Le Lab'Tribune décrypte les nouveaux codes du business

L'édition 2020 du Lab'Tribune, organisée le 27 février à Montpellier, a mis en lumière, entre neuromarketing et réseaux sociaux, les nouveaux codes de la tech pour booster son business. L'accélérateur Inco, qui s'installe en région, a mis l'accent sur la dynamique d'innovation dans l'économie sociale.
Les participants et partenaires du Lab'Tribune 2020, réunis sur la scène de l'Espace Dièze
Les participants et partenaires du Lab'Tribune 2020, réunis sur la scène de l'Espace Dièze (Crédits : La Tribune)

Les nombreuses facettes de l'innovation numérique et sociale ont été passées en revue lors de l'édition 2020 du Lab'Tribune, organisée par La Tribune le 27 février à l'Espace Dièze de Montpellier en présence de 200 participants. "Le business évolue parce que les progrès du digital aboutissent et l'exploitation des data progresse aussi, et ce pour donner toujours plus de valeur à notre activité, et parce que les réseaux sociaux nous aident à communiquer nos offres, en respectant toujours cette éthique : servir le client", note Pierre Chauvois, directeur général de la Banque Populaire du Sud, en ouverture de la première séquence dédiée aux nouveaux codes de la tech pour booster son business.

L'algorithme au service de tous

Premier intervenant de la soirée, le publicitaire Frank Tapiro est venu souligner l'importance de la data, en présentant Datakalab, dont il est un cofondateur. En utilisant des outils issus des neurosciences et de l'intelligence artificielle (IA), cette start-up parisienne peut, avec des caméras, analyser l'émotion des consommateurs en réaction à un contenu.

"90 % de ce que nous faisons est lié à l'inconscient. Quand ils parlent de ce qu'ils font, les consommateurs parlent en fait seulement de 10 % de ce qui les impacte. Tout se joue au niveau des émotions : peur, joie, colère, tristesse ou surprise nous poussent à agir. Datakalab développe une IA qui analyse ce que ressentent les gens. Elle repère les points du visage et capture l'émotion. Tout est anonymisé : en 100 millisecondes, l'image est transformée en datas, puis détruite, tandis que ces datas sont agrégées à d'autres, et ce pour booster le business. Cela fonctionne aussi avec une foule. On détient alors, parfois pour le simple coût d'une webcam, de données intelligentes, rationnelles, qui vont aider un producteur à optimiser son film, une régie à améliorer ses pubs pour sites web, etc. Loin des discours alarmistes, l'IA nous permet de nous reconnecter à nous-mêmes, à nos émotions."

Une illustration de la puissance des émotions a été donnée sur la table-ronde qui a suivi. Rejoignant Franck Tapiro, Charlotte Dubois (community developer pour Ubisoft) et Liliana Mellinger (business developer et spécialiste du community engagement) ont expliqué comment elles approchent les réseaux sociaux : l'une pour affiner la connaissance de sa cible (les gamers), l'autre pour initier une relation client.

"Au sein de notre communauté, les data scientists d'Ubisoft évaluent les sentiments positifs ou négatifs exprimés dans chaque message que laissent les gamers à propos de nos jeux. Je fais alors le lien avec les équipes de développement. Encore faut-il savoir où chercher : les gamers délaissent les grands réseaux sociaux de type Facebook, et en privilégient d'autres plus spécialisés, comme Discord ou Reddit", observe Charlotte Dubois.

"Après avoir travaillé pour un éditeur de software pour l'IoT, j'ai compris que, pour faire de la prospection, les mails ne fonctionnent pas. Je préfère lancer des discussions avec les gens sur réseaux sociaux. LinkedIn est la base de mon travail. Avec 20 000 followers et 23 000 contacts, je peux discuter, potentiellement, avec 640 000 personnes. Je lance des messages automatiques et quand j'ai une réponse, quand on me questionne sur mon business, je lance la discussion. Je peux ainsi qualifier des prospects que j'emmène sur des salons où mes clients exposent", détaille Liliana Mellinger.

La puissance d'innovation de l'ESS

Dans une deuxième séquence du Lab'Tribune, la société d'investissement Inco, fondée par Nicolas Hazard et présente dans 35 pays, a mis en lumière la dynamique d'innovation que porte l'économie sociale.

En Occitanie où l'ESS concentre 10 % des entreprises, Inco a ouvert en 2019 une structure dédiée aux start-ups de la ruralité à Saint-Bertrand-de-Comminges (31), et a choisi le Lab'Tribune pour officialiser la création d'un accélérateur régional basé à Montpellier. Après l'organisation d'un jury le 24 février, c'est La TeleScop, une start-up coopérative spécialisée en télédétection et cartographie, qui a remporté le premier Prix Pépite ESS Montpellier Occitanie, remis par Léo Le Naour (directeur du développement d'Inco), et qui sera la première pépite locale de l'ESS accélérée par Inco.

De même, une deuxième table-ronde a permis de zoomer sur les nouveaux business models en cours d'émergence dans l'ESS. Le succès de cette nouvelle forme de développement économique, surtout auprès de la jeune génération d'entrepreneur(e)s, l'expose aux effets d'aubaine avec les risques de "green washing" et de "social washing", mais "le fait que l'humain soit davantage pris en compte est déjà une victoire", selon Léo Le Naour.

Le constat des enseignants-chercheurs est unanime : "L'économie sociale et solidaire est une innovation à part entière, notamment du fait de la manière différente de penser et d'agir" (Magalie Marais, Montpellier Business School), "l'évolution de la conscience et de l'économie sociale et solidaire nous pousse à repenser le business model pour intégrer une gestion multi dimensionnelle" (Gérald Naro, Montpellier Management). Du côté des financeurs, Franck Nadal, responsable ESS pour la Banque Populaire du Sud, commente : "Parce qu'elle est une banque mutualiste, la BPS est aussi une entreprise de l'économie sociale, qui développe ses propres outils et expérimentations pour se transformer. Notre accompagnement va bien au-delà de celui d'une banque classique, souvent sur des critères qui ne sont pas que financiers".

Enfin, comme de tradition au Lab'Tribune, un concours de pitchs est venu clôturer la soirée : chacune des cinq start-ups en lice avait deux minutes pour convaincre l'assistance, afin que celle-ci se prononce en votant sur une application. Au sein d'un groupe composé de AgoraMed (réseau social réservé aux étudiants et professionnels, Narbonne), Bazimo (application collaborative de pilotage de patrimoine tertiaire, Montpellier), epur (machine de fraisage à commande numérique, Caillens Rodome), Pepsia (régie spécialisée dans les vidéos natives, Montpellier) et MyCarSpot (solution d'optimisation des parkings, Montpellier), c'est cette dernière qui l'a emporté, avec 37,7 % des votes.

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