5e Prix PEPITE : l'entrepreneuriat étudiant explose

La finale nationale du Prix PEPITE, destiné à soutenir les projets d'entreprise portés par les étudiants et jeunes diplômés, s'est déroulée le 15 novembre à Montpellier, en présence de Bernard Larrouturou, directeur général de la recherche et de l'innovation. Cette 5e édition a confirmé la montée en puissance du phénomène en France, avec des projets de plus en plus structurés, voire déjà profitables.
Les 53 lauréats du concours PEPITE 2018
Les 53 lauréats du concours PEPITE 2018 (Crédits : Pepite France)

Salle bondée, vivats accueillant chaque résultat, partenaires économiques et institutionnels présents en masse : la finale 2018 du Prix PEPITE-Tremplin pour l'entrepreneuriat étudiant, qui se déroulait le 15 novembre au Pôle Chimie Balard de Montpellier, a illustré la puissance de ce dispositif lancé en 2014 par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. Cette 5e édition était, pour la première fois, exclusivement réservée aux étudiants (60 % des dossiers) et aux jeunes diplômés bénéficiant déjà du statut national d'étudiant-entrepreneur (SNEE).

L'âge de la maturité

Le 5e Prix PEPITE a reçu 381 candidatures et a permis de récompenser 145 lauréats régionaux, autorisés ensuite à concourir pour cette finale nationale. Sur les 53 porteurs de projets lauréats, 22 % sont en doctorat, 45 % sont ingénieurs, et 15 % issus d'écoles de commerce. Un lauréat sur trois est une femme, tandis que l'âge moyen des candidats s'établit autour de 24 ans.

Les 53 lauréats, choisis par un jury national, reçoivent une dotation de 5 000 ou de 10 000 € remis à la création effective de l'entreprise. Les secteurs d'activité les plus représentés sont le commerce de détail, hors automobile et moto (6 %), le commerce de gros (8 %), les équipements informatiques, électroniques et optiques (12 %) et la programmation informatique et conseils annexes (21 %).

"J'ai été surprise par la maturité des dossiers présentés, indique Séverine Sigrist, présidente du jury et du pôle de compétitivité Alsace BioValley. Nous avons privilégié des items comme le degré d'innovation, la pertinence du projet par rapport à une concurrence existante, et la qualité générale du dossier... et tous les candidats les réunissaient. La différence s'est donc faite sur la maturité des projets ou des entreprises créées, dont certaines dégagent déjà du chiffre d'affaires. Si le Prix PEPITE révèle traditionnellement un besoin d'innover, c'est ce phénomène de maturité des business plans qui ressort cette année."

Les trois grands prix, dotés de 20 000 € chacun, ont été décernés à Lauriane Renaud pour µP (quantification innovante de polluants dans l'eau et l'environnement), Solène Seiler pour Le Cozy Corner (seconde vie du mobilier provenant de professionnels) et Barnabé Chauvin de CogniMap (solutions pour la création automatique de contenus par IA). L'Occitanie affiche neuf lauréats régionaux, dont les projets vont de la culture de champignons par marc de café, à la création d'un lieu pédagogique autour de l'aquaponie, en passant par une vignette connectée pour faciliter la vie de l'automobiliste.

L'innovation multiforme

Par comparaison, un dispositif plus large, le concours i-Lab (anciennement Concours de la création d'entreprises innovantes, lancé en 1998), vise à valoriser la recherche et les écosystèmes d'innovation français, à travers notamment l'émergence des "DeepTech" (projets d'entreprises issus de la recherche). De son côté, le concours PEPITE vise la création d'entreprises par les étudiants et les élèves des écoles de l'enseignement supérieur : s'il prend de la hauteur aujourd'hui, c'est pour faire passer un autre message clef de cette 5e édition, sur lequel insiste Bernard Larrouturou, directeur général de la recherche et de l'innovation, présent pour la cérémonie.

"Les DeepTech sont un enjeu important, mais ne sont pas l'unique ciblage : la diversité des 53 lauréats démontre une large dynamique de l'innovation, qui n'est pas que technologique et qui ne sort pas que de la recherche, commente-t-il. La vraie innovation, c'est celle des porteurs de projet. Les lauréats de PEPITE réussissent car ils font preuve d'ouverture, d'innovation sur l'ensemble des sujets de la création d'entreprise. De plus en plus d'étudiants réfléchissent en ces termes. C'est un vrai changement depuis dix ans, dans une dynamique sans doute plus forte que dans d'autres pays."

Preuve que les mentalités bougent, l'essor de l'entrepreneuriat étudiant interpelle jusqu'aux financeurs : la Banque Populaire est devenue, depuis 2015, le partenaire de référence de PEPITE. Elle a mis en place le dispositif "Pépite Factory", par lequel chaque établissement régional de la banque s'implique dans les 30 pôles PEPITE répartis sur le territoire national.

"Cette approche nous permet de faire un accompagnement de A à Z de l'étudiant avec du coaching en amont, une ouverture de compte en offrant les frais d'immatriculation si le projet est plus mûr, ou encore une solution de financement de sa R&D et de son développement s'il porte le projet plus loin", décrit Marie Gendre, directrice du marché des particuliers Banques Populaires.

Depuis la création du SNEE en 2014, les demandes de dossier sont passées de 1 000 à 5 000 par an. Le concours PEPITE lui-même a permis de distinguer 260 projets en cinq ans, qui ont débouché sur 200 créations d'entreprise.

Le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation lui-même a mobilisé 3 M€ depuis que le concours existe. Face à la force du phénomène, Bernard Larrouturou indique que la ministre Frédérique Vidal devrait faire, en janvier 2019, des annonces sur de nouvelles actions visant à renforcer encore l'entrepreneuriat étudiant.

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