La nouvelle est tombée officiellement le 21 octobre dernier : la société Gambi-M, basée à Bagnols-sur-Cèze, fait partie des 61 projets lauréats retenus dans le cadre du volet nucléaire du plan France Relance.
« Nous sommes heureux et fiers de participer à la transition numérique de nos territoires vers une industrie 4.0, se félicite Franck Martin, cofondateur, avec Christian Père, de Gambi-M. Nous allons pouvoir accélérer notre R&D visant d'une part à créer des maquettes BIM (Building Information Modeling, NDLR) fiables d'installations industrielles, et d'autre part à démocratiser des répliques virtuelles réalistes de ces usines. »
Réduire les coûts en automatisant les process
La société Gambi-M est née en 2017 d'un constat : pour des raisons de sécurité et de confidentialité, l'accès physique aux sites industriels est de plus en plus difficile, risqué et cher.
« La situation est encore pire dans l'industrie nucléaire : comment une équipe pluridisciplinaire regroupant une ingénierie, des exploitants et des entreprises de travaux peut-elle travailler concrètement alors qu'à peine 15% d'entre eux ont accès aux installations ?, interroge Franck Martin. C'est pourquoi nous avons fait le pari d'une transformation numérique en nous lançant sur le marché du BIM, soit la modélisation 3D d'un bâtiment enrichi de données techniques dans lequel l'accès ne représente aucune contrainte ni aucun risque. »
Ce procédé autour d'une nouvelle technologie, permettant d'entrer dans des milieux toxiques afin de les démanteler et ainsi accélérer la réindustrialisation du département, a vivement intéressé la CleanTech Vallée : la pépite Gambi-M a été lauréate du CleanTech Booster pendant deux saisons (2019 et 2020).
Structurée autour d'une équipe de 23 personnes, spécialisées notamment en IA et réalité virtuelle, Gambi-M s'est lancé dans le développement d'outils de scan 3D et de modélisation CAO en automatique, donnant lieu à des environnements hyper réalistes. Baptisé "Sara", le projet vise à diminuer les coûts des maquettes numériques en automatisant les process et en y insérant de l'IA.
La société a ainsi réalisé la gestion du modèle BIM de l'installation AVM de Marcoule pour le compte du CEA.
Couvrir l'ensemble du spectre numérique
En partenariat avec le LIRM de Montpellier et l'Université de Bourgogne, Gambi-M travaille sur un autre projet phare, "Oscar", soit un drone volant 100% autonome pour la surveillance, le repérage, la mesure et le scan.
« Nous en sommes à la seconde version et travaillons sur sa légèreté et sa maniabilité, confie Franck Martin. Nous avons déjà fait des simulations sur le site Lavéra/étang de Berre et les résultats sont très encourageants. Pour passer à la phase industrielle, il nous faut maintenant trouver un financement, avec un coût de développement estimé à 30.000 euros. »
Enfin, le département R&D de Gambi-M planche sur un troisième projet baptisé "Vera", un outil d'application logicielle métier, dédié par exemple à la radioprotection...
« Smartbi-M, notre palette de solutions, est large car elle couvre l'ensemble du spectre numérique, mais du coup, le message commercial n'est pas forcément très cohérent, admet le dirigeant de Gambi-M. Pour lancer la commercialisation de notre nouvelle application V-iSite (qui permet à la fois de réduire le temps et donc les coûts de modélisation d'un site nucléaire, NDLR), nous allons créer une filiale, Bi-Mension, d'ici 2022. »
Alors qu'elle consacre en moyenne chaque année 600.000 à 700.000 euros pour sa R&D, la société du Gard rhodanien prévoit d'investir cette fois 1,6 millions d'euros. Un investissement porté par les effets de sa candidature retenue dans le cadre du plan France Relance qui lui a alloué un budget de 416.000 euros sur deux ans.
Flirtant avec le million d'euros de chiffre d'affaires, Gambi-M entend ainsi accélérer dans ses objectifs de déploiement du BIM et, de fait, poursuivre ses recrutements sur la cadence annuelle moyenne de quatre à six personnes.
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