Le 4e Sommet santé examine "l'entreprise heureuse"

Le 4e Sommet santé, organisé au Crès (34) le 17 mai par La Tribune-Objectif, a examiné les enjeux du bien-être au travail, entre impact économique et nouvelles opportunités d'organisation, en présence de 250 participants. Le plateau réunissait 14 experts du sujet, opérant en France et en région.
Les participant(e)s de la 2e table-ronde : Du DRH au chief happyness officer
Les participant(e)s de la 2e table-ronde : "Du DRH au chief happyness officer" (Crédits : Eric Durand)

Animé par Gérald Kierzek, médecin urgentiste et chroniqueur sur Europe 1, le 4e Sommet santé a permis, dans un premier temps, de dresser un constat sur la réalité de l'absentéisme lié aux conditions de travail : "C'est un problème sérieux quand le taux atteint 6 ou 8 % dans certaines entreprises ou administration, estime Thierry Rousseau, chargé de mission pour l'ANACT (Agence Nationale pour l'amélioration des Conditions de Travail). Les organisateurs du travail doivent alors intervenir, en faisant d'abord des classifications : qui s'absente ? Dans quel service ? À quelle fréquence ? etc."

L'AMETRA, le service interentreprises de santé au travail de Montpellier, couvre 10 000 entreprises, majoritairement dans le tertiaire : "Une inaptitude sur deux est liée aux risques psychosociaux : les gens que voient nos psychologues ne peuvent plus travailler, avec parfois six mois d'arrêt, ce qui a un fort impact sur l'entreprise et la personne", indique le Dr Charlie Costa. Comment agir plus en amont, avant que les gens ne soient malades ? "On peut utiliser la psychologie positive ou les neurosciences, des outils qui stimulent la capacité d'innovation et de coopération sociale de l'individu : placé en situation positive, il sera plus engagé, ce qui est fondamental", propose Catherine-Camara-Blain, consultante pour le think tank La Fabrique Spinoza.

Les valeurs de l'entreprise

La 2e table-ronde du Sommet questionnait le rôle de celui qui pilote l'organisation, le DRH, et avec quels outils. Chez Dell EMC Montpellier, la codirectrice Muriel Avinens cite des groupes transversaux (les ERG) facilitant les échanges entre salariés, quel que soient leur poste, ou la déclinaison du programme européen MARC, destiné à former cadres et employés au respect des différences : "Les salariés sont d'autant plus motivés qu'ils se reconnaissent dans les valeurs de l'entreprise", souligne-t-elle.

De même Harmonie Mutuelle vient de signer un accord majeur sur son organisation interne, avec une expérimentation du télé travail auprès de 1 500 salariés, "pour qu'ils travaillent le plus sereinement et le plus proche de chez eux, tout en reconnaissant le droit à la déconnexion", insiste Christel Nguyen, DRH pour le Sud-Ouest. Autre groupe, la Société Générale, qui vient de lancer le programme "Mon job 2020", afin de passer en revue tous les métiers de la banque et déterminer les axes de développement sur chacun d'eux : "On montre aussi au salarié le métier qu'il pourra occuper ensuite : pour qu'un salarié soit engagé, il doit avoir une vision sur son devenir", rajoute la DRH Stéphanie Heller.

Les TPE ne sont pas à l'écart de ces questionnements, comme le démontre La Maison Chabanol (boulangerie pâtisserie), où le dirigeant Jean-Luc Chabanol insiste sur le poste de travail : "Un meilleur agencement ergonomique permet d'éviter les blessures et les mauvaises postures, et a donc un impact économique".

"De nombreux salariés, dont les chefs d'entreprise et les managers, ont peu de temps pour aller voir le médecin du travail et délaissent leur santé. Nous leur proposons donc les "Journées santé", où ils voient 7 ou 8 spécialistes pour un check-up complet et personnalisé, corps et tête compris", détaille le Dr Ruth Nevesny, fondatrice de Gnosis Santé.

Une première keynote, assurée par le Dr Julien Granata, enseignant-chercheur à Montpellier Business School, a permis de préciser qu'à côté des actions de sensibilisation et des actions curatives, les actions de prévention sont importantes car elles touchent directement la posture managériale : "Pour réduire le niveau de stress général, il faut privilégier un management bienveillant en jouant sur la motivation et la simplification. Pourquoi ne pas créer des postes de simplificateur de process comme vient de le faire Volkswagen ?"

Alignement « âme-corps-esprit »

La 3e table ronde interrogeait la thématique « Du développement personnel aux nouvelles organisations de travail », avec l'intention de donner quelques clefs permettant aux dirigeants d'entreprise et à leurs collaborateurs pour s'acheminer vers « l'entreprise heureuse ».

Parmi les outils à solliciter, figure le coach. Souffrant encore d'une forme de méfiance, il véhicule un ensemble de croyances que Catherine Labrousse, coach chez Consult&Nous, et Grégory Arvis ont tenté de rectifier.

« Le coaching est une vraie discipline, martèle ainsi Catherine Labrousse. Un coach permet d'avoir un regard extérieur, bienveillant, de travailler sur le capital humain de l'entreprise et donc sur le bien-être. Je travaille plutôt sur des dirigeants pour favoriser une prise de conscience avec ensuite la possibilité que cette action rejaillisse sur les collaborateurs. En France, nous sommes en retard d'une dizaine d'années par rapport aux pays anglo-saxons... À l'issue de la démarche, on a toujours un plan d'action, avec des solutions via un coaching individuel ou collectif. »

Grégory Arvis prône une action aboutissant à « alignement âme-corps-esprit » : « J'accompagne les dirigeants et les salariés, je travaille sur les deux strates en coaching collectif en facilitation, via de la PNL (programmation neuro-linguistique, NDLR), la communication non violente et l'analyse transactionnelle, et je propose également du coaching hors cadre, en sortant les dirigeants de leur environnement ».

Le bien-être au travail passe aussi par l'aménagement des espaces de travail. C'est la mission d'Aurélie Martin, work-consultant chez Steel Case : « Dans une entreprise, on a besoin de se socialiser, se concentrer, collaborer, apprendre et se régénérer et ces 5 modes de travail nécessitent des espaces adaptés. Nous proposons une démarche participative entre direction et les collaborateurs ».

Yoga corporate

Anne-Charlotte Vuccino, fondatrice de Yogist, offre un autre approche permettant de distiller du mieux-être, directement liée au corps : le yoga corporate, un yoga décomplexé car discret, qui s'inscrit facilement dans le quotidien du salarié face à son écran.

« J'ai développé une méthode de yoga corporate pour en faire un outil de prévention santé mais aussi un outil de management, souligne celle qui a transformé l'idée en start-up. C'est un yoga adapté, qui se fait de sa chaise de bureau, avec effets immédiats. Nous avons conçu le programme d'e-learning "Bien au bureau". Et pour toucher les TPE ou les auto-entrepreneurs, nous avons créé, en partenariat avec Sanofi, un chatbot qu'on installe sur l'ordinateur et qui propose des exercices de 2 minutes, faciles à faire. »

À Montpellier, l'entreprise La Valériane, fondée par Roland Sicard, propose, quant à elle, une application web sur laquelle chaque salarié peut réaliser un autodiagnostic lui permettant d'évaluer le niveau de ses facteurs de résistance au stress.

« Ils peuvent ensuite contacter notre centre d'appel pour trouver un conseil, l'objectif étant de leur éviter de tomber dans le burn-out ou la maladie car ils n'auraient pas su gérer leur stress », précise-t-il.

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