Viticulture : Limoux dans sa bulle de prospérité

Dans une viticulture en crise, Limoux fait figure d’exception. Bénéficiant du marché très porteur des bulles, les crémants et blanquette de Limoux affichent un taux de croissance de 7 à 8% en 2022, portés par un fort développement à l’export.
Les crémants et blanquette de Limoux affichent un taux de croissance de 7 à 8% en 2022, portés par un fort développement à l’export.
Les crémants et blanquette de Limoux affichent un taux de croissance de 7 à 8% en 2022, portés par un fort développement à l’export. (Crédits : DR)

Dans un contexte plutôt morose pour la viticulture régionale, le vignoble limouxin tire son épingle du jeu : avec une production orientée de longue date vers les effervescents, ce secteur viticole audois bénéficie d'un contexte très porteur.

Au niveau national, les appellations de Crémant ont réalisé, en 2022, le meilleur exercice de leur histoire avec quelque 102,3 millions de cols commercialisés en France et dans le monde, soit une hausse de 5,8% en un an et de 22% sur les cinq dernières années.

Les Crémants de Limoux s'inscrivent dans cette dynamique : avec 6,25 millions de cols commercialisés en 2022, ils sont en progression de 7% par rapport à l'année dernière. La part des ventes à l'export s'accroît fortement : elle est passé de 35 à 62% en dix ans. La Blanquette de Limoux, pilier des bulles limouxines désormais détrônée par le Crémant, semble, elle aussi, bénéficier de ce fort engouement pour les bulles : avec 3,2 millions de cols expédiés cette année, les ventes progressent de 8%.

Des demandes de compagnies aériennes

A la tête de la Maison Antech, Françoise Antech confirme la dynamique du marché des effervescents de Limoux : « Je rentre de Prowein, Salon international du vin à Düsseldorf. Nous avons eu beaucoup de nouvelles demandes. Il y a notamment deux compagnies aériennes qui nous ont contacté pour proposer du Crémant à bord de leurs avions. C'est la première fois que nous avons ce type de demande... Les Champenois ont fortement augmenté leurs prix et on observe une petite fatigue du Prosecco. La catégorie intermédiaire des Crémants prend de la consistance ».

Les ventes de cette maison familiale ont progressé de 25% cette année.

Chez Sieur d'Arques, premier opérateur en Blanquette et Crémant de Limoux, la tendance est également à la hausse sur les Crémants (+12%) alors que les ventes se maintiennent pour la blanquette.

« Le marché du vin est cyclique, pour le moment, on bénéficie d'une tendance favorable sur les bulles et le rosé, confie Pierre-Louis Farges, le président de la coopérative. D'ailleurs, le crémant rosé a progressé de 25% en trois ans. La Blanquette, qui est un produit plus traditionnel puisqu'il date de 1938, peine sur le marché français mais se vend très bien à l'export. Nous avons l'objectif de commercialiser 6,6 millions de cols d'effervescents en 2023, ce qui nous ramènerait au niveau que nous avions atteint avant la crise Covid. »

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« Avec nos vins blancs et nos bulles, nous sommes dans une tendance porteuse, reconnaît de son côté Jean Fau, le président du syndicat des AOC de Limoux, qui reste cependant prudent. Nous sommes dans un contexte très changeant. La dé-consommation est là. Il faut rester vigilant malgré ces bons résultats. D'ailleurs, sur ce début d'année, la tendance est moins bonne, les ventes se stabilisent. »

Des outils de gestion du marché

Pour éviter les conséquences désastreuses d'un retournement de marché, le syndicat a mis en place il y a déjà plus de vingt ans, un dispositif d'affectation parcellaire. Au 31 mai, les entreprises estiment leur potentiel de vente et ne produisent que la quantité dont elles ont besoin.

« Avec ce dispositif, on régule notre production, nos stocks sont maîtrisés et ne pèsent pas sur le marché », explique le président.

Autre dispositif, mis en place il y a trois ans : la réserve qualitative qui permet de constituer des stocks les années où la nature est généreuse afin d'avoir de la réserve en cas d'aléas climatique. A ce jour, la réserve compte environ 700 hl.

« C'est un outil de plus pour réguler notre marché et éviter de solliciter l'aide publique suite à des récoltes excédentaires ou déficitaires », analyse Jean Fau.

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