Face à la crise, le Département de l’Hérault cherche à booster l'économie locale

Entre ses obligations sociales et éducatives, les besoins de domaines dépendant de ses compétences comme la viticulture, et des revenus en baisse, le Département de l’Hérault cherche de nouvelles voies financières. Comme augmenter l’attractivité du domaine de Bayssan à travers le projet des Jardins Méditerranéens, ou attirer le restaurant des Grands Buffets qui quitte Narbonne.
Le 25 septembre, le président de l'Hérault Kléber Mesquida faisait le point sur les dossiers en cours, pointant notamment la nécessité d'accompagner au mieux le secteur viticole en grande fragilité après la sécheresse de l'été passé.
Le 25 septembre, le président de l'Hérault Kléber Mesquida faisait le point sur les dossiers en cours, pointant notamment la nécessité d'accompagner au mieux le secteur viticole en grande fragilité après la sécheresse de l'été passé. (Crédits : Département de l'Hérault)

« Cette année pour la première fois, nous avons dépassé les 2 milliards d'euros de budget pour le Département de l'Hérault », affirme Kléber Mesquida, président du Conseil départemental de l'Hérault, lors d'un point presse de rentrée ce lundi 25 septembre.

Rien de moins étonnant dans un contexte de crise économique, énergétique, écologique (et donc sociale) qui affecte de nombreux domaines de compétences de la collectivité territoriale.

Le coût d'une rentrée sociale

Le mois de septembre sonne la rentrée pour le Département, lequel est en charge de la logistique des collèges pour lesquels il investit 96,4 millions d'euros de budget éducation en 2023. Cette année ce sont 56.850 collégiens, dont environ 48.000 font leur scolarité dans les 80 collèges de l'Hérault, dont le petit-dernier est le collège de Port-Marianne qui inaugure sa première rentrée avec l'ensemble des sections (coût total de 25,9 millions d'euros).

Face à une démographie départementale qui augmente de « plus de 1.500 nouveaux habitants par mois », la construction de deux nouveaux collèges est planifiée à l'horizon 2025 à Juvignac et à Maraussan. De nombreuses modernisations et extensions sont également prévues sur l'ensemble des établissements afin d'améliorer notamment la consommation d'énergie et le confort thermique, permettant déjà de constater 20% d'économie d'énergie tout en visant « 40% d'ici 2030 », annonce l'élu.

Face à la crise sociale et économique, l'Aide à la restauration des collégiens a été valorisée, permettant aux familles aux plus faibles revenus de débourser seulement 1 euro (maximum 3,40 euros pour les plus aisés) alors que le repas coûte 10,14 euros à la production.

Le budget social le plus important concerne évidemment les aides aux plus fragiles. Quelque 900 millions d'euros concernent des droits comme l'aide à l'autonomie, l'allocation handicapé ou le RSA.

« Ce sont des charges incompressibles, affirme Kléber Mesquida. Ces dépenses sociales sont en hausse depuis quinze ans alors que la conjoncture est compliquée et les personnes vieillissantes. »

Pour des raisons sociales ou de violences intra-familiales, 3.000 enfants ont été confiés cette année au Département, lequel indique connaître des difficultés à recruter des assistants familiaux pour les accueillir.

De l'eau pour sauver la vigne

Avec un chiffre d'affaires de 600 millions d'euros, la viticulture est un poids lourd de l'économie dans l'Hérault. Elle pèse de manière vitale sur le secteur agricole local (800 millions d'euros), lequel représente le deuxième PIB du département derrière le tourisme (1,7 milliard d'euros). Par convention avec l'Etat, le Département est autorisé à intervenir sur le champs économique agricole en direct. Or suite aux épisodes de sécheresse intense de l'été 2023, il est urgent d'agir. Selon un premier bilan des vendanges qui se terminent, il faudrait tabler, selon Kléber Mesquida, sur « 20 à 30% de baisse de la production viticole ». D'où l'impact non négligeable sur la profession alors que le département compte 80.000 hectares de vignes et emploie près de 9.000 salariés dans le secteur.

Dans le cadre du plan Hérault Irrigation, la création de retenues hivernales étanches est à l'étude pour tenter de solutionner la problématique du manque d'eau dans le secteur agricole. Et ce « sans aucun prélèvement dans les nappes phréatiques au contraire des méga-bassines pointées du doigt par les associations écologiques », promet Kléber Mesquida. Il s'agit de capter l'eau du Rhône qui se jette dans la mer, de la stocker dans des réservoirs, avant de la distribuer gratuitement aux agriculteurs qui auront toutefois à leur charge le rattachement au réseau. Sont à l'étude des emplacements sur les secteurs de Caussiniojouls/Autignac/Magalas et Pouzolles/Coulondres, le site de Florensac ayant été récemment retoqué pour des raisons techniques. Les dates de mise en oeuvre ne sont pas encore connues.

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« Sans une irrigation raisonnée, la viticulture est vouée à disparaître, martèle le patron de Département de l'Hérault. Allez discuter avec la profession dans des secteurs non-irrigués, vous verrez dans quel état ils se trouvent... Je crains qu'ils abandonnent leur vignoble et que cela devienne un territoire de garrigues. »

Pour soutenir l'économie locale, le Département planifie de développer une offre de Conchyli-tour dédié à la mise en valeur de la conchyliculture (90% de la production régionale provient du bassin de Thau), à l'image de l'Oenotour (un circuit de 515 km et 98 caveaux-étapes labellisés), « unccès » qui a été mis en place pour le secteur viticole. Une façon de combiner tourisme et agriculture de manière vertueuse.

Autre démarche de valorisation du territoire : le Département est candidat au label des Géoparcs mondiaux de l'UNESCO en raison de la richesse de son patrimoine géologique, comme en témoigne la dalle paléontologique de la Lieude, vieille de 260 millions d'années. Le périmètre de ce Géoparc regrouperait 112 communes sur 2044 km2 dans le secteur du Lodévois et du Clermontais. Si les retombées ne sont pas mesurables à ce jour, cela contribuerait à l'image du Département et donc à son attractivité touristique.

Les Grands Buffets au domaine de Bayssan ?

Face à tous ces domaines de dépenses, une inquiétude pèse sur l'équilibre budgétaire : la baisse des revenus liés aux DMTO, les droits de mutation à titre onéreux qui proviennent des transactions notariales. D'un montant de 320 millions d'euros en 2022, ils sont estimés à 260 millions d'euros en 2023, en raison d'un marché immobilier grippé : peu de biens disponibles dans le parc immobilier ancien et « un nombre de chantiers est en baisse dans le neuf, en dépit des besoins immobiliers croissants ».

C'est dans ce contexte que le développement du domaine de Bayssan tombe à pic. Situé à côté de la sortie Béziers Ouest de la très fréquentée autoroute A9, le lieu attire pour l'équipement actuel comprenant entre autres un parc de jeux pour enfants, un parcours de santé et bénéficie de la dynamique culturelle proposée par la Scène de Bayssan (un théâtre et un amphithéâtre). Sans compter les Jardins de Méditerranée, un projet reporté suite à un contentieux avec une association environnementale, dont « les travaux devraient pouvoir reprendre en 2024 » suite à une procédure d'autorisation environnementale encore en cours. Il s'agit de proposer « un aquarium, une géode de 200 places et le pavillon des vins de l'Hérault », accessibles selon un tarif qui n'est pas encore déterminé. Selon les études, l'aquarium pourrait attirer « entre 450.000 et 500.000 visiteurs par an », un chiffre à mettre en miroir avec le site des neuf écluses de Fonséranes toutes proches.

Un autre projet pourrait accroître les revenus du Département et augmenter la fréquentation des lieux : le domaine de Bayssan est en effet candidat pour accueillir le déménagement des Grands Buffets qui quittent Narbonne et souhaitent installer dans un nouveau lieu à la dimension de leurs ambitions : un restaurant qui permettrait de passer de 360.000 couverts à 500.000 couverts par an, un hôtel de 200 chambres, un parcours jeux de lumière, une halle de produits du terroir et une serre expérimentale d'agriculture bio sur 40 hectares appartenant au syndicat mixte de Bayssan. La réponse est attendue pour la fin d'année, le site étant en concurrence avec Carcassonne pour ce qui pourrait être une aubaine autant touristique qu'économique.

« Quand on regarde les chiffres de l'INSEE, la plus grande poche de pauvreté de l'Hérault se situe dans le triangle Béziers, Agde et Pézenas, reconnaît Kléber Mesquida. Quand on amène sur le secteur un petit poumon économique, il ne faut pas rater la marche. »

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