L’Agence de Développement et des Transitions de la Métropole de Montpellier (enfin) créée sur une volonté de « territoires fédérés »

L’agence de développement et des transitions, promise par Michaël Delafosse durant sa campagne des municipales en 2020, vient enfin d’être créée ce 8 novembre 2023, dans le cadre d’une assemblée générale constitutive qui a rassemblé toutes les entités fondatrices (EPCI représentants 200 communes, Région, universités, chambres consulaires et monde économique). Une gouvernance plurielle et partagée pour une philosophie que Michaël Delafosse articule autour d’un maître-mot : coopération territoriale. Les ambitions sont économiques mais avec le souci affiché du développement « durable et concerté » du territoire…
Cécile Chaigneau
Les EPCI, collectivités, représentants du monde économique et du monde universitaire étaient rassemblés autour de Michaël Delafosse (maire de Montpellier et président de la Métropole) le 8 novembre 2023 pour l'assemblée générale constitutive de l'Agence de Développement et des Transitions initiée par la Métropole de Montpellier.
Les EPCI, collectivités, représentants du monde économique et du monde universitaire étaient rassemblés autour de Michaël Delafosse (maire de Montpellier et président de la Métropole) le 8 novembre 2023 pour l'assemblée générale constitutive de l'Agence de Développement et des Transitions initiée par la Métropole de Montpellier. (Crédits : Métropole de Montpellier)

C'était une sorte de serpent de mer depuis la campagne des municipales du maire (PS) Michaël Delafosse en 2020 : doter la Métropole de Montpellier d'une agence de développement économique. Depuis son élection, l'élu, également président de la Métropole, s'est vu mille fois poser la question de sa création effective.

La décision politique avait été votée en conseil métropolitain le 12 octobre... 2020. Après trois années de maturation, l'agence existe concrètement depuis ce 8 novembre 2023 : une assemblée générale constitutive a acté sa création et les statuts seront déposés en préfecture de l'Hérault demain. Son nom a légèrement évolué pour s'enrichir d'une incontournable notion : l'agence de développement économique est devenue l'Agence de Développement et des Transitions.

Spécificité de la nouvelle structure, qui explique notamment le temps de gestation : elle est le fruit d'une coopération entre dix collectivités territoriales fondatrices représentant 200 communes : Montpellier Méditerranée Métropole, Région Occitanie, Sète Agglopôle Méditerranée, Communauté d'Agglomération Hérault Méditerranée, Pays de l'Or Agglomération, Communauté de Communes du Pays de Lunel, Communauté de Communes du Grand Pic Saint-Loup, Communauté de Communes de la Vallée de l'Hérault, Communauté de Communes du Clermontais, et Communauté de Communes Lodévois et Larzac. Sont également invités dans la gouvernance des représentants socio-économiques, des entreprises et des acteurs de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Lire aussi« L'agence de développement économique de la métropole de Montpellier devrait être opérationnelle en septembre 2021 » (Alex Larue)

« L'intelligence collective prime sur des rapports de force surannés »

« Pendant trente ans, le territoire a crevé de ses rivalités et aujourd'hui, ma promesse de campagne est honorée au-delà de nos espérances avec une agence qui fédère 200 communes, se félicite Michaël Delafosse devant la presse, à l'issue de l'AG constitutive. Avant nous étions en compétition, aujourd'hui nous coopérons. Vu de l'Allemagne ou de la Chine, il vaut mieux... Nous donne l'image d'un ensemble de territoires fédérés. Nous avons opté pour une gouvernance ouverte et plurielle, loin des guerre picrocholines, et nous avons fait un choix inédit : que la Métropole ne soit pas majoritaire, à l'inverse du postulat selon lequel "qui paie décide". C'est un modèle très novateur, centré sur les coopérations, et dans lequel l'intelligence collective prime sur des rapports de force surannés ou dévastateurs. »

L'agence sera pilotée par un conseil d'administration composé de 31 membres issus de quatre collèges et élus pour trois ans (sauf pour les politiques qui sont désignés pour la durée du mandat en cours) : les EPCI et collectivités (16 sièges dont 5 pour la Métropole de Montpellier, 3 pour la Région Occitanie, et 1 pour chaque autre collectivité), les chambres consulaires, syndicats et réseaux professionnels (5 sièges), les entreprises (5 sièges), et les écoles, universités et centres de recherche (5 sièges). L'assemblée générale durant laquelle seront élus les membres de ce conseil d'administration aura lieu « dans les prochaines semaines ».

