Les données satellitaires vont mesurer l’impact du changement climatique dans les Parcs naturels régionaux d’Occitanie

Trois Scop de la région Occitanie, expertes en technologie spatiale (E2L, Idgeo et La TeleScop), réunies sous le collectif SpatialistESS, mettent en œuvre l’exploitation des données de satellites d’observation de la Terre pour évaluer l’impact du changement climatique sur les territoires de sept Parcs naturels régionaux d’Occitanie.
Cécile Chaigneau
Exemple de produits utilisables lors du processus de co-construction d’indicateurs des impacts des changements.
Exemple de produits utilisables lors du processus de co-construction d’indicateurs des impacts des changements. (Crédits : LaTeleScop/E2L/CESBIO/Theia)

Utiliser les données satellitaires d'observation de la Terre pour diagnostiquer l'impact du changement climatique à une petite échelle. C'est l'ambition du projet ADOPT (Applications des Données d'Observation de la Terre pour les Parcs Naturels Régionaux et leurs Territoires) qui a été lancé en Occitanie le 14 janvier par le collectif SpatialistESS. Son objectif : définir, prototyper et tester un service de production, d'analyse et de diffusion d'indicateurs des impacts du changement climatique sur les sept Parcs naturels régionaux (PNR) d'Occitanie*, qui représentent 25% de la superficie de la région.

Le collectif SpatialistESS associe trois sociétés coopératives et participatives (Scop) d'Occitanie : E2L (à Toulouse, spécialisée dans la co-conception en living-lab de services exploitant les données satellitaires d'observation de la Terre pour des applications environnementales en appui aux politiques de transitions), IdGeo (à Toulouse, centre de formation professionnelle spécialisé dans la Géomatique et la Télédetection) et La TeleScop (à Montpellier, spécialisée dans la télédétection spatiale).

De la Narbonnaise aux Pyrénées Catalanes

Leur matière première : les données à couverture nationale distribuées par le Pôle Theia, Dinamis, le service Copernicus Climate Change, l'USGS et la NASA, mais aussi des données issues de bases de données publiques (cartes, statistiques...), d'enquêtes de terrain, de résultats de modèles et de projections climatiques. Ces informations spatialisées seront assemblées au sein d'un Système d'Information Géographique (SIG) et d'un WebSIG afin d'établir un diagnostic partagé et servir de support aux ateliers et aux analyses.

Mais au préalable, il faudra déterminer quels indicateurs ADOPT devra suivre et analyser. Les PNR ont des problématiques communes en matière de biodiversité. Mais ils présentent aussi une grande diversité de milieux, depuis les lagunes méditerranéennes de la Narbonnaise jusqu'au glacier d'Arcouzan. La démarche s'appuiera donc au préalable sur un diagnostic de ces territoires et un travail de co-construction en living-lab des indicateurs concernant la vulnérabilité des écosystèmes terrestres ou aquatiques aux diverses pressions exercées (climat, évènements extrêmes, activités humaines, espèces envahissantes) et correspondant aux priorités spécifiques de chacun des PNR. Ainsi, durant la première année, des ateliers permettront d'identifier les sujets et les indicateurs pour lesquels les données spatiales apportent une réelle valeur ajoutée.

Les équipes des PNR n'ayant souvent qu'une idée approximative du potentiel et des limites des données spatiales, le projet prévoit une phase d'acculturation au spatial, qui sera confiée à IdGeo.

Avec une résolution de 10 mètres

« La première année sera consacrée à cette démarche de co-construction avec les parcs, explique Gérard Dedieu, cofondateur de E2L. Comme ils sont sept, nous allons travailler d'abord avec trois PNR pilotes : le PNR des Causse du Quercy, le PNR de la Narbonnaise en Méditerranée et le PNR des Pyrénées Catalanes. Ce qui va nous intéresser surtout, c'est de réussir à distinguer ce qui est dû au changement climatique des accidents météo ponctuels ou des évolutions dues à une activité humaine... Par exemple, dans le Quercy, l'élevage bovin a tendance à remplacer l'élevage ovin mais ce n'est pas la même chose en production d'herbe. Le satellite permettra de suivre toutes les semaines, avec une résolution de 10 mètres, l'évolution de la production végétale sur ces pâturages et le PNR pourra ainsi s'appuyer sur cette observation pour éventuellement inciter les éleveurs à adapter leurs élevages. L'objectif, c'est de partager un diagnostic et de faire prendre conscience qu'il se passe quelque chose pour aller vers une adaptation... On ne pourra pas répondre à tout ! La liste des besoins est énorme donc on va se concentrer sur certains indicateurs atteignables... et visibles par les satellites. »

L'objectif final est de développer des produits permettant de documenter l'évolution des milieux, des pressions (par exemple, la disponibilité en eau d'un territoire) et leurs impacts sur la biodiversité.

Une plateforme en open-source

Avec une interface WebSIG en open source, « la philosophie générale d'ADOPT est, sauf cas particulier, l'accès libre et gratuit aux résultats du projet ».

« L'objectif n'est pas de vendre un produit ou un service mais de constituer cette plateforme open-source et pourquoi pas, à l'avenir, créer une structure pérenne sous le statut de Scic (société coopérative d'intérêt collectif, NDLR) avec les PNR. Et on pourrait répliquer l'expérience ailleurs », confirme Bastien Nguyen-Duy, cofondateur de La TeleScop.

Le service pourrait ainsi être dupliqué sur d'autres PNR ou sur tout territoire intéressé par les indicateurs des impacts du changement climatique, tels que les Parcs Nationaux, les gestionnaires de réserves naturelles, le Conservatoire du littoral, les Conservatoires d'espaces naturels, etc.

Le projet ADOPT avait été labellisé en janvier 2021 par le Space Climate Observatory qui soutient les projets proposant aux acteurs locaux des outils opérationnels permettant de comprendre et modéliser les conséquences du dérèglement climatique sur leur territoire. Il est financé à hauteur de 250.000 euros (sur deux ans) par le CNES, l'Office français de la biodiversité et la Région Occitanie.

* PNR de l'Aubrac, PNR des Causses du Quercy, PNR des Grands Causses, PNR du Haut- Languedoc, PNR de la Narbonnaise en Méditerranée, PNR des Pyrénées Catalanes, PNR Corbières-Fenouillèdes.

Cécile Chaigneau

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