ENR : Valeco pousse ses pions sur l’éolien offshore

Le producteur d’énergies renouvelables montpelliérain Valeco, passