Cybersécurité : Montpellier vise le leadership régional

Le 6 octobre, une visite du préfet de l'Hérault chez les start-ups Seclab et Ziwit a permis de préciser les contours que pourrait prendre un cluster en cybersécurité et cyberdéfense. De fait, les acteurs de l'écosystème montpelliérain veulent prendre les choses en main après l'annonce par la Région, en mai, d'un futur centre de compétences dédié.
X. Facélina (Seclab) et M. Boumediane (Ziwit) préconisent la création d'un pôle régional dédié à Montpellier

Le 6 octobre, lors d'une visite de Pierre Pouëssel, préfet de l'Hérault, chez Seclab et Ziwit, deux fers de lance de l'écosystème montpelliérain en cybersécurité et cyberdéfense, les discussions ont vite tourné autour des conditions d'émergence d'un pole de compétences dédié en région. Pour mémoire, le Conseil régional a annoncé, en mai dernier, la création encore à venir d'un centre technique où "seraient mutualisés tous les outils de cybersécurité disponibles dans la région : il permettrait à toutes les TPE et PME, de tous les secteurs d'activités, d'améliorer leur système informatique afin de protéger au mieux leurs données", selon la description faite par la vice-présidente, Nadia Pellefigue.

Le vivier montpelliérain

Toutes deux créées en 2011 à Montpellier, Seclab et Ziwit comptent parmi les huit éditeurs de solutions et fabricants de matériel installés sur la métropole, auxquel se rajoutent une vingtaine de SSII. D'un côté, Seclab est spécialisée en sécurité défensive (solutions hardware pour sites industriels critiques) et de l'autre côté, Ziwit s'est imposée en leader européen de la sécurité offensive (solutions de détection de failles de sécurité).

Fondateur de Ziwit, Mohammed Boumediane est également vice-président du cluster numérique régional FrenchSouth.digital et, depuis quelques jours, le nouveau référent pour le réseau thématique cybersécurité de la French Tech Montpellier. Selon lui, la masse critique d'offreurs de solutions positionnés à Montpellier justifierait d'y installer un futur pôle régional.

"Des acteurs de poids tels que l'Anssi (agence nationale de la sécurité des systèmes d'information, NDLR) ont identifié Montpellier comme un territoire où les start-ups de la cybersécurité ont réussi leur passage du stade de projets à celui d'entreprises de niveau international, explique-t-il. Or tout cluster doit être porté par des éditeurs. Ils sont plus nombreux ici qu'à Toulouse, où se trouvent essentiellement des intégrateurs et des SSII. Si ce niveau d'expertise est nécessaire et utile aux éditeurs, il n'arrive qu'en deuxième dans une démarche de clusterisation."

"Il existe à Montpellier un vivier et même plus : un historique sur les compétences en hardware et en cryptographie grâce au Lirmm (Laboratoire d'informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier, créé en 1992 - NDLR), confirme Xavier Facélina, fondateur de Seclab. Il a accéléré la création de nombreuses start-ups et l'installation d'unités R&D par des sociétés étrangères. Un bon argument en faveur du cluster est que ces entreprises ne sont pas concurrentielles entre elles, ce qui facilite la coopération."

De plus, toujours selon Mohammed Boumediane, les pouvoirs publics (ministère de la Défense, Anssi, Direccte) ne sont pas favorables, pour des raisons d'efficacité, à la multiplication et la dispersion des pôles de compétences en cybersécurité sur le territoire national - et, a fortiori, sur le territoire régional. Or la région de Grenoble compte déjà un cluster actif sur le sujet.

Discussions en cours

Mais un pôle régional en Occitanie pour quoi faire ? Le cluster grenoblois s'étant spécialisé dans le software, l'orientation préconisée par Seclab et Ziwit tourne autour des solutions en cybersécurité et cyberdéfense conçues et fabriquées à Montpellier... sans négliger l'apport de l'écosystème toulousain.

"Nos offreurs de solutions sont des constructeurs, des concepteurs techniques, ou sont positionnés dans le firewall et le smartphone : autant d'éléments intéressants pour des intégrateurs toulousains, souligne Xavier Facélina. Il y a une synergie commerciale à trouver avec eux, notamment dans la conquête de marchés extérieurs."

Autre effet d'entraînement né à Montpellier : la création, annoncée en juillet, de Stratinvest, le premier fonds d'investissement stratégique en cybersécurité, porté par Mohammed Boumediane. Doté de 6 M€, avant le renfort imminent d'un industriel de poids dans la défense, il pourrait sélectionner ses premiers projets en fin d'année, sur des tickets allant de 500 000 à 1 M€.

"Il est aujourd'hui très difficile de financer la cybersécurité, car d'un côté, les investisseurs n'ont pas la capacité d'analyser les produits développés par les start-ups, et de l'autre, les ingénieurs ne connaissent rien en marketing et la façon de se vendre", précise Mohammed Boumediane.

Les discussions pour la création d'un pôle régional dédié sont en cours, et impliquent notamment la Direccte Occitanie, FrenchSouth.digital et les agences économiques régionales Madeeli et Transferts. Mohammed Boumediane en livrait sa vision dans une tribune écrite en 2016 pour Objectif Languedoc-Roussillon, et accessible sur ce lien.

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Commentaire 1
à écrit le 24/11/2019 à 22:01
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Bonjour, je suis Hélène Kouakou, étudiante en 1 ère année à Supinfo Montpellier. Je vous écris car je souhaiterais effectuer un stage de découverte du monde informatique dans votre entreprise, d'une durée de 2 mois et seulement les mercredis si poss...

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