Festival Radio France : « Nous sommes dans un moment particulier du point de vue du financement de la culture » (Michaël Delafosse)

Avec un budget global en hausse et un recentrage stratégique sur Montpellier, la 38e édition du festival Radio France Occitanie Montpellier, événement majeur de la musique classique du 17 au 28 juillet prochain, est un atout de poids pour la dernière ligne droite de la candidature Montpellier Capitale européenne de la culture 2028. Si la structuration des financements évolue, les collectivités territoriales restent mobilisées.
Chloé Dufresne dirigera l'orchestre national de Montpellier le 28 juillet lors d'un grand concert gratuit donné sur l'esplanade de l'Europe.
Chloé Dufresne dirigera l'orchestre national de Montpellier le 28 juillet lors d'un grand concert gratuit donné sur l'esplanade de l'Europe. (Crédits : Festival Radio France Occitanie Montpellier)

En lice parmi quatre finalistes (avec Bourges, Rouen et Clermont-Ferrand) pour devenir Capitale européenne de la culture 2028, la ville de Montpellier doit miser sur ses atouts et continuer à peaufiner sa candidature d'ici le dépôt de dossier final, le 3 novembre prochain. Pour cela, elle doit y mettre le budget nécessaire... et le faire savoir ! L'association Montpellier 2028-Capitale de la culture qui porte la candidature a détaillé, le 19 avril dernier, 35 projets financés en 2023 sur un territoire regroupant 145 communes (dont la ville de Sète) pour un budget total de 700.000 euros autour de trois axes artistiques : L'eau qui nous relie, Futur en séries et Trans.

Depuis le lancement de la candidature Montpellier-Sète le 31 mars 2022, tout a été fait pour afficher un front uni et des décisions collectives ambitieuses. Le 4 avril dernier, la présentation de la 38e édition du festival Radio France, événement majeur de la musique classique dans l'Hexagone depuis sa création en 1985, confirmait le recentrage du festival sur son territoire historique montpelliérain et la nomination de Michel Orier, directeur de la musique et de la création à Radio France, comme successeur de Jean-Pierre Rousseau à la tête du festival. Mais le fait le plus marquant ce jour-là était une annonce d'une hausse des subventions publiques.

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Une mutation des financements

À commencer par une augmentation de la subvention accordée par la Métropole Montpellier. Un souhait du président de la collectivité territoriale, Michaël Delafosse (également maire) : « C'était un de mes engagements : que le festival se recentre sur Montpellier, qu'une grande partie de son énergie retrouve sa base et s'épanouisse pleinement sur son territoire d'origine. Il y aura un changement progressif des financements, petit à petit la Métropole compensera là où la Région (Occitanie, NDLR) se retirera ».

Dans les faits, le financement de la région Occitanie passe de 1,6 million à 1,3 million d'euros tandis celui de Montpellier Métropole s'élève à 744.000 euros, soit 300.000 euros de plus que l'année précédente. Le soutien de la Ville de Montpellier, de 50.000 euros, ne change pas alors que la participation du Département de l'Hérault est désormais de 60.000 euros (+10.000 euros).

« Le festival Radio France est le festival le plus aidé par la Région Occitanie, affirme Christian Assaf, conseiller régional, au nom de la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga. Avec l'arrivée de Michel Orier à la tête du festival, nous sommes en train d'assister à une renaissance de ce festival qui s'accompagne d'une mutation de ses financements. Les financements régionaux serrés s'en ressentent même s'ils restent à un niveau élevé, et progressivement le leadership financier des collectivités locales appartiendra à la Métropole, en bonne intelligence. Ce qui nous permettra de nous redéployer sur des festivals de la Métropole de Montpellier ou à proximité. Et permettra à Montpellier d'incarner une sorte de repère de la politique culturelle régionale. »

Autre grande nouveauté du budget du festival : la présence de l'État, qui subventionne pour la première fois de son histoire la manifestation culturelle montpelliéraine à hauteur de 50.000 euros.

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Moins d'événements gratuits

Autant dire que tous les indicateurs sont au beau fixe pour un budget qui évolue de manière positive, notamment en raison de l'augmentation des subventions publiques, passant de 2,164 millions d'euros à 2,224 millions d'euros. Un fait assez rare en ces temps de crise, démontrant une volonté politique dépassant les simples enjeux culturels.

L'édition 2023 du festival affiche également une hausse de la part des ressources propres (mécénat et billetterie), s'élevant à 484.000 euros, soit 162.000 euros supplémentaires par rapport à 2022. Sans doute en raison de la forte baisse du nombre d'événements gratuits, changement aussi discret que notable, malgré l'annonce du retour du concert gratuit de l'Orchestre national de Montpellier sur l'esplanade de l'Europe.

Le choix est totalement assumé par Michel Orier, le  nouveau directeur du festival : « La gratuité faisait partie des marqueurs d'origine du festival à sa création en 1985. De nombreuses études ont depuis été publiées sur le sujet, démontrant que la gratuité n'était pas le meilleur moyen de toucher des publics qui restaient éloignés de la culture. Cela reste un des festivals de musique classique les moins chers du circuit ! » .

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« Comment continuons-nous à faire de la culture ? »

À la clé de la candidature commune Montpellier-Sète intitulée " Partageons nos imaginaires " : une visibilité européenne amplifiée. La ville française qui sera officiellement désignée Capitale européenne de la culture en décembre 2023, aux côtés d'une ville de la République tchèque, se verra également remettre le prix Melina Mercouri, financé par l'Union européenne et s'élevant à pas moins 1,5 million d'euros. Un pactole qui tomberait à pic dans un contexte économique plutôt défavorable à la culture, entre la hausse des coûts en lien avec l'inflation de l'énergie et la hausse des cachets des artistes comme des différents frais annexes.

« Nous sommes dans un moment particulier du point de vue du financement de la culture, souligne Michaël Delafosse. Il nous faut questionner les ingénieries pour toujours défendre la liberté de programmation dans un cadre budgétaire défini.  Avec Valérie Chevalier (directrice générale de l'Opéra Orchestre national Montpellier, NDLR), nous avons retravaillé la programmation mais nous n'avons pas fermé l'opéra. Il y a des endroits où les musées sont fermés en ce moment... La question, c'est comment continuons-nous à faire de la culture ? Les modèles sont invités à bouger. Toutes les écoles des beaux-arts sont à deux doigts de fermer en France alors que notre école semble protégée du fait qu'elle soit rattachée au MO.CO. Nous sommes en train de travailler actuellement à un modèle de fusion de l'EPIC du domaine d'O et du Printemps des Comédiens pour demain faire une grande Cité européenne du théâtre. »

A Montpellier, l'Europe n'a jamais été autant au coeur des discours politiques.

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