Cybersécurité : « Seclab s'installera dans le futur Campus Cyber de Montpellier », annonce Michel Van Den Berghe

ENTRETIEN - L’entreprise montpelliéraine Seclab, spécialisée dans la cyberprotection des infrastructures critiques et stratégiques (télécom, énergie, eau, ferroviaire,…) a changé de main en janvier dernier, racheté par l’entrepreneur Michel Van Den Berghe, ancien fondateur d’Atheos, d’Orange Cyberdéfense et créateur du Campus Cyber. Le nouvel actionnaire présentait sa feuille de route, jeudi soir 21 mars à Paris, aux côtés du fondateur Xavier Facelina. La Tribune a pu échanger avec lui en amont.
Cécile Chaigneau
Michel Van Den Berghe, ancien fondateur d’Atheos, d’Orange Cyberdéfense et créateur du Campus Cyber, est désormais à la tête de l'entreprise montpelliéraine Seclab, spécialisée dans la cyberprotection des infrastructures critiques et stratégiques.
Michel Van Den Berghe, ancien fondateur d’Atheos, d’Orange Cyberdéfense et créateur du Campus Cyber, est désormais à la tête de l'entreprise montpelliéraine Seclab, spécialisée dans la cyberprotection des infrastructures critiques et stratégiques. (Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Au moment du rachat de Seclab (cyberprotection des infrastructures critiques et stratégiques), en janvier dernier, vous avez annoncé l'ambition de faire de l'entreprise un acteur européen incontournable du domaine de la cybersécurité. Quelle est votre feuille de route ?

Michel VAN DEN BERGHE - L'idée, c'est de passer de l'ombre à la lumière. Seclab est aujourd'hui une entreprise reconnue dans un environnement très étroit, celui des opérateurs d'infrastructures critiques ou des services de l'Etat spécifiques comme le ferroviaire, le militaire, le nucléaire, etc. Mais avec l'arrivée de l'hyperconnexion, différentes technologies sont désormais connectées à internet et il faut les rendre à nouveau invisibles. Et compte tenu du nombre de cyberattaques depuis deux ou trois ans, toutes les typologies d'entreprises sont exposées. Par exemple, dans les CHU, on trouve maintenant des outils de soin connectés, comme les IRM ou les appareils de radiologie, qui permettent d'envoyer les résultats rapidement chez les médecins, mais cela crée des brèches de sécurité, d'où les attaques sur les hôpitaux. C'est le cas aussi de tous les acteurs concernés par la directive NIS2 qui va obliger les sous-traitants des grands industriels à se cybersécuriser. Ou des acteurs du nouveau bâtiment intelligent que personne n'a prévu de cybersécuriser... Notre objectif aujourd'hui est d'amener une technologie développée depuis dix ans pour protéger les actifs les plus sensibles de la Nation à l'ensemble des entreprises, d'abaisser les seuils d'accès à nos solutions. Nous simplifions la technologie de rupture protocolaire de Seclab dans un boîtier, assurant les fonctions de base, avec une gamme de prix plus accessible... Notre slogan aujourd'hui, c'est « vous avez une vie numérique importante et chez Seclab on vous garantit la vie ».

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Comment va se structurer l'entreprise pour répondre à ces objectifs ?

On va avoir trois business units. Une qui reste l'ADN de Seclab, à savoir un bureau d'études qui continue de développer des technologies spécifiques pour une sécurisation pointue d'acteurs sensibles. Par exemple, le marché de la défense s'ouvre à nous et nous avons signé un partenariat avec Thales pour amener ces technologies dans les environnements les plus sensibles. Nous allons sortir un tout nouveau boîtier en fin d'année et nous réalisons les qualifications avec eux pour aller vite sur ce marché, et par ailleurs, Thales souhaite intégrer la technologie de Seclab au sein de leur propre technologie. Nous maintenons une business unit dédiée à l'activité auprès des opérateurs très sensibles, et nous créons une troisième business unit pour l'activité auprès des autres entreprises.