« Une agence opérationnelle, pas une strate de plus »

Le périmètre de la nouvelle agence s'inscrit donc sur la base d'une masse critique de près d'un million d'habitants, 350.000 emplois et 35.000 entreprises. La mission globale que ses fondateurs lui donnent : se mettre au service des entreprises et des projets économiques et « les accompagner collectivement dans leur transformation durable ».

« Nous voulons une agence opérationnelle, pas une strate de plus sur le millefeuille administratif des politiques publiques, une agence au service des entreprises dans les transitions et pas seulement le développement, affirme Alex Larue, avocat spécialiste des fusions-acquisitions au bureau EY de Montpellier et préfigurateur de l'agence (et ancien candidat LR-UDI des municipales 2020). L'idée, c'est de ne pas faire doublon avec ce qui existe déjà, comme l'agence de développement économique de la Région Ad'Occ, mais d'être complémentaires. Nous allons globaliser les savoir-faire pour proposer des formations, des diagnostics, des recours à des experts... 90% du tissu économique sont des entreprises de moins de dix salariés qui n'ont pas forcément les moyens d'aller vers ces transitions. Par exemple, l'agence pourra les accompagner sur le respect des réglementations, sur leur attractivité pour le recrutement de salariés, ou sur des sujets de financement car je le rappelle, l'accès aux crédits va être conditionné à des critères RSE et les entreprises qui ne jouent pas le jeu n'y auront plus accès. »

Michaël Delafosse indique un objectif chiffré : « Accompagner 1.000 entreprises par an dans leurs transitions ».

« Le modèle de compétition territoriale a affaibli le territoire »

Quatre axes stratégiques définissent le cadre des missions de l'agence : atteindre une masse économique déterminante, accompagner la transition sociétale des organisations et des territoires, favoriser l'essor et l'ancrage des entreprises et internationaliser le territoire tout en dopant son attractivité économique.

« Une entreprise qui veut s'installer à Montpellier et n'y trouve pas forcément de foncier disponible ne doit pas repartir, déclare Michaël Delafosse, répétant un argument souvent avancé. L'agence regardera dans le portefeuille du foncier des territoires voisins. La Métropole ne doit pas tout prendre, il faut rééquilibrer le territoire. »

Interrogé sur la compétition qui risque malgré tout de subsister entre les territoires, qui auront intérêt respectivement à attirer des entreprises, Michaël Delafosse répond : « Quand on commence à se parler, c'est un pas de géant ! Le modèle de compétition territoriale a affaibli le territoire ».

Parmi les premières actions annoncées de l'agence : un conseil de coordination des stratégies d'accueil des entreprises, favoriser l'aménagement économique durable, une cellule d'études et de prospectives, des programmes d'accompagnement experts sur des thématiques clés (efficacité énergétique, énergie verte, achats responsables, recherche de financement,...). Mais aussi étudier la création d'une coopérative carbone pour accélérer les projets locaux de réduction et de séquestration du carbone sur l'aire montpelliéraine.

Apporter de l'ingénierie

« Cette initiative est un moment fondateur, souligne Marie-Thérèse Mercier, qui représentait la Région Occitanie en l'absence de sa présidente Carole Delga. Carole Delga a placé son mandat sous le signe de l'entrepreneuriat engagé et positif. L'agence est en ligne avec cette ambition et travaillera en collaboration avec l'agence de la Région Ad'Occ. »

Dans les petits EPCI, dépourvus d'ingénierie, l'aubaine semble ne faire aucun doute. Pour Jean-Luc Requi, président de la Communauté de communes du Lodévois et Larzac, « cette volonté de travailler ensemble est un changement de méthode pour notre territoire qui compte beaucoup de TPE et quelques PME que nous avons du mal à aider sur leurs transitions car nous avons peu d'ingénierie ».

« Sète Agglopôle Méditerranée et la Communauté d'agglomération Hérault Méditerranée ont créé l'agence Blue Invest il y a deux ans et nous collaborerons avec cette nouvelle agence car c'est une évidence, nous avons beaucoup de sujets en commun : les ICC, la croissance verte ou la croissance bleue, etc., et des complémentarités en matière d'innovation », ajoute Jean-Guy Majourel, vice-président en charge du développement économique à Sète Agglopôle Méditerranée.

L'Agence de Développement et des Transitions sera dotée d'un budget de 1 million d'euros. Pour l'heure, installée dans les locaux du MIBI à Montpellier, elle dispose de quatre salariés, transférés du service de développement économique de la Métropole de Montpellier « mais les effectifs vont grossir progressivement et des recrutements sont lancés par ailleurs dans le service d'où viennent les salariés de l'agence », promet Alex Larue. Qui assure également qu'il n'y aura pas de chevauchement de périmètres dans les missions des deux entités.

Cécile Chaigneau

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