« A la reprise, il faudra être parmi les aéroports choisis par les compagnies » (Emmanuel Brehmer)

Un an après le début de la pandémie mondiale du Covid-19, les aéroports figurent parmi les plus impactés. A Montpellier, le tarmac reste peu encombré alors que la saison s’apprête à démarrer. Emmanuel Brehmer, le président du directoire, continue d’afficher combattivité et confiance, et se félicite du soutien préservé de la compagnie Transavia, qui vient d’annoncer l’ouverture de quatre nouvelles destinations au départ de Montpellier.
Cécile Chaigneau
La compagnie aérienne Transavia, filiale low-cost du groupe Air France-KLM, a ouvert une base sur l'aéroport de Montpellier au printemps 2020, au moment où démarrait la pandémie mondiale.
La compagnie aérienne Transavia, filiale low-cost du groupe Air France-KLM, a ouvert une base sur l'aéroport de Montpellier au printemps 2020, au moment où démarrait la pandémie mondiale. (Crédits : Frédéric Reglain)

Le 16 mars, Transavia la filiale low-cost du groupe Air France-KLM, annonçait l'ouverture de quatre nouvelles destinations au départ de Montpellier pour la période estivale : deux vers la Corse (Figari et Calvi, un vol par semaine à partir du 12 juin et du 3 juillet) et deux routes internationales vers Stockholm et Berlin (un vol par semaine à partir du 11 juin et du 10 juillet).

Une bonne nouvelle pour l'aéroport de Montpellier Méditerranée, plombé, comme toutes les infrastructures aéroportuaires, par la crise sanitaire ?

« Après une arrivée dans les pires conditions en 2020, Transavia confirme et conforte sa montée en puissance en ajoutant aujourd'hui deux magnifiques destinations domestiques et deux prestigieuses destinations européennes à partir de Montpellier », commente Emmanuel Brehmer, le président du directoire de de l'Aéroport de Montpellier-Méditerranée.

Rappelons en effet que la compagnie avait ouvert une nouvelle et 4e base en France au printemps 2020, avec deux avions basés et 20 destinations annoncées, pour un premier vol initialement prévu le 3 avril 2020 et empêché par la pandémie...

Le soutien de Transavia

Un an après le début de la crise sanitaire, Emmanuel Brehmer veut afficher de la confiance.

« On a pris une secousse financière comme tout le monde, l'aérien étant parmi les secteurs les plus touchés par la crise, commente-t-il alors que les bonnes nouvelles de Transavia arrivent. Heureusement, nos fonds propres nous permettent de traverser la crise sans toucher à notre potentiel humain en effectifs et en rémunération (150 salariés pour la société aéroportuaire, sur un total de 2.000 personnes travaillant sur le site, NDLR). C'est possible aussi bien sûr grâce au soutien de l'État via le PGE et le chômage partiel que nous avons actionné au maximum (il refuse de communiquer des données financières, NDLR). On a passé le plus dur, j'espère ! On a la chance, ce qui nous a permis d'amortir 2020, d'avoir ce partenaire Transavia qui maintient sa base. Il faut rappeler que pendant l'été, et malgré la crise, Transavia a ouvert 12 destinations. Ce trafic estival nous a permis de compenser les pertes. »

Bilan 2020 : « Un peu plus de 800.000 passagers alors qu'on avait prévu de dépasser les 2 millions (et 1,93 millions de passagers en 2019, soit une perte de 56%, NDLR). On était à près de 20.000 mouvements commerciaux et on en a réalisé 9.800 en 2020. En terme financier, il y a évidemment un impact ».

Impact également pour les entreprises dont l'activité dépend de l'aéroport, comme les loueurs de voitures, les hôtels, les taxis ou les prestataires de l'aéroport (sûreté par exemple).

« Ils souffrent tous comme nous, regrette Emmanuel Brehmer. On les a accompagnés autant qu'on a pu avec des exonérations par exemple. »

Trafic safe

Aujourd'hui, l'aéroport tourne au ralenti. Emmanuel Brehmer le dit « en sommeil » et liste « trois ou quatre vols sur Paris, quelques destinations sur Nantes ou Rennes, de temps en temps un vol vers le Maroc... C'est tellement compliqué de remplir un avion pour les compagnies ! On s'attend à mois d'avril également difficile ».

Alors le dirigeant regarde plus loin, en direction d'une encore hypothétique reprise des transports aériens qui ne retrouvera pas son train normal avant un certain temps.

« Aujourd'hui, on mise sur une relance du trafic pour mai-juin et une reprise du trafic business sur septembre-octobre, pronostique-t-il. On veut croire qu'en raison de notre structure de trafic - France, Europe, Maghreb - on pourrait avoir une facilité à rebondir car c'est un trafic safe. Car on imagine qu'au redémarrage, notre clientèle va rechercher un trafic en France, en Europe ou sur le pourtour méditerranéen plutôt qu'à l'autre bout du monde. »

La perspective d'un retour à la normale se prépare. Au moment où la crise sanitaire a éclaté, seize compagnies aériennes travaillaient avec l'aéroport de Montpellier.

« On ne peut se passer de personne aujourd'hui, souligne Emmanuel Brehmer, qui craint de ne pas retrouver la totalité des compagnies sur le tarmac montpelliérain. Transavia sera notre vaisseau amiral, mais c'est compliqué car toutes les compagnies ont des stratégies agressives. Durant la crise, certaines occupent le terrain, d'autres se sont mises en sommeil... En mai, elles vont toutes redémarrer progressivement mais aucune ne sera à plein régime. Donc pour choisir où se positionner au redémarrage, on est tous en concurrence. Il faudra être parmi les aéroports choisis, et ça se négocie en ce moment ».

Tendre vers 3 millions de passagers

Emmanuel Brehmer ne veut pas renoncer à ses ambitions pour l'infrastructure montpelliéraine et planche sur le plan d'ailleurs baptisé « Ambition 2025 » qui, l'espère-t-il, permettra à l'aéroport « d'aller au-delà des 2,5 millions de passagers, de tendre vers les 3 million qu'on estime nécessaires pour la 7e ville de France ».

Et il l'assure : l'aéroport a préservé ses capacités d'investissement, une cinquantaine de millions d'euros dans les cinq prochaines années, notamment pour l'extension de l'aérogare (2 millions d'euros) déjà dans les cartons, alors que l'aéroport vient déjà de réaliser une extension pour accueillir 2,5 millions de passagers.

Une autre question, qui n'est pas nouvelle, constitue un enjeu de taille : celle de la décentralisation de l'État vers les collectivités territoriales. Aujourd'hui, l'État détient 60% du capital de la société aéroportuaire montpelliéraine, la CCI de l'Hérault 25%, le Conseil départemental 7%, la Région Occitanie 6,5%, l'agglomération du Pays de l'Or 1% et la Métropole de Montpellier 0,5%.

Décentralisation

Les actionnaires autres que l'État réclament de prendre la main sur l'aéroport, s'estimant légitimes à être aux manettes d'une stratégie aéroportuaire régionale. Ils l'ont fait savoir dans un courrier adressé début février au ministre des Transports et au ministre de la Cohésion des territoires. Cette demande n'est pas nouvelle : en son temps, Georges Frêche l'avait déjà exprimée, tout comme plus récemment Carole Delga (présidente de la Région Occitanie) et Philippe Saurel (alors président de la métropole montpelliéraine). Mais attention, le sujet est complexe : l'opération serait alors soumise à un appel d'offres et serait la porte ouverte à un opérateur privé...

Pour l'heure, la concession d'exploitation de l'aéroport montpelliérain est acquise à la société aéroportuaire montpelliéraine jusqu'au 31 décembre 2038, « et j'essaie d'obtenir un allongement de cette concession au vu de ce que l'on traverse actuellement », précise Emmanuel Brehmer.

Cécile Chaigneau

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.