Ce que va faire le Celimer, nouveau centre de recherche du littoral et de la mer à Sète

A Sète, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) s’agrandit avec le Centre du littoral et de la mer (Celimer). Cette extension, dont le montant d’investissement est de 6,1 millions d’euros, vise à renforcer les capacités de recherche et d’innovation des partenaires en sciences marines, à croiser les compétences public/privé et à accroître la visibilité internationale des acteurs de l’économie bleue.
Le Celimer vient renforcer les capacités de recherche sur le fonctionnement et la résilience des écosystèmes marins et apporter de la donnée sur l’économie halieutique et conchylicole, de plus en plus en tension.
Le Celimer vient renforcer les capacités de recherche sur le fonctionnement et la résilience des écosystèmes marins et apporter de la donnée sur l’économie halieutique et conchylicole, de plus en plus en tension. (Crédits : SM2 Solutions Marines)

« Le Celimer va permettre de renforcer les capacités de recherche et d'innovation des partenaires dans plusieurs domaines : compréhension de la dynamique océanique, fonctionnement et résilience des écosystèmes marins, restauration écologique, approches systémiques de la biodiversité, détaille Vincent Rigaud, directeur du centre Ifremer Méditerranée, le 2 juin dernier, lors de son inauguration à Sète. L'idée est d'observer et de modéliser l'impact de l'environnement, du changement climatique et des activités anthropiques sur l'économie halieutique et conchylicole. »

Le Centre du littoral et de la mer (Celimer) est issu d'un partenariat scientifique entre l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) et l'IRD, auxquels sont associés le CNRS et l'Université de Montpellier. Réalisé dans le cadre du Contrat de Plan Etat-Région 2015-2020, ce projet de 6,2 millions d'euros*, s'inscrit dans une volonté d'accompagner le développement d'une économie bleue durable et innovante.

« Le Celimer est la parfaite illustration de la méthode que nous proposons pour imaginer l'avenir du littoral et de la Méditerranée : l'action partenariale en pack » a déclaré, lors de l'inauguration, le conseiller régional Sébastien Denaja.

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Modélisation des écosystèmes

Avec ses 24 sites dont trois en Occitanie, l'Ifremer (1.500 salariés, budget de 240 millions d'euros) est reconnu dans le monde entier comme l'un des tout premiers instituts en sciences et technologies marines.

Sur le site sétois (une centaine de collaborateurs), l'unité mixte de recherche Marbec (MARine, Biodiversity, Exploitation et Conservation) est spécialisée dans les approches écosystémiques de pêche et d'aquaculture, deux activités majeures du territoire.

Accolé au bâtiment principal de la station Ifremer, le nouvel espace du Celimer (1.000 m2) dispose d'un amphithéâtre, le "Scénario Lab", modulable en espaces de conférences, de réunions, de démonstration mais aussi de simulation.

« Cet outil nouvelle génération a été imaginé comme un espace d'échanges visant à favoriser l'innovation et le travail autour de plusieurs scénarios tout en renforçant les liens entre les recherches collaboratives public-privé, assure Vincent Rigaud. Des conférences internationales y seront organisées. »

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IoT marin

Doté d'équipements nouvelle génération, le Celimer dispose notamment d'un biologging-lab dédié au développement d'instruments d'observation de la faune marine dans son environnement. L'étude des animaux marins au moyen de marques électroniques (biologging) a pris un essor considérable ces dernières années. L'UMR a d'ailleurs développé une expertise en la matière, notamment sur plusieurs espèces de thons.

« Ces puces électroniques permettent de suivre les poissons, de connaître leur trajectoire, de mesurer leur physiologie, leur température, leur taux de gras, synthétise le directeur du centre Ifremer Méditerranée. Ce n'est pas nouveau (l'Ifremer avait d'ailleurs investi dans la société toulousaine Collecte Localisation Satellite avant de revendre ses parts pour près de 50 millions d'euros, NDLR). Mais nous souhaitons aujourd'hui faire converger ces technologies en nous développant au niveau national dans l'IoT marin. »

Les équipes de recherche travaillent également sur de nouvelles applications halieutiques comme l'ADN environnemental qui repose sur le prélèvement et l'analyse de l'ADN présent dans un environnement. Jusqu'à maintenant, pour compter les poissons, il faut les pêcher. Demain (d'ici vingt ans ?), il suffira de ramasser un peu d'eau pour compter leur nombre. La technique, pas encore opérationnelle, est prometteuse, et surtout elle va dans le sens d'une pêche responsable et durable.

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Quatre startups hébergées

D'autres innovations intéressent Ifremer. Une aile du bâtiment du Celimer, dédiée à des jeunes entreprises innovantes de l'économie bleue, accueille actuellement quatre startups : BiOceanOr, spécialiste de l'analyse prédictive de la qualité de l'eau (principalement pour l'aquaculture), Seaducer, spécialisée dans les tables connectées pour la conchyliculture, Diag4zoo, expert en biosécurité, et Seanamat, qui développe des outils de pêche et aquaculture biodégradables

« Nous ne sommes ni incubateur, ni pépinière d'entreprises, précise Vincent Rigaud. L'idée est d'accueillir au sein du laboratoire des projets d'innovations pendant quelques mois. »

L'Ifremer investit d'ailleurs parfois dans ces pépites. C'est le cas dernièrement pour BiOceanOr, société créée par un ancien doctorant de l'Ifremer.

« Au vu de l'évolution du climat et des pressions, les secteurs halieutiques et conchylicoles sont en tension, constate le directeur Ifremer Méditerranée. Il n'est pas certain qu'à l'avenir ces métiers retrouveront leur niveau de pêche actuel. Les enjeux sont importants et sont notamment liés à l'évolution des usages de la mer comme l'installation des éoliennes flottantes qui aura certainement un impact sur l'environnement. Nous travaillons sur toutes ces questions et avons besoin de data sciences. C'est pour cette raison que des startups comme BiOceanOr nous intéressent. Nous allons continuer à sourcer d'autres entreprises dont les innovations sont cohérentes avec l'activité de nos chercheurs. »

Celimer pourrait ainsi accueillir, dès cette année, une petite dizaine de pépites.

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* Le projet Celimer est issu de l'implication de plusieurs partenaires : la Région Occitanie a engagé 2,7 millions d'euros, l'Etat 1,3 millions d'euros, l'Ifremer 975.000 euros, Sète Agglopôle Méditerranée 700.000 euros, Montpellier Méditerranée Métropole 200.000 euros et l'IRD 150.000 euros.

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