Pénurie de candidats dans le BTP : « Les personnes éloignées de l’emploi peuvent être une ressource »

ENQUÊTE (3/3) – Depuis 25 ans, un groupement d’employeurs associatif pour l’insertion et la qualification (GEIQ) BTP agit pour la filière sur le département de l’Hérault. Une cinquantaine d’entreprises sont adhérentes, dont une quinzaine récemment, qui probablement espèrent trouver là un début de réponse à la pénurie de candidats pour faire face à leur activité.
Cécile Chaigneau
En 2021, l e GEIQ BTP Hérault a accompagné 77 salariés, dont 56% ont moins de 26 ans.

« Les GEIQ (groupement d'employeurs associatif pour l'insertion et la qualification, NDLR)  sont des regroupements d'entreprises qui, pour résoudre leurs problèmes de recrutement, parient sur le potentiel de personnes éloignées du marché du travail mais pas uniquement, tient à rappeler Gilbert Comos, le président du GEIQ BTP Hérault, lui-même dirigeant de Giraud BTP à Ramonville, en Haute-Garonne. Ils peuvent aussi accompagner un jeune ayant eu un premier parcours professionnels dans un autre métier ou qui se cherche et sont réorientés vers les métiers du BTP. La genèse c'est la formation de personnes, et c'est le sas d'entrée dans les métiers pénuriques du BTP. »

Le GEIQ BTP Hérault œuvre depuis 25 ans pour l'emploi sur son périmètre géographique, recrute et forme de nombreux profils sur des métiers pénuriques comme coffreur bancheur, maçon voirie et réseaux divers, canalisateur, technicien de maintenance ou électricien. Il compte une cinquantaine d'entreprises adhérentes dans le département, parmi lesquelles Eiffage Construction, Bouygues Bâtiment, Eiffage Route, Bec Construction, Bouygues Energie services, Citelum, Colas, Eiffage Génie Civil, Eurovia ou Razel Bec.

« Ce groupement d'employeurs est une démarche volontaire des entreprises adhérentes, ajoute le président de la structure. En 2021, il a accompagné 77 salariés, dont 56% ont moins de 26 ans, 13 sont issus des quartiers prioritaires de la ville, 8 sont des réfugiés sous protection internationale. En moyenne, 70% bénéficient d'une sortie positive vers l'emploi. »

Déficit de candidats

Malgré la hausse des prix des matières premières, les signaux pour 2022 semblent encourageants pour le secteur, avec un fort besoin en recrutements de la part des entreprises adhérentes du GEIQ BTP Hérault, dans un contexte de raréfaction des ressources humaines...

« Le secteur du BTP est en tension depuis longtemps car ça fait 40 ans qu'on dénigre les métiers manuels, observe Gilbert Comos. Alors que ce sont des métiers avec vraies qualifications, créatifs, bien rémunérés. Et c'est un travail d'équipe qui fait appel à des valeurs de cohésion... Les personnes éloignées de l'emploi peuvent être une ressource face à la pénurie. Après la crise sanitaire, on a eu un déficit de candidats. Sur certaines fonctions support, administratives, le groupement d'employeurs peut être une solution, mais pas sur la production où les entreprises ont besoin de salariés qui soient présents tous les jours sur les chantiers. »

Barbara Atlan, la directrice du GEIQ BTP Hérault enfonce le clou : « Oui, c'est une réponse majeure car on forme les gens. On fait se rencontrer les entreprises du BTP qui ont des besoins et des gens qui ne savent pas dans quelle direction professionnelle aller mais qui sont motivés, ont un savoir-être et qu'on va former en alternance... Le BTP est historiquement un secteur qui intègre donc les entrepreneurs ont l'habitude de ce type de public en insertion. Ce qu'ils veulent, c'est embaucher en CDI or chez nous, ; 70% finissent en CDI. Donc ce dispositif rassure les employeurs ».

Une quinzaine de nouvelles entreprises adhérentes

Signe que les temps changent et que les pratiques évoluent ? Gilbert Comos indique qu'« une quinzaine d'entreprises adhérentes sont arrivée depuis septembre 2021 »...

« C'est une augmentation significative, probablement en raison de la forte augmentation des reprises de chantiers et des appels d'offres, et donc du besoin de mettre de la main d'œuvre en face, analyse Barbara Atlan. Par ailleurs, il y a de plus en plus de clauses sociales dans les marchés publics. Or les salariés qui viennent via le GEIQ comptent comme personnes en insertion. »

Dans un arrêté du 10 mars 2022, l'Etat renforce son soutien envers les  GEIQ : « Nous avons des financements avec les Dreets (Directions régionales de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités, NDLR) : dès que nous rentrons un salarié répondant à leurs critères de convention pour l'emploi, nous avons désormais une aide au contrat de 1.400 euros au lieu de 814 euros auparavant, mais l'Etat a ajouté des critères supplémentaires ».

« Le groupement d'employeurs est un dispositif méconnu, mais je pense qu'on est au début d'une possibilité pour le monde salarié », conclut avec optimisme Gilbert Comos, qui ambitionne, pour l'année 2022, de féminiser le GEIQ BTP.

Lire aussi les volets 1 et 2 de ce dossier :

Cécile Chaigneau

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