidélité à la candidate socialiste.

« J'ai toujours pris parti dans les campagnes électorales, y compris quand nous étions très bas, ce qui est le cas de ma formation politique */encore aujourd'hui, déclare-t-il. Mais quand on atteint le fond, on ne peut que remonter ! Je suis un fidèle et si elle va au bout de sa candidature, je soutiendrai Anne Hidalgo. Et je soutiendrai les candidats aux législatives. D'autant que je suis étonné de l'action des parlementaires dans le département : j'ai toujours considéré que les députés étaient les porte-voix d'un territoire, et qu'ils ne sont pas là pour soutenir pieds et poings liés des politiques qui ne servent pas le territoire ! »

Cécile Chaigneau

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