Assises de l’économie le 17 novembre à Montpellier : Michaël Delafosse explique pourquoi et comment

INTERVIEW - Montpellier Méditerranée Métropole veut renforcer l'attractivité et le développement économique du territoire. Après les Assises du territoire en février 2022 sur l'aménagement urbain, et le lancement opérationnel de son Agence du développement et des transitions le 8 novembre dernier, le président de la Métropole Michaël Delafosse ouvrira, ce vendredi 17 novembre, les Assises de l’économie qui ont vocation à dévoiler la feuille de route de la collectivité à horizon 2030 en matière de développement économique. Quelque 400 personnes sont attendues.
Cécile Chaigneau
Michaël Delafosse, président de Montpellier Méditerranée Métropole, lance la co-construction de la feuille de route de la collectivité en matière de développement économique à horizon 2030.
Michaël Delafosse, président de Montpellier Méditerranée Métropole, lance la co-construction de la feuille de route de la collectivité en matière de développement économique à horizon 2030. (Crédits : DR)

LA TRIBUNE - En février 2022, vous teniez les Assises du territoire sur l'aménagement urbain, et en juin 2022, les Assises de la MedVallée. Pourquoi des Assises de l'économie maintenant, à mi-mandat ?

Michaël DELAFOSSE, maire (PS) de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole - Montpellier est un territoire qui a fait référence pour son développement économique et le volontarisme de la puissance publique. C'est passé par du marketing territorial, « Montpellier la surdouée » (initié dans les années 1980 par Georges Frêche, alors maire de Montpellier, NDLR), par sa stratégie d'incubation avec le BIC (Business Innovation Center, classé dans le Top 5 des meilleurs incubateurs publics mondiaux du classement UBI Global depuis 2014, NDLR). Elle a été pionnière dans les approches territoriales. En 2013, est lancée la première dynamique auprès d'une filière, celle de la French Tech, dans le cadre d'une dynamique nationale. Nous avons lancé la MedVallée pour favoriser la fertilisation de la recherche scientifique. C'est une affirmation du territoire et une façon de commencer à se positionner car je le rappelle, je suis devenu maire après la perte de statut de capitale régionale par Montpellier ! Puisqu'à Toulouse, ils font des avions, j'ai proposé qu'à Montpellier, on se positionne sur le « one health »... Nous venons d'inaugurer la Halle de l'innovation et aujourd'hui, le quartier Cambacérès est dédié à l'économie. Nous venons de lancer l'agence des développement et des transitions qui prend des étages supplémentaires par rapport à mon engagement initial. Sur les ICC, Montpellier remporte huit lauréats dans l'appel à projet national « La grande fabrique de l'image »... Mais comme le dit Edgar Morin, « tout ce qui ne se régénère pas dégénère ». Le rôle de la Métropole est d'agencer, d'être un amplificateur, d'orchestrer. Ce n'est pas parce qu'on a été bon qu'il faut se reposer sur ses acquis. Il faut maintenant définir le cap sur 2030-2040. C'est important pour le territoire de la Métropole de Montpellier à un moment où d'autres Métropoles révisent leur stratégie de développement économique, renonçant même pour certaines à en avoir une ! Certains territoires revendiquent la décroissance. Moi je revendique la sobriété. Décroître sur le carbone oui, mais je veux du progrès, de l'innovation.

Nous traversons de multiples crises : économique, sociale, énergétique, climatique, etc. Comment cette feuille de route va-t-elle résonner avec ce contexte ?

Le monde change beaucoup plus que ce qu'on avait cru après la crise Covid, où l'important, c'était la reconquête de notre souveraineté sanitaire. La guerre en Ukraine, la logique des nouveaux empires redistribuent les chaînes de valeur. Les enjeux écologiques nous questionnent légitimement sur le foncier avec le ZAN (zéro artificialisation nette, NDLR), et je ne suis pas un maire anti-ZAN... Il faut lire ce que nous disent les crises. Quand on aide l'économie à passer le cap de la crise par un niveau massif d'investissement public, je fais un choix keynésien : on ne lâche pas les entreprises et on leur donne de la lisibilité. Par exemple le CHU de Montpellier avec 736 millions d'euros d'investissement (dans le schéma directeur immobilier du CHU entre 2024 et 2031, NDLR), c'est un message... Le développement économique doit en effet répondre aux grands défis du siècle : la santé, l'énergie - que le nucléaire devienne une énergie marginale au profit des renouvelables -, la digitalisation de la société, les industries culturelles et créatives car l'image est notre monde aujourd'hui et le jeu vidéo un secteur d'avenir.

