Il fallait s'y attendre. La conjoncture défavorable sur le marché des vins bio a refroidi les viticulteurs d'Occitanie. Les surfaces en conversion en 2023 (11.353 ha) sont en recul de 36% par rapport à 2022, après avoir déjà chuté de 50% l'an dernier. C'est dans le Gard que le recul est le plus marqué dans la région : avec 3.661 ha, les surfaces en conversion plongent de 42%. Les déconversions, quant à elles, sont à la hausse : 72 viticulteurs ont jeté l'éponge en 2023 contre 47 en 2022.
« Il n'y a pas eu de vague de déconversions comme certains le prédisaient, soutient pourtant Olivier Goué, directeur de Sudvinbio. Globalement le vignoble bio d'Occitanie reste stable avec 58.800 ha, soit un recul de -0,3% par rapport à 2022, grâce à l'arrivée de 179 nouveaux viticulteurs bio (contre 202 en 2022, NDLR). Cette stabilisation de nos surfaces était prévisible. Ce n'est pas une mauvaise nouvelle. Elle va permettre au marché de digérer les fortes augmentations de production que nous avons connues les années précédentes. »
Nicolas Richarme, le président de Sudvinbio, renchérit : « Ce n'est pas inquiétant. La production de vin bio a toujours fonctionné comme ça, avec des hausses par paliers. Il nous faut quelques années de stabilité pour absorber l'afflux de nouveaux volumes des récoltes 2022 et 2023. Il ne serait pas raisonnable d'accroître notre vignoble alors que nous peinons à vendre notre production ».
Avec 22,7% de son vignoble en bio, l'Occitanie reste la première région viticole bio de France, représentant un tiers des vignes bio nationales.
Le frein du prix
Côté consommation, le chiffre d'affaires de la filière vin bio connaît un rebond de 9,2% en 2023 à l'échelle nationale. Cette hausse est à nuancer : l'essentiel de la progression proviendrait des hausses de tarifs pratiqués par les vignerons suite à l'inflation, tandis que les ventes en volume resteraient stables, selon les premières estimations.
« Le marché se tasse, constate Nicolas Richarme. Ce n'est pas spécifique au vin bio, le conventionnel est tout autant impacté. Depuis plusieurs années, le consommateur privilégie la qualité à la quantité. Cette évolution avait jusqu'ici profité aux vins bio. L'inflation a modifié la donne, le budget des ménages n'étant pas extensible. Le bio ayant des prix supérieurs au vin conventionnel, il fait les frais de ces restrictions budgétaires des ménages ».
Le dernier baromètre de consommation des produits bio en France publié par l'Agence bio confirme le frein que représente le prix dans l'acte d'achat des produits bio : 66% des consommateurs qui achètent du bio chaque semaine considèrent que les produits biologiques sont trop chers, cette proportion bondit à 80% pour les consommateurs occasionnels et à 75% pour les non-consommateurs.
Le bond de production des vins bio d'Occitanie en 2022 et 2023 (avec 500.000 à 600.000 hl supplémentaires par rapport à 2021), survient donc alors que la déconsommation du vin s'accélère en France et que les Français, bridés par l'inflation, taillent dans leurs dépenses. Mauvais timing.
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