Aménagement urbain : la nouvelle feuille de route du (puissant) groupe GGL

L’aménageur urbain et promoteur immobilier GGL, groupe montpelliérain historique, prend un virage pour changer de dimension. Il s’est structuré pour s’attaquer au marché national tout en consolidant son assise régionale d’origine sur l’ex-Languedoc-Roussillon. Sans oublier l’axe de la diversification, puisqu’il investit désormais le segment des résidences hôtelières. Il vient d’ailleurs de signer pour deux projets de résidences avec le CHR Metz-Thionville.
Cécile Chaigneau
Le groupe GGL, aménageur urbain, a été fondé à Montpellier il y a plus de 40 ans par Alain Guiraudon, Jacques Guipponi et Jean-Marc Leygue.
Le groupe GGL, aménageur urbain, a été fondé à Montpellier il y a plus de 40 ans par Alain Guiraudon, Jacques Guipponi et Jean-Marc Leygue. (Crédits : GGL Groupe)

Le groupe GGL, aménageur urbain fondé à Montpellier il y a plus de 40 ans par Alain Guiraudon, Jacques Guipponi et Jean-Marc Leygue, réalise un chiffre d'affaires annuel de 215 M€ (2 000 logements livrés par an) et emploie 100 salariés. Il a accueilli de nouveaux associés au début de l'année 2020 pour préparer son changement de dimension.

Car l'acteur immobilier, l'un des plus gros indépendants dans le sud de la France, a de nouvelles ambitions : se déployer sur le territoire national, sans pour autant négliger son empreinte régionale d'origine, aujourd'hui principalement Montpellier, Nîmes, Béziers et Perpignan.

Ainsi, Laurent Villaret (jusqu'alors directeur délégué et toujours président de la Fédération des promoteurs immobilier Occitanie Méditerranée) et Olivier Dubrou (ancien président du directoire Urbat) ont rejoint le groupe en tant qu'associés pour développer l'activité de GGL sur les territoires. Le premier a pour mission de développer les marchés toulousain et lyonnais, et le second les marchés marseillais et de la région PACA.

Et dans l'objectif d'assurer une transition managériale progressive, Jean-François Gapillout (ancien DG région sud-est chez Pitch Promotion) est nommé directeur général chez Hélénis et exercera ses fonctions aux côtés de Thierry Aznar qui quittera la direction de la société au printemps 2022.

« Il ne faut pas que notre jeu de cartes s'appauvrisse »

« Soit on vendait, soit on développait, résume Alain Guiraudon. Aujourd'hui, nous voulons valoriser le fait que nous sommes des aménageurs de longue date, c'est comme ça que nous cultivons notre différence. En Languedoc-Roussillon, nous sommes le premier opérateur privé en aménagement. »

Son associé Jean-Marc Leygue renchérit : « Sur le Languedoc-Roussillon, là où sont les flux migratoires, nous avons déjà atteint des positions relativement importantes. Il ne faut pas que notre jeu de cartes s'appauvrisse... Le métier change et aujourd'hui, il faut être des ensembliers urbains. C'est ce qui nous différencie dans la façon d'appréhender de nouveaux quartiers de vie, ça fait partie de notre ADN. Les élus sont demandeurs de ces conseils ».

GGL pilote en effet des projets complexes, soit de nouveaux quartiers ex-nihilo, soit en renouvellement urbain, en intégrant les nouveaux enjeux de mobilité et de transition écologique. Il porte ainsi notamment la ZAC Entrée Est de Sète (dont le projet est encore susceptible d'évoluer) ou le golf de Provence à Istres (sur 240 hectares, 1 500 logements, un golf, une résidence hôtelière de luxe et 5 000 m2 de commerces) dont les travaux devraient démarrer fin 2021.

Pour servir ses ambitions, le groupe a donc ouvert des antennes à Toulouse et Marseille, avec chacune 3 à 5 personnes, et celle de Lyon est en cours. Objectif : faire 80 M€ de chiffre d'affaires sur chaque structure. Déjà dans les cartons, deux opérations de promotion mixtes (logements et bureaux) à Toulouse et deux opérations en immobilier d'entreprise sur la Métropole de Lyon et une opération d'aménagement à venir en Pays de Gex (département de l'Ain en Auvergne-Rhône-Alpes).

Quant à Paris, le groupe évoque « des opportunités en cours », probablement pour 2022.

« Nous n'avons pas de dogme »

Le groupe n'en n'oublie pas pour autant son territoire historique. Le maire de Montpellier et président de la Métropole Michaël Delafosse clame haut et fort vouloir ralentir l'hyper-métropolisation, mettre un terme à l'étalement de la ville vers la mer au profit d'un rééquilibrage urbain qui passera par un aménagement du foncier dans le cadre de zones d'aménagement concerté (ZAC) et moins de mitage urbain. Autre priorité : reprendre la main sur la hausse exponentielle des prix qui éloignent de nombreux habitants d'une capacité à vivre dans la métropole.

Comment les dirigeant de GGL perçoivent-ils ces nouvelles grandes orientations ?

« Il est clair que construire sans schéma directeur, ce n'est pas une bonne chose, répond Jean-Marc Leygue. Nous travaillons depuis longtemps sur des ZAC, comme à Castelnau-le-Lez où le Mas de Rochet est une reconquête de friches, au Crès, à Grabels, à Vendargues... Ralentir l'hyper-métropolisation, d'accord, mais pour construire quelque part, il faut des infrastructures modales. Par exemple, la gare de Lunel voit passer 1,2 million de passagers par an. C'est un vrai réservoir. Il faut que les élus aident à gommer l'image négative de la ville.  Il faut mettre en avant une vision métropolitaine plus large et se servir de l'avantage de sa localisation géographique entre Nîmes et Sète. »

« Si vous proposez à l'élu une offre adaptée, avec des logements de qualité, moins chers et qui cible davantage les résidents, même si l'image est un peu abîmée, il y aura des familles intéressées, ajoute Alain Guiraudon. Nous n'avons pas de dogme, quand nous allons voir un élu, nous n'arrivons pas avec un modèle, nous travaillons avec lui. La problématique de la lutte contre l'hyper-métropolisation, c'est l'emploi. Or créer de l'activité économique ne se décrète pas. Et les lois de défiscalisation qui excluent Béziers et Narbonne des dispositifs n'aident pas... »

Les municipalités ayant changé ou évolué depuis juin dernier, le groupe se dit « en discussion avec les nouvelles équipes pour adapter les projets ». Et de nombreux projets sont en cours, parmi lesquelles la livraison en cours du Prado Concorde à Castelnau-le-Lez (350 logements, 30 000 m2 de surfaces) ou de La Voie verte à Calvisson (110 logements) ; des travaux en cours pour des Roches blanches à Nîmes (320 logements) ; et des dossiers à l'étude à Grabels (ZAC de Gimel, 19 ha, 800 logements), Vendargues (ZAC de Meyrargues, 23 ha, 700 logements), Poussan (ZAC Sainte-Catherine, 19 ha, 500 logements environ) ou  Gruissan (ZAC de la Sagne, 30 ha, environ,  880 logements). A Aigues-Vives, les travaux de l'opération sur la ZAC de la Volte (6,9 ha, 90 logements) démarreront au 2e semestre 2021.

Réflexion sur les coupures urbaines

Le groupe d'aménagement urbain prétend apporter une autre valeur ajoutée dans son expertise : une réflexion sur les coupures urbaines, nourrie par son expérience de propriétaire de deux domaines viticoles au Pic-Saint-Loup (34) et à Aigues-Mortes (30), et d'associés de la pépinière Lilian Bérillon à Villeneuve-lès-Avignon.

« C'est une singularité à laquelle je suis attentif, car comment faire cohabiter aménagement urbain et agriculture quand on n'est pas agriculteur ?, interroge Alain Guiraudon. Comment mettre en place une agriculture urbaine avec une vraie pertinence économique ? Le fait d'avoir des domaines viticoles, et donc de toucher du doigt les problématiques de l'agriculture, est très important dans l'appréhension de nos actions en urbanisme. »

Sur le domaine viticole d'Aigues-Mortes, le groupe GGL a lancé un projet d'oenotourisme haut de gamme, qui apportera une offre complémentaire à celle d'hôtellerie de luxe sur l'Hôtel Richer de Belleval à Montpellier (entre 12 et 14 M€ d'investissement), en cours de rénovation et livrable début 2021.

Résidences hospitalières

Enfin, le groupe s'est aussi diversifié dans le secteur de la santé, avec Seclem GGL Santé, fondé en juillet 2018 : Seclem GGL Santé conçoit des hôtels hospitaliers sous la marque Seren'city, afin d'améliorer le service aux accompagnants.

Ces projets d'immobilier géré s'inscrivent dans un système de santé français qui connait une véritable mutation des modèles sanitaires : les durées en hospitalisation conventionnelles qui tendent à se limiter (développement de la chirurgie ambulatoire, de la médecine minimale invasive, etc.) imposent de réinventer les modes d'hébergement, donnant une priorité aux plateaux techniques. Suite au premier bilan de l'expérimentation nationale des "structures d'hébergements temporaires non médicalisées" appelées aussi "hôtels hospitaliers" ou "résidences hospitalières", le ministre de la Santé Olivier Véran a inscrit leur généralisation dans le cadre du Ségur de la Santé.

« Dans ces hôtels hospitaliers sont aussi prévus des logements pour les internes, précise Jean-Marc Leygue. Ces opérations se font par le biais de concessions publiques entre l'hôpital et Seclem. Aujourd'hui, nous avons une soixantaine de projets à l'étude dans les régions Hauts de France, Grand Est, Occitanie, Paca, DROM, Ile-de-France, Pays de la Loire. »

Le 7 octobre, Seclem GGL Santé a d'ailleurs annoncé la signature d'une convention de partenariat avec le CHR Metz-Thionville pour deux projets, l'un de 25 logements en résidence hospitalière et 50 logements en disposition pour les médecins en formation et les étudiants (3 000 m2, dont des commerces, un restaurant et une crèche), l'autre de 80 logements à destination des patients et accompagnants (3 500 m2 avec commerces). La pose des premières pierres est prévue pour le premier semestre 2021.

Seclem GGL Santé accompagne également des projets à l'étranger, notamment pour répondre au nouveau contexte sanitaire, en Belgique, au Luxembourg et en Espagne.

Cécile Chaigneau

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