Pourquoi la filière bois Occitanie se dote d’une coopérative d’achat

Les coopératives d’achat de ce type existent un peu partout en France, réunies derrière le réseau ORCAB, en particulier dans l’ouest du pays. Mais pas en Occitanie. C’est désormais chose faite, avec la création, actée ce 16 janvier, de Sudcoop, à l’initiative de la filière bois régionale. Objectif : s’approvisionner en bois et matériaux à coûts compétitifs, en lieu et place du négoce, mais aussi privilégier les circuits courts et les bois locaux.
Cécile Chaigneau
La nouvelle coopérative d'achat Sudcoop, qui opérera sur le sud de la France d'Orange à Montpellier, veut sourcer davantage de bois locaux en circuits courts.
La nouvelle coopérative d'achat Sudcoop, qui opérera sur le sud de la France d'Orange à Montpellier, veut sourcer davantage de bois locaux en circuits courts. (Crédits : DR)

La filière bois continue de se structurer en Occitanie. Le 16 janvier, 55 entreprises de charpente, couverture et construction bois, menuiserie, agencement et placo-plâtre-isolation s'engagent dans la création d'une coopérative d'achat, baptisée Sudcoop. Cette première réunion plénière a élu un conseil d'administration et un président, en la personne de François Prost, artisan constructeur bois et président d'Avenir Bois Création à Claret (Hérault). La coopérative sera juridiquement créée le 7 février prochain.

« C'est une démarche qui se fait ailleurs mais inédite en Occitanie, commente Sylvain Fourel, le président de Fibois Occitanie, l'interprofession de la filière forêt-bois en région. L'idée était en gestation mais n'avait pas vraiment abouti car on n'avait pas réussi à fédérer les professionnels. Puis l'initiative est repartie depuis le Gard en 2021... Fibois a joué son rôle de mise en relation, et a soutenu le projet car il a vocation à développer la filière. Notamment parce qu'on veut pouvoir proposer des bois locaux qui ne sont pas toujours proposés par les négociants. »

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François Prost confirme : « Ce projet était en réflexion depuis un an et demi. On a accéléré avec le recrutement de Vincent Corchero (désormais directeur général de la coopérative, NDLR) qui a fait du développement auprès des entreprises qui pourraient être intéressées. Sudcoop, dont le périmètre s'étend de Orange à Montpellier en passant par le Gard, est la première coopérative du réseau ORCAB sur le sud de la France. Et elle est la première en Occitanie... ».

ORCAB, c'est un réseau de 38 coopératives d'achat des artisans du bâtiment, existant depuis une quarantaine d'années et plutôt développé dans l'ouest de la France, comptant aujourd'hui quelque 8.500 entreprises adhérentes pour un chiffre d'affaires cumulé des coopératives de cumulé 1,3 milliard d'euros.

Une initiative structurelle, et non conjoncturelle

L'objectif de cette nouvelle coopérative d'achat dans le sud de la France : acheter en direct auprès des fournisseurs, en contournant donc les intermédiaires que sont les négociants...

« La création de cette coopérative n'est pas liée à la conjoncture, c'est structurel, souligne François Prost. Les entreprises doivent pouvoir acheter mieux et optimiser leurs frais de fonctionnement... Forcément, ça perturbe le fonctionnement local, et dans les zones où l'ORCAB est implanté, le négoce ne fait pas grand chose puisqu'on est en direct avec les fournisseurs. »

Au départ de cette initiative, ce sont donc des artisans qui cherchent comment mieux acheter pour être plus compétitifs.

« La coopérative permet de faire tomber les prix, explique Vincent Corchero. C'est une association à but non lucratif, donc elle revend au même prix avec pour seule marge ses propres frais de fonctionnement. Nous sommes épaulés par le réseau ORCAB qui a déjà une base de 650 fournisseurs référencés au niveau national dans laquelle nous allons pouvoir piocher, et nous allons sourcer des entreprises locales pour privilégier les circuits courts. »

Pour quels gains en moyenne ? François Prost botte en touche : « Nous garantissons un meilleur prix qu'avec le négoce car nos frais de structure sont bien inférieurs aux charges des grandes enseignes de négoce. Vis a vis de nos adhérents, nous avons un discours de sorte qu'ils ne viennent pas seulement pour un gain de marges mais, plus généralement, dans la confiance, adhérer à un modèle coopératif performant ».

Au-delà des achats de matières premières et matériaux divers, la coopérative veut en effet aussi apporter des prestations de services : « Sourcer des assurances, des véhicules ou des machines car le réseau a des prix intéressants, ou favoriser la mutualisation pour la location d'équipements de levage ou de manutention, proposer des formations... Sudcoop est là pour augmenter les performances des entreprises ».

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Jusqu'à 70% d'achats via la coopérative

Chaque entreprise adhérente acquiert une part sociale à hauteur de 4.000 euros. Si elles sont 55 au moment de la création de la coopérative d'achat, leur nombre a vocation à augmenter progressivement.

« Il existe 2.700 entreprises sur notre zone de chalandise, précise François Prost. Sudcoop est basée à Nîmes mais nous développerons d'autres antennes dans la région et nous allons chercher des adhérents mais la priorité n'est pas la croissance. La coopérative a un potentiel de chiffre d'affaires de plus de 20 millions d'euros à quinze ans. Au départ, les adhérents vont générer 20% de leurs achats via la coopérative et en général, ça progresse jusqu'à 60 ou 70%. »

Les premières opérations d'achat et de vente devraient avoir lieu en mars ou avril, même si pour l'heure, Sudcoop n'a pas encore de locaux.

« Le fait de pouvoir acheter et livrer en direct, sans avoir de locaux, nous laisse un peu de temps pour trouver des locaux, au plus tard cet été, indique François Prost. Ensuite, l'intérêt est d'y entreposer du stock pour nos adhérents. »

La coopérative va recruter six personnes, « des chauffeurs-livreurs, caristes, acheteurs et un administratif », annonce Vincent Corchero.

Cécile Chaigneau

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