Sécheresse : les Pyrénées-Orientales passent en situation de "crise", niveau d’alerte maximal

De nouvelles restrictions sont mises en œuvre à partir de ce 10 mai dans les Pyrénées-Orientales : la quasi-totalité du département est placée en situation de "crise", le plus haut niveau d'alerte, en raison d'une sécheresse historique. Dans un soucis de ne pas opposer les usages, le préfet demande un « effort collectif » afin d’ « atteindre un maximum d’économie d’eau avec un minimum d’impact économique, social et environnemental ».
A compter du 10 mai, une partie du département des Pyrénées-Orientales est placée en situation de crise, le plus haut niveau d'alerte, en raison d'une sécheresse historique, et le préfet renforce les restrictions agricoles, notamment l'arrosage.
A compter du 10 mai, une partie du département des Pyrénées-Orientales est placée en situation de "crise", le plus haut niveau d'alerte, en raison d'une sécheresse historique, et le préfet renforce les restrictions agricoles, notamment l'arrosage. (Crédits : Reuters)

Selon le comité Ressource en eau des Pyrénées-Orientales, réunissant l'ensemble des partenaires impliqués dans la gestion de la sécheresse (collectivités, usagers, experts, associations et services de l'État), la situation de sécheresse qui frappe le département catalan est historique, avec une intensité et une durée qui n'ont pas d'équivalent depuis le début des relevés météorologiques (1959) « et probablement, bien au-delà ».

Ainsi, le déficit de pluviométrie reste très exceptionnel : entre -60 et -65 % sur les douze derniers mois. Quant aux niveaux constatés dans les cours d'eaux, dans les barrages et dans les nappes souterraines, ils restent « particulièrement problématiques ».

Jusqu'alors en "alerte renforcée", le département des Pyrénées-Orientales passe donc, suivant un arrêté préfectoral, en "crise sécheresse" à compter du 10 mai et jusqu'au13 juin. Sont concernés les bassins versants et nappes de l'Agly et de la Têt, les deux principaux fleuves du Roussillon, où se concentre l'activité agricole, ainsi que les nappes des Aspres (zone montagneuse) et de la bordure côtière où se situent les stations balnéaires d'Argelès-sur-mer, Collioure ou Canet-en-Roussillon. Il s'agit là du niveau d'alerte maximal...

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Juste partage de l'effort collectif

Les zones ciblées « connaissent en effet une situation d'insuffisance marquée et durable de la ressource en eau ne permettant pas de faire face jusqu'à la fin de l'été à l'ensemble des usages, qu'il convient d'anticiper par une réduction des prélèvements d'eau destinée à sécuriser, jusqu'à la fin de l'été, les usages prioritaires de l'eau, en particulier eau potable et sécurité incendie », écrit la préfecture des Pyrénées-Orientales,

Le préfet assure avoir été attentif à ne pas opposer les usages, dans au juste partage de l'effort collectif : agriculture, autres activités économiques, vie quotidienne, débits dans les rivières. La préfecture indique que « la concertation a permis d'adapter, dans une logique d'intelligence collective, un certain nombre de dispositions pour, au final, atteindre un maximum d'économie d'eau avec un minimum d'impact économique, social et environnemental ».

La semaine dernière, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, avait déclaré que « pour anticiper l'été 2023, les préfets ne doivent pas avoir la main qui tremble lorsque des décisions de restriction sont nécessaires »...

Ventes de piscines suspendues

Plusieurs mesures d'interdiction sont donc tombées. Est proscrit l'arrosage des pelouses, des espaces verts, des espaces sportifs, des terrains de golf (sauf les greens de 20h à 02h, seulement si l'eau est issue d'un système de réutilisation) ou des potagers. Le lavage des voitures par les particuliers (en dehors des stations de lavages professionnelles équipées d'un système de recyclage d'au minimum 70% d'eau) et de tous les véhicules nautiques (bateaux, jet-ski...), à moteur ou non, est également interdit.

Le remplissage et l'appoint en eau de l'ensemble des piscines et bassins à usage privé (maison individuelle, gîte, copropriété, meublé de tourisme) tombent aussi sous le coup d'une interdiction, et la vente, la cession, la location ou la pose de piscines et bassins pouvant être directement installés par les particuliers est suspendue.

Le remplissage des piscines à usage collectif (piscine municipale, hôtel, camping, résidences de tourisme, parc de loisir) doit « se limiter strictement aux quantités imposées et la vidange des piscines dans le milieu naturel est soumise à la validation de l'ARS ». 


Le fonctionnement des douches de plage ou d'autres dispositifs de nettoyage sur les plages ainsi que le fonctionnement des fontaines publiques et privées, y compris en circuit fermé, sont interdits.

« A moins d'un miracle climatique »...

Le préfet renforce aussi les restrictions d'irrigation agricole. Pour les zones en niveau de crise, les prélèvements agricoles sont interdits.

Toutefois, restent autorisés « l'abreuvement des animaux sans restriction, l'arrosage des cultures maraîchères en plein-champs (en réduisant de 80% les prélèvements en système d'irrigation gravitaire, de 50% en système d'irrigation localisée, ou de 40% pour les cultures sous-abri), l'arrosage des cultures hors-sol (en réduisant les prélèvements de 30%), l'arrosage des arbres, arbustes et vignes plantés de moins de trois ans (en réduisant les prélèvements de 50%), et l'arrosage des arbres, arbustes et vignes (en réduisant les prélèvements de 80% pour les systèmes d'irrigation gravitaire et de 50% en système d'irrigation localisée) ». 


« C'est moins pire que de n'avoir pas d'eau du tout mais arroser avec moins 50%, cela va avoir des conséquences : les craintes que l'on avait seront démultipliées et là, on est qu'en début de saison, déclare Bruno Vila, président de la Fédération départementale des exploitants agricoles. Il faut être réaliste : à moins d'un miracle climatique, on ne reviendra pas en arrière jusqu'à l'automne, sur le plan économique, cela va être compliqué. »

En visite le 6 mai dernier dans les Pyrénées-Orientales, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau avait tenté de rassurer les agriculteurs, en promettant des indemnisations des pertes subies à cause de la sécheresse exceptionnelle : « C'est une situation de crise comme le Covid". (...) On couvrira la perte de récoltes ou la perte de fonds », a-t-il annoncé, en allusion aux arboriculteurs susceptibles de perdre non seulement leur récolte mais également leurs arbres.

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Dans les Pyrénées-Orientales, le manque de précipitations provoque également un assèchement de la végétation, facilement inflammable, qui tient les pompiers en alerte maximale. A l'approche de l'été, ils s'attachent à constituer des réserves d'eau, parfois dans des cuves à vin désaffectées, avec de l'eau récupérée dans des piscines, pour ne pas pomper dans le réseau d'eau potable. Ce mercredi 10 mai, une cellule de crise rassemblant pompiers, services de l'Etat et élus locaux, est convoquée en préfecture à Perpignan.

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