Quelle est votre méthode pour écrire cette feuille de route du développement économique qui ne peut pas être élaborée hors sol ?

L'enjeu, c'est de faire ensemble. Par le passé, on a souvent fait cet exercice hors sol ! La pire des choses avait été « Montpellier Unlimited » (marque territoriale lancée en 2012 par Jean-Pierre Moure, alors président de Montpellier Agglomération, NDLR) : un fiasco ! C'était la grande époque des stratégies de marque... Aujourd'hui, on se parle, je suis à l'écoute des entreprises. Je veux des modalités de co-production, ce que Georges Frêche n'avait pas forcément fait en son temps. Depuis quand on ne s'est pas posé collectivement la question de où on veut aller ? Nous avons confié une mission à E&Y (qui dressera le portrait économique du territoire vendredi, NDLR) et ces Assises sont la continuité d'un processus de consultation lancé il y a plusieurs mois auprès de l'ensemble des acteurs économiques, des consulaires ou des banques. Ce temps d'Assises est un temps de dialogue, de confrontation des points de vue pour dire quel développement économique nous voulons, ce pour quoi on est disponible, où nous mettons nos moyens et là où on n'ira pas... Je laisse la gigafactory à Patrice Vergriete à Dunkerque (maire, président de la Communauté urbaine, et ministre du Logement depuis le 20 juillet 2023, NDLR ) et je prends l'industrie de pointe sur les biothérapies par exemple... Vendredi, dans les conclusions des Assises, je dirai nos premières intentions. On ne part pas de zéro mais il faut dire où sont nos forces et nos faiblesses et intensifier nos efforts.

Justement, quelles sont les faiblesses du territoire montpelliérain aujourd'hui ?

La première des faiblesses, c'est que beaucoup d'entreprises sont obligées d'aller chercher des compétences ailleurs alors que nous avons un tissu de formation exceptionnel. C'est notamment le cas d'Urbasolar dont les dirigeants me disent qu'ils ne recrutent pas à Montpellier. C'est un sujet majeur... Le projet France Travail (nouveau nom de Pôle Emploi, attribué dans le cadre du projet de loi pour le plein-emploi et qui a vocation à mieux coordonner le réseau des acteurs du service public de l'emploi, NDLR) est très prometteur et je demande à le présider avec Pôle Emploi... Il y a par ailleurs une question de visibilité : il faut une stratégie pour que vu, de Bruxelles ou d'Oslo, on voit ce qu'est notre territoire sur le plan économique. Et ainsi capter de grands investisseurs internationaux.

Quelles intentions pourraient concrètement émerger de ces Assises ?

Sur les énergies renouvelables, il faut une stratégie de filière, créer un cluster. Sur les ICC, il nous manque l'étage de structuration de la filière. Et on sent que nous aurions une carte à jouer sur le sport avec Vogo... Par ailleurs, on est très bon sur l'incubation et le lancement des entreprises mais il faut ajouter un étage à la fusée : le BIC verra sa mission évoluer pour accompagner la croissance des entreprises, avec des moyens supplémentaires pour la direction de développement économique... Enfin, je souhaite que la Métropole s'engage sur le dispositif d'avances remboursables pour les entreprises, comme le fait déjà la Région Occitanie. Jusqu'à présent, la Métropole avait refusé de se positionner sur le sujet. Ce sera un vrai facteur de structuration.

Qui sont les intervenants des Assises de l'économie ?

Parmi les intervenants attendus au cours de la matinée de ce vendredi 17 novembre :

  • Emmanuel de la Masselière, urbaniste
  • Jacques Godron, président de l'Institut des Hautes Etudes des Métropoles, spécialiste de l'attractivité
  • Laura Carmouze, directrice adjointe de la Chaire Attractivité d'Aix-Marseille
  • Hugo Alvarez, directeur de la prospective chez Atout France
  • Matthias Navarro, cofondateur et CEO de Redman, représentant local du Mouvement Impact France.

Cécile Chaigneau

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