ENR : changement d’échelle pour le producteur indépendant Eléments, qui lève 50 millions d’euros

Le producteur indépendant d’énergie renouvelables Eléments, basé à Montpellier, boucle une levée de fonds de 50 millions d’euros qui va lui permettre d’accélérer son développement et de changer d’échelle. Son objectif, sur un marché en plein boom : construire et exploiter 1 gigawatt à horizon 2030 et se déployer à l’international, principalement en Italie, Finlande et Allemagne.
Cécile Chaigneau
(Crédits : DR)

Après avoir levé 1 million d'euros en 2016 et 2,5 millions d'euros en 2018, Eléments, producteur montpelliérain indépendant d'électricité décarbonée, boucle la 3e levée de fonds de son histoire, démarrée en 2015 : 50 millions d'euros auprès de son actionnaire historique Noria, rejoint par Bpifrance via son fonds France Investissement Energie Environnement 2, huit caisses du Crédit Agricole coordonnées par Sofilaro, OCCTE (société de gestion de fonds, satellite de la Région Occitanie, dédié à la transition énergétique pour le financement de projets d'infrastructures) via son fonds OCCTE OCCIGEN, et Enerfip Gestion (société de gestion du groupe Enerfip).

Les associés Pierre-Alexandre Cichostepski, Loïc Chazalet et Grégoire Petit ne communiquent pas les clés de répartition du capital mais précisent « conserver le co-contrôle de la société, en formant avec les collaborateurs le bloc d'actionnaires prépondérant ».

Le producteur, qui œuvre sur trois filières d'énergies renouvelable (solaire, éolien et petite hydroélectricité), compte à ce jour des bureaux à Montpellier (siège social), Paris, Lyon, Nantes, Bordeaux ainsi qu'en Guadeloupe, et emploie 104 collaborateurs. Cette nouvelle levée de fonds vise à accompagner Eléments dans la croissance de son activité de production d'énergie et donc son changement d'échelle.

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Un plan d'investissements de 900 millions d'euros

Sa stratégie : pas de rachat d'actifs mais un développement exclusivement greenfield, autrement dit la production de projets en propre.

« Nous voulons devenir fournisseur d'énergie et, à terme, proposer un bandeau de fourniture d'énergie décarbonée, 100% verte, en agrégeant les trois sources d'énergie, indique Pierre-Alexandre Cichostepski, président d'Eléments. Mais notre valeur ajoutée est de créer de nouveaux moyens de production pour le réseau, que nous gardons car ce sont des actifs stratégiques sur des zones d'exploitation que nous voulons densifier, ou que nous revendons tout ou partie. Aujourd'hui, nous avons 1 gigawatt (GW) de projets solaires en développement à différents stades, et une cinquantaine de mégawatts (MW) en construction ou déjà en exploitation, majoritairement en région Occitanie. »

L'entreprise annonce un plan d'investissements de 900 millions d'euros sur la période 2024-2030, sur les filières du solaire, de l'éolien terrestre et de l'hydroélectricité, « avec un majorité, plus de 60%, sur le solaire et en France, notre objectif étant de construire et exploiter, à horizon 2030, le GW actuellement en développement, et de couvrir le territoire national en métropole sur l'axe Paris-Lyon-Montpellier et Bordeaux-Nantes, ainsi qu'en Guadeloupe où nous remplaçons des moyens hyper carbonés », précise Pierre-Alexandre Cichostepski,

L'autre axe de croissance d'Eléments, c'est l'accélération de ses ambitions internationales.

« Nous sommes déjà implantés en Italie et en Finlande, avec des gens à Turin et Helsinki, et nous démarrerons en Allemagne, à Francfort, en mars 2024, trois pays dans lesquels il y a une profondeur de marché », indique le dirigeant.

Des ambitions qui pourraient amener l'entreprise à doubler ses effectifs d'ici 2030.

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Triplement des capacités mondiales à la COP28

Le franchissement de cette marche par le producteur montpelliérain intervient dans un marché mondial des énergies renouvelables en pleine effervescence, sommé d'accélérer son développement pour répondre aux enjeux climatiques.

Adoptée en février 2023, la loi d'accélération des énergies renouvelables, dont l'ambition est de faire rattraper à la France son grand retard en la matière, entend répondre à l'objectif fixé par le Président Emmanuel Macron à horizon 2050 de multiplier par dix la capacité de production d'énergie solaire et ainsi dépasser les 100 GW, et de déployer cinquante parcs éoliens en mer pour atteindre 40 GW.

En septembre dernier, ce sont les eurodéputés qui ont adopté une législation permettant de doubler la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique d'ici 2030 dans l'Union européenne, fixant l'objectif contraignant d'au moins 42,5% d'énergies renouvelables (contre environ 22% actuellement).

Et le 2 décembre, lors de l'actuelle COP28 à Dubaï, 116 pays ont signé un accord (non contraignant) sur le triplement des capacités mondiales des énergies renouvelables d'ici 2030, pour porter les capacités mondiales d'énergies renouvelables à 11.000 gigawatts (contre environ 3.400 GW aujourd'hui). Des capacités mondiales d'énergies renouvelables qui sont pour l'instant dominées par l'hydraulique (37%) et le solaire (31%), selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables.

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Les ENR en France

Production

Selon le baromètre 2022 des énergies renouvelables électrique, établi par Observ'ER, la France affichait environ 65 GW de capacités électriques renouvelables totales fin 2022 : 40% pour l'hydraulique, 31% pour l'éolien terrestre et 24% pour le photovoltaïque.

Consommation

En 2022, selon les données publiées en octobre 2023 par le ministère de la Transition écologique, les énergies renouvelables représentent 14,1% de la consommation d'énergie primaire française, une part « en progression régulière depuis une dizaine d'années ». Les énergies renouvelables constituent ainsi la quatrième source d'énergie primaire en 2022 derrière le nucléaire (36%), les produits pétroliers (30%) et le gaz naturel (16%).

Cécile Chaigneau

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