Pourquoi Michel Van Den Berghe rachète Seclab, pépite de la cybersécurité

L’entreprise montpelliéraine Seclab, spécialisée dans la cyberprotection des infrastructures critiques et stratégiques dans des secteurs tels que les télécom, l'énergie, l'eau, le ferroviaire ou la défense, change de main. C’est l’entrepreneur Michel Van Den Berghe, ancien fondateur d’Atheos, d’Orange Cyberdéfense et du Campus Cyber, qui rachète la totalité de ses titres. Projet.
Cécile Chaigneau
Michel Van Den Berghe, ancien fondateur d'Atheos et et du Campus Cyber (dont il conserve la présidence), est le nouveau propriétaire dirigeant de l'entreprise montpelliéraine spécialisée en cybersécurité, Seclab.
Michel Van Den Berghe, ancien fondateur d'Atheos et et du Campus Cyber (dont il conserve la présidence), est le nouveau propriétaire dirigeant de l'entreprise montpelliéraine spécialisée en cybersécurité, Seclab. (Crédits : DR)

Entrepreneur un jour, entrepreneur toujours. La maxime sied parfaitement à Michel Van Den Berghe, ancien fondateur d'Atheos, d'Orange Cyberdéfense (de 2014 à 2021) et du Campus Cyber (dont il conserve la présidence), organisme installé dans la tour Eria du quartier de La Défense à Paris depuis février 2022 et rassemblant plus de 1.800 experts de la filière cybersécurité (services de l'État ou centres de recherche). La Tribune annonçait en exclusivité le 16 janvier dernier la création prochaine d'un Campus Cyber à Toulouse.

Ce 18 janvier, Michel Van Den Berghe vient éclairer une information qui bruissait depuis plusieurs mois. Le 11 janvier, il a finalisé le rachat de la totalité des titres de l'entreprise montpelliéraine Seclab auprès de ses actionnaires historiques : les fondateurs de l'entreprise (Xavier Facelina, CEO, et Benoît Badrignans, CTO), le groupe EDF et le fonds d'investissement Starquest.

Le tour de table compte également trois investisseurs minoritaires aux côtés de Michel Van Den Berghe, garantissant un capital 100% français : le Fonds Definvest du ministère des Armées et géré par Bpifrance, le fonds de venture-capital 115K-La Banque Postale, et le groupe Thales (entré dans le top 5 des leaders mondiaux de la cybersécurité après avoir mis la main, en décembre dernier, sur le groupe américain Imperva aux côtés des géants américains Palo Alto, Fortinet, Crowdstrike et de l'israélien Check Point).

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Opérateurs d'importance vitale

Seclab s'est fait un nom dans l'écosystème de la cybersécurité : spécialiste de la protection des infrastructures critiques et stratégiques, ses solutions protègent ces opérateurs d'importance vitale (OIV) dont le dysfonctionnement aurait un impact crucial sur le fonctionnement de la Nation, dans les télécom, l'énergie, l'eau, le ferroviaire ou la défense où Seclab y compte des références significatives. Ses solutions sécurisent les échanges en simplifiant les architectures d'interconnexion et en supprimant les risques liés aux failles logicielles des équipements de cybersécurité. Sa technologie de rupture (brevetée) de tous les protocoles de communication réseau et USB permet de déployer des architectures réseaux fortement sécurisées et de pilotage distant de systèmes cyberphysiques.

Xavier Facelina salue « ce changement d'actionnaires, initié par un entrepreneur expérimenté et reconnu, qui va nous permettre de poursuivre notre projet industriel et de déployer notre positionnement commercial en France et à l'étranger ».

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Montée en puissance de l'industrie 4.0

Seclab emploie 14 salariés et a bouclé son exercice 2022-2023 sur un chiffre d'affaires de 2,5 millions d'euros. Cette opération capitalistique va permettre à l'entreprise montpelliéraine de se doter de nouveaux moyens pour poursuivre son développement et continuer à innover dans les solutions de cybersécurité dédiées à l'industrie 4.0 et aux environnements sensibles.

« Je souhaitais reprendre une activité entrepreneuriale avec la conviction qu'un acteur 100% français peut faire partie des plus grands fournisseurs de cybersécurité, déclare Michel Van Den Berghe à La Tribune. Seclab est une pépite qui manque de notoriété et a besoin maintenant d'aller faire connaître la pertinence de sa technologie. D'autant plus qu'avec la montée en puissance de l'industrie 4.0, c'est le bon moment. De plus en plus de systèmes qui n'étaient pas connectés à internet le sont aujourd'hui, ce qui les expose : par exemple, les bateaux qui sont connectés aujourd'hui mais pas conçus pour être protégés, ou les immeubles intelligents dont les systèmes de gestion technique sont faciles à pirater. J'ambitionne de faire de Seclab un acteur européen incontournable du domaine de la cybersécurité. »

Le nouveau président de Seclab veut ainsi de mettre à portée de main de tous types d'entreprises ou collectivités françaises la solution de cybersécurité simple et inattaquable de la pépite montpelliéraine, jusqu'à présent réservée à la protection des actifs les plus critiques du pays. Une ambition que Xavier Facelina portait déjà et avait commencé à déployer, notamment depuis son partenariat avec le Français rBlox, spécialiste de la sécurité de la connectivité des legacy (systèmes informatiques, matériels et logiciels en place depuis longtemps dans une entreprise), signé en mai 2023 : leur offre commune a contribué à abaisser les seuils d'accès à leurs solutions pour sécuriser la connectivité des sites industriels des ETI et PME industrielles.

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50 millions d'euros dans cinq ans

Le développement international de l'entreprise est également une piste stratégique prioritaire. Seclab travaille déjà avec le Brésil, l'Espagne et le Vietnam via un réseau de partenaires et revendeurs. Michel Van Den Berghe cible « d'abord l'Europe, en s'appuyant sur un réseau de distribution que mon expérience va permettre d'apporter ».

Les ambitions du nouveau dirigeant de Seclab : porter le chiffre d'affaires à 50 millions d'euros d'ici quatre ou cinq ans.

Xavier Facelina et Benoît Badrignans restent dans l'entreprise, le premier sur la partie technique, le second sur le développement des solutions, « je recrute un directeur des opérations qui va arriver avec son équipe commerciale et nous ouvrirons une agence commerciale à Paris », ajoute Michel Van Den Berghe.

Les effectifs de l'entreprise sont aussi amenés rapidement à s'étoffer : « Nous allons avoir besoin autant d'électroniciens que d'experts cybersécurité, et nous aurons un plan de recrutement ambitieux, surtout sur la force commerciale dans un premier temps, les premiers arrivant dès février. Nous devrions monter à 30 salariés d'ici fin 2024 », prévoit l'entrepreneur, qui confirme la crise des talents qu'il avait déjà pointée en février 2022, lors de l'inauguration du Campus Cyber à Paris.

« C'est compliqué de recruter en cybersécurité, explique-t-il. Le secteur a un problème d'attractivité : beaucoup de jeunes pensent que ce n'est pas fait pour eux mais pour les geeks ! Or la cybersécurité, c'est plein de métiers différents ! Le futur Campus Cyber de Toulouse sera dédié à la cybersécurité industrielle et nous axerons les formations dessus. »

« Ce rachat est une nouvelle preuve de l'expertise cyber des entreprises de la région Occitanie », souligne Marc Sztulman conseiller régional d'Occitanie et président de Cyber'Occ, organisme régional public spécialisé sur la cybersécurité et dédié à l'accompagnement des entreprises et des collectivités.

Cécile Chaigneau

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