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L'un de vos axes de croissance est l'international. Quelles sont vos cibles ?

Ce qui m'a surpris positivement, c'est que sans forces commerciales dédiées, nous avons déjà de belles références aux Etats-Unis, en Inde, au Vietnam, qui se sont développées par le bouche à oreille, par exemple dans la filière du nucléaire. Nous souhaitons sortir de France pour travailler la sécurité des opérateurs extrêmement sensibles car nous sommes quasiment les seuls au monde à proposer une sécurité électronique double flux. Certains opèrent du simple flux ou d'autres font la même chose que nous mais façon software, or nous considérons que ça crée d'autres failles de cybersécurité... Nous préparons un partenariat avec une grosse entreprise de services numériques qui travaille dans le domaine de la sécurité industrielle et qui est très puissante en Italie. Par ailleurs, nous avons rencontré le Canada qui veut faire venir des entreprises françaises, une implantation qui nous permettrait d'avoir un positionnement outre-Atlantique. Enfin, le marché asiatique est important et nous l'étudierons plutôt en 2025.

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Quels moyens allez-vous donner à ces ambitions ?

Aujourd'hui, Seclab est structurée pour produire un grand nombre de boîtiers. Nous allons recruter trois commerciaux, ce qui n'existait pas chez Seclab qui affiche malgré tout un chiffre d'affaires de 2 millions d'euros, et nous serons une trentaine de salariés d'ici fin 2024. Nous visons une croissance d'au moins 20%. En fonction du développement de l'activité à toutes les entreprises, nous regarderons à recruter en avant-vente, en installation et nous allons créer un service support et maintenance. Nous avons ouvert une agence commerciale à Paris et nous allons augmenter le nombre de distributeurs et intégrateurs de technologie... Notre ambition est de monter le chiffre d'affaires à 50 millions d'euros d'ici quatre ou cinq ans.

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Seclab reste à Montpellier. Quels sont vos objectifs localement ?

Oui, la production reste à Montpellier, et nous allons déménager dans de nouveaux locaux dans le cadre d'un projet de création, avec la Région Occitanie, d'un Campus Cyber montpelliérain qui accueillera d'autres acteurs locaux de la cybersécurité. Nous avons mis au point un programme de labellisation « Campus Cyber » pour pouvoir utiliser la marque et éviter l'approche trop mercantile, et nous ne recevons des dossiers que des Régions car nous souhaitons des projets privés-publics... L'objectif de la Région Occitanie, c'est d'avoir un Campus Cyber qui marche sur deux jambes, un à Toulouse et un à Montpellier, avec une forte connotation informatique et sécurité industrielle. Nous sommes actuellement dans l'ébauche du projet : nous travaillons avec la Région et nous sommes en négociation avec le propriétaire d'un nouveau bâtiment dans le quartier Eurêka (non communiqué dans l'attente de la fin des négociations, NDLR). Le Campus Cyber de Montpellier devrait ouvrir en septembre ou octobre, avec des acteurs montpelliérains de la cybersécurité donc, mais aussi des universitaires et de la recherche, et la volonté de favoriser l'émergence de nouvelles startups. Nous allons créer une équipe de préfiguration pour entrer dans le vif du sujet. Nous avons déjà des engagements pour plus de 1.200 m2 et nous étudions l'hypothèse de prendre tout le bâtiment de 3.000 m2.

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Dans un contexte de cyberattaques qui se tend, récemment contre des services de l'Etat ou les lycées par exemple, Seclab se positionne-t-elle dans le cadre des Jeux Olympiques Paris 2024, où le risque est important ?

Nous avons vocation à protéger ce qui ne doit pas être attaqué, donc oui, nous voyons arriver, avec les JO, des projets d'infrastructures qui vont être connectées et qui veulent être protégées, et nous y participerons.

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Cécile Chaigneau

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