Occitanie : comment les ports de plaisance s’engagent dans la transition numérique

Les huit premiers ports lauréats de l’appel à projets "Transition numérique des ports de plaisance" ont été dévoilés le 7 avril à Port-Camargue (Gard). Financé à parité par l’Etat et la Région Occitanie, le dispositif est doté de 1,2 millions d’euros. Mais les lauréats vont devoir mettre la main à la poche pour mener à bien, avant 2025, leurs projets de modernisation des exploitations, de gestion technique des activités portuaires et d’amélioration de la qualité de services.
Le port de plaisance de Port-Camargue, l'un des huit ports lauréats du premier appel à projets Transition numérique des ports de plaisance, veut accélérer sur son projet Smart Grid visant à se doter d'un système de bornes intelligentes et de capteurs embarqués pour faire remonter les consommations de chaque bateau.
Le port de plaisance de Port-Camargue, l'un des huit ports lauréats du premier appel à projets "Transition numérique des ports de plaisance", veut accélérer sur son projet Smart Grid visant à se doter d'un système de bornes intelligentes et de capteurs embarqués pour faire remonter les consommations de chaque bateau. (Crédits : DR)

Barcarès, Canet-en-Roussillon, Cap d'Agde, Carnon, La Grande Motte, Narbonne, Pérols et Port-Camargue sont les huit ports lauréats* du premier appel à projets "Transition numérique des ports de plaisance" lancé dans le cadre du Plan Littoral 21 avec une dotation de 1,2 millions d'euros. Le dispositif, qui vient en complément de l'appel à projet national "Ports de plaisance d'avenir" (2022), vise à engager les 35 ports de plaisance d'Occitanie dans une dynamique de transformation digitale.

« Le numérique est un levier fondamental pour amorcer une véritable transition écologique, a déclaré Pierre-André Durand, préfet de la région Occitanie. Cet appel à projets apporte un soutien concret pour accélérer la montée en gamme des équipements et développer des services numériques adaptés à l'ensemble des usagers : plaisanciers, population locale, touristes. »

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Se démarquer de la concurrence

Travaillant depuis des années sur la question de la transition numérique, l'Union des Villes Portuaires d'Occitanie (UVPO) a fait appel, dès 2020, au bureau d'études gardois Emsys pour dresser un état des lieux dans les ports de plaisance.

« Il est ressorti de cette première étude que la transition numérique était une préoccupation de l'ensemble des ports mais que leurs infrastructures n'étant pas adaptées, des investissements conséquents sont indispensables, rappelle Jacques Lamoulere, président d'Emsys.  Une seconde étude, cette fois de port à port, a été missionnée par l'Etat et la Région Occitanie : au fil de l'eau, une quinzaine de ports se sont engagés avec la conviction d'une nécessaire mutation numérique pour renforcer leur attractivité face à la concurrence existant entre les régions méditerranéennes, en particulier avec les ports espagnols. »

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Inciter à la sobriété énergétique

Les huit projets, qui doivent être réalisés dans le courant de l'année 2023 et 2024, portent sur trois axes majeurs : l'amélioration de la qualité des services à l'usager et des parcours clients (port à sec automatisé, WiFi, réservations via la mise en œuvre d'applications mobiles,...), la modernisation de l'exploitation et de la gestion des activités portuaires (maintenance assistée par ordinateur, vidéosurveillance,...) et enfin un meilleur souci de la question environnementale. Avec en ligne de mire la sobriété énergétique afin d'optimiser les dépenses dans un contexte de raréfaction des ressources et d'inflation.

D'ailleurs, 45% des demandes de subventions portent sur les bornes intelligentes permettant de limiter la consommation d'eau et d'électricité. Ainsi dans les Pyrénées-Orientales, département particulièrement touché par la sécheresse, le bassin d'honneur de Canet-en-Roussillon (1.400 anneaux) en est progressivement équipé. Dans l'Hérault, le maire d'Agde, Gilles d'Ettore, veut intensifier les efforts entrepris tout en appelant les plaisanciers à une consommation responsable : « Nous menons un chantier test pour identifier les amarrages où il y a les plus grosses consommations, et nous saurons ainsi qui dérape et qui faire payer car sinon, cela tend les relations entre plaisanciers ».

Monitoring centralisé auprès de la capitainerie

De son côté, Port-Camargue, plus grand port de plaisance d'Europe (5.000 anneaux), entend accélérer sur le projet Smart Grid (initié en 2019). Ce système de bornes intelligentes et de capteurs embarqués permet de faire remonter la consommation de chaque bateau et d'assurer un monitoring centralisé auprès de la capitainerie. Objectif affiché : réduire de 10 à 20% la consommation d'eau et d'électricité dès les premières années.

En parallèle, le port de plaisance, qui s'est vu doté de la plus forte subvention (364.000 euros), mène de front de multiples projets visant à accompagner les usages des plaisanciers dans les domaines de la sécurité (installation de barrières à lecture de plaques minéralogiques), du travail ou encore de la biodiversité.

« De nombreux plaisanciers utilisent leur bateau comme résidence secondaire et/ou viennent y travailler plusieurs fois par semaine, constate Jean-Romain Brunet, le directeur du port. Il nous appartient de proposer un Wifi qui fonctionne. Nous avons aussi mis à leur disposition le Spot Nautique, un espace de coworking. Port-Camargue est également engagé sur le respect de la biodiversité : nous allons construire de nouveaux sanitaires assurant une gestion raisonnée de l'eau. »

« Le plan Littoral 21 est un acte fort et cet appel à projet va nous permettre d'accompagner toute cette démarche vertueuse », assure Robert Crauste, le maire du Grau du Roi.

Nouvel appel à projets en juin

Pour cette première session, les huit ports retenus devront participer de façon conséquente au financement, le montant total des investissements étant estimé à 3,4 millions d'euros.

« La Région a dégagé d'énormes moyens pour être à la hauteur des besoins des plaisanciers et accompagner les filières dans des réponses adaptées en termes de transition numérique et environnementale, déclare Didier Cordoniou, premier vice-président de la Région Occitanie chargé du littoral. Celles-ci permettront aux ports de proposer une offre de services différenciante, tout en garantissant un niveau minimum d'interopérabilité avec les solutions numériques des autres ports. Il est essentiel d'avoir une perspective de mutualisation pour que l'expérience client soit cohérente à l'échelle du littoral d'Occitanie. »

Le déblocage d'une nouvelle enveloppe du même montant d'1,2 millions d'euros vient d'être annoncé par le préfet de la région. Les appels à projet seront ouverts au mois de juin mais déjà les ports de Banyuls, Argelès, Port Leucate, Port-La-Nouvelle, Sète et Palavas se sont positionnés pour entrer dans la course.

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* Subventions attribuées aux huit ports lauréats : Le Barcarès, 101.124 euros ; Canet-en-Roussillon, 155.109 euros ; Narbonne, 46.160 euros ; Pérols, 14.550 euros ; Cap d'Agde, 188.373 euros ; La Grande Motte, 259.079 euros ; Carnon, 130.683 euros ; Port-Camargue, 363.972 euros.

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