Foncier viticole : les investisseurs français en pole position dans le Languedoc-Roussillon

Michel Veyrier, fondateur et gérant de Vinea Transaction, observe deux grandes tendances sur le marché de la transaction immobilière d’exploitations viticoles en Languedoc-Roussillon : la prédominance des investisseurs français et l’attractivité croissante des vignobles du Grand Montpellier.
Michel Veyrier, patron fondateur de Vinea Transaction, spécialisée dans la transaction d'exploitations viticoles, observe un net retrait des investisseurs étrangers au profit des Français sans le vignoble du Languedoc-Roussillon.
Michel Veyrier, patron fondateur de Vinea Transaction, spécialisée dans la transaction d'exploitations viticoles, observe un net retrait des investisseurs étrangers au profit des Français sans le vignoble du Languedoc-Roussillon. (Crédits : DR)

La crise sanitaire a rebattu les cartes sur le marché du foncier viticole en Languedoc-Roussillon. Michel Veyrier, patron fondateur de Vinea Transaction, structure spécialisée dans la transaction d'exploitations viticoles, observe un net retrait des investisseurs étrangers au profit des Français.

« Jusqu'en 2007-2008, 40% de nos transactions étaient réalisées par des investisseurs britanniques, analyse le dirigeant. Avec la crise de La City, cette clientèle s'est retirée, et ce sont essentiellement les Belges, les Suisses et les Néerlandais qui ont pris le relais, mais à un niveau moindre, 15% des ventes. Avec la crise sanitaire, cette part s'est encore réduite. Les déplacements étant compliqués, ces investisseurs ont privilégié des vignobles plus proches de chez eux. Désormais, les Français représentent 95% des acquéreurs en Languedoc-Roussillon. »

Les professionnels du vin, toujours acquéreurs

Aujourd'hui, l'essentiel des transactions est porté par des professionnels du vin : ce sont souvent des structures familiales qui investissent pour les enfants dans le cadre d'une succession ou des entreprises de négoce, qui s'ancrent dans la région en acquérant ou développant leur foncier. Une plus faible part des acquisitions sont réalisées par des chefs d'entreprises hors secteur vin qui ont vendu leur société et viennent dans la région pour réinvestir dans un vignoble.

La région languedocienne n'a pas profité de la migration des citadins, qui, suite à la crise sanitaire et au confinement, ont décidé de quitter Paris et la région parisienne pour s'installer dans un environnement plus sain et plus serein.

« Ces ex-Parisiens qui se délocalisent, conservent le plus souvent leur activité sur Paris, constate l'expert. Ils recherchent la proximité des gares et aéroports pour être en mesure de faire l'aller-retour à Paris dans la journée. En Languedoc, il y a peu de propriétés viticoles à moins de 25 minutes d'une gare ou d'un aéroport... »

Le Grand Montpellier très prisé

Autre tendance forte : l'attractivité croissante des vignobles sur le Grand Montpellier.

« Pic Saint-Loup, Grès de Montpellier, Picpoul de Pinet, Terrasses du Larzac et Sables de Camargue sont des zones très prisées, car la rentabilité du vignoble est intéressante, observe Michel Veyrier. Le Pic Saint-Loup, est la première appellation du Languedoc qui a dépassé les 100.000 euros/ha... A l'inverse, les ventes sont très compliquées dans les Corbières ou le Minervois, où les rendements très faibles dégradent la rentabilité. L'impossibilité d'irriguer est un sérieux handicap. Ces secteurs sont en souffrance : nous avons à la vente une dizaine de domaines de 50 à 100 ha, qui peinent à trouver preneur. En revanche, le Roussillon qui, jusqu'ici, était plombé par le déclin des vins doux naturels, retrouve de la vigueur. Les propriétés qui ont été restructurées pour produire des vins secs, bénéficient d'un regain d'intérêt des investisseurs. »

Dans les zones en IGP Oc ou autres IGP de département ou de territoire, il y a peu de domaines à la vente : « Quand elles sont bien structurées, ce sont des propriétés avec une bonne rentabilité, et généralement, les enfants restent et reprennent l'affaire », poursuit-il.

La menace de contraintes règlementaires ?

Selon Michel Veyrier, le Languedoc-Roussillon conserve de nombreux atouts comme les grands espaces ou le climat, bien adapté à la culture bio. Mais cette attractivité pourrait être menacée par de futures contraintes règlementaires.

« La profession est attaquée et doit se défendre, notamment sur les Zones de Non-Traitement (ZNT, ndlr), où il est interdit de traiter du fait de la proximité des habitations, souligne-t-il. Pourtant, ce ne sont pas les vignerons qui se sont rapprochés de ces nouveaux logements, mais bien l'inverse. Certains maires commencent à exiger des promoteurs des zones non ædificandi (non constructible, ndlr). Cela va dans le bon sens. Il est plus logique de faire peser cette contrainte sur les promoteurs que sur les viticulteurs, si on veut préserver le potentiel viticole et l'attractivité de cette région. »

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