Covid-19 : EPCI et communes héraultaises se mobilisent pour aider les entreprises

Alors que la région Occitanie a lancé un plan d’urgence de 250 M€ pour apporter son soutien aux quelque 600 000 entreprises régionales, EPCI et communes héraultaises, de leur côté, se mobilisent pour venir en appui de ces dispositifs, via la création d’aides directes ou indirectes.
(Crédits : DR)

A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles pour soutenir petites entreprises, indépendants et commerçants. Il faut dire qu'il y a urgence.

Dans l'Hérault, la CCI a mené une étude d'impact de la pandémie du Covid-19, et les résultats sont sans appel : 90 % des entreprises se déclarent fortement impactées et 79 % d'entre elles ont observé une baisse d'activité supérieure à 50 % (principalement des TPE de moins de 10 salariés).

La CCI de l'Hérault a d'ailleurs mis en place une cellule d'appui composé d'une soixantaine d'experts qui ont déjà accompagné 25 000 entreprises sur les 76 000 que compte le département.

« Le déploiement de fonds de soutien est une réponse rapide et pragmatique aux entreprises, rappelle régulièrement André Deljarry, le président de la CCI Hérault. Nous devons jouer collectif, c'est une question de survie pour nos entreprises ».

Marges de manœuvre réduites

Mais de leur côté, l'association d'élus locaux France Urbaine et l'association des petites villes de France (APVF) ont fait part au Premier ministre des limites de leur pouvoir à débloquer rapidement des fonds tout en préservant leurs finances.

« La grosse problématique des maires, c'est l'aspect financier surtout dans l'Hérault où les communes touristiques vont avoir des pertes de recettes importantes, avec les casinos qui sont habituellement des contributeurs fiscaux intéressants, les terrasses de cafés-restaurants fermées, les parkings, explique Christian Bilhac, président de l'association des maires de l'Hérault (AMF 34) Concernant les aides aux commerçants, on a abordé le problème avec la CCI. La question, c'est vaut-il mieux donner une aide financière directe ou donner du travail demain ? On ne pourra pas faire les deux ! Je préconise que l'État et Région s'occupent des aides à court terme et que les communes soient là pour relancer l'activité économique en relançant les marchés. Si on peut faire les deux, tant mieux ! Mais il faut être prêt pour l'après-crise. On a des procédures de marchés publics qui prennent du temps, il faut préparer tout ça pour appuyer sur le bouton quand ça redémarrera. Les mairies accordent plutôt des exonérations de loyers par exemple. Ce sont des aides indirectes mais ça constitue aussi une perte de ressources pour la collectivité. »

Castelnau-le-Lez débloque 2 M€

Confrontées aux ordonnances du gouvernement qui ne les autorisent pas à des aides directes, EPCI et communes se retrouvent dans l'obligation de trouver des parades pour soutenir les entreprises du territoire.

Pour venir en soutien de ses commerces de proximité, dont l'activité est arrêtée ou largement diminuée depuis le début du confinement, Frédéric Lafforgue, maire de Castelnau-le-Lez (34), a annoncé la création d'un fonds de 2 M€.

« Pour débloquer ce fonds, il nous fallait soit conventionner avec l'Etat mais alors on abondait le fonds de solidarité et il n'y avait pas d'individualisation de dossier, précise l'élu. Soit on conventionnait avec la Région Occitanie. Nous avons eu plusieurs échanges avec Carole Delga : Castelnau-le-Lez va être la première commune à signer cette convention qui est d'ailleurs adossée à la délibération du conseil municipal programmé jeudi 30 avril 2020 ».

Suite au vote du conseil municipal, une commission composée d'élus, de représentants du monde économique, d'établissements financiers et des chambres consulaires, va être mise en place pour gérer les attributions.

C'est un montant forfaitaire de 500 € (reconductible) qui devrait être versé, d'ici la fin du mois de mai, directement aux TPE dont le siège social ou l'activité est situé sur la commune, et réalisant un chiffre d'affaires de moins de 120 000 € HT. Mais comme le précise Frédéric Lafforgue, « le seuil pourra être relevé, c'est une première vague pour répondre rapidement aux commerces de proximité, ensuite il faudra venir en aide à d'autres, je pense notamment aux restaurateurs qui ne devraient pas rouvrir avant mi-juin ».

A ce jour, une centaine de dossiers a déjà été déposée. Le maire assure que cette enveloppe de 2 M€ n'affectera pas les investissements à venir, « la commune ayant une capacité d'autofinancement suffisante sans pour autant perturber les grandes masses de financement prévues ».

Métropole Montpellier : 20 M€ d'aides indirectes par trimestre

Après avoir débloqué 1 M€ pour accompagner les dispositifs économiques et créer un observatoire économique, Philippe Saurel, le président de Montpellier Méditerranée Métropole, lance sept nouvelle aides financières indirectes visant à soutenir l'économie locale.

Estimées à 20 M€ par trimestre, ces aides se déclinent en exonération des redevances terrasse (1 M€), exonération des loyers pour les entreprises hébergées dans le patrimoine communautaire (2 M€ pour un trimestre reconductible), report du paiement de la taxe de séjour pour les hôteliers, et enfin la création d'un fonds de soutien (coût estimé à 15 M€ par trimestre reconductible) pour la prise en charge des loyers TPE (moins de 10 salariés et moins de 500 000 € de CA).

Par ailleurs, la ville et la métropole réitèrent leur engagement auprès des associations à hauteur de 30 M€.

« Ces mesures fortes constituent un engagement historique auprès des acteurs économiques pour défendre l'emploi sur notre territoire. Si près de 50 M€ ont pu être mobilisés, c'est parce que les finances de la ville et de la Métropole sont très saines. Nous sommes prêts pour la suite avec un plan pluriannuel d'investissement de 1,3 Md € sur 2020-2022 » déclare Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de la Métropole dans une interview à La Tribune.

20 M€ en soutien à l'économie sétoise

Dès le lendemain du confinement, Sète Agglopôle Méditerranée a mis en place un observatoire d'impact de la crise, puis a rapidement annoncé un plan de 20 M€ pour soutenir et pérenniser le tissu économique local. Présenté en détails lors du prochain conseil communautaire, le 30 avril, ce plan comporte schématiquement trois volets.

Le premier, d'un montant global de 8 M€, est destiné au soutien économique des commerçants, artisans et petites entreprises. Il pourrait concerner moins de 3 000 entreprises.

« Dans cette enveloppe, un fonds d'urgence d'aide directe de 2,4 M€ (budget qui sera renégocié au conseil municipal sous forme d'emprunt ou d'autofinancement - NDLR) vise à protéger les entreprises les plus fragilisées en leur assurant une trésorerie immédiate, détaille François Commeinhes, président de Sète Agglopôle Méditerranée. Les deux autres tiers (5,6 M€) seront versés en fin d'été, après une analyse des contraintes budgétaires et des revenus de ces entreprises. »

Doté de 10 M€, le second volet, abondera, quant à lui, le fonds de solidarité de la Région. Il sera dédié à la conchyliculture (1,5 M€), à l'agriculture et aux entreprises intermédiaires. Enfin, 2 M€ (sous forme de subventions ou de recapitalisation) seront consacrés au soutien des Thermes de Balaruc les Bains (410 salariés au chômage partiel).

Aides en faveur des entreprises biterroises

En concertation avec ses 17 communes (dont la ville de Béziers) et toujours en étroite collaboration avec la Région Occitanie, l'Agglomération Béziers Méditerranée souhaite débloquer 15 M€ dont 5 M€ d'aides directes aux TPE.

Sont concernées environ 5 000 entreprises ayant au moins perdu 50 % de leur activité, réalisant moins de 500 000 € de chiffre d'affaires et d'un bénéfice imposable inférieur à 60 000 €.

Le second tiers, plus particulièrement destiné aux filières de l'industrie, du tourisme, et de la viticulture, abonderait le fonds de la Région.

Enfin, les derniers 5 M€ seraient dédiés à des mesures fiscales : redistribution de la taxe de séjour (1,5 M€) pour toutes les entreprises en souffrance notamment l'hôtellerie, baisse de la CFE (3 M€) et suppression de la redevance spéciale des déchets pour les bars et restaurants (1 M€).

Une première cellule d'accompagnement et de conseil a été mise en place au sein de la direction du développement économique. Une commission spécifique regroupant des acteurs économiques (tribunal de commerce, MEDEF, GDE, UMIH) devrait voir le jour très prochainement.

Malgré cet ambitieux programme, l'Agglomération ne revoit pas à la baisse ses niveaux d'investissements sur les projets en cours - notamment le Palais des sports à Mazeran (11,4 M€) et le pôle entrepreneurial (8 M€).

De son côté, la ville de Béziers a proposé d'abonder au fonds de la Région à hauteur d'1 M€, mais sous condition.

« Comme nous l'avons fait pour le fonds de 5 M€ de l'agglo, nous avons négocié avec la Région un accord sur un fléchage précis quant à l'utilisation de cet argent, assure Robert Ménard. Le second volet est celui des aides directes. J'entends le chef de l'État nous expliquer le couple préfet-maire, mais c'est de la rhétorique si on ne nous demande pas notre avis. La Ville de Béziers va donc procéder à des avances de trésorerie (dont le remboursement ne sera pas demandé - NDLR) pour soutenir la reprise d'activité des entreprises. Ces aides sont de l'investissement et non du fonctionnement. »

Pas question non plus pour le maire de Béziers (et peut-être futur président de l'agglo) de diminuer les investissements à venir : « Au contraire, pour aider les entreprises, il faut investir massivement. Nous étions à 30 M€ d'investissement (hors remboursement de la dette - NDLR), je me suis donné comme objectif de passer à 40 M€, d'autant que les conditions d'emprunt sont très intéressantes ».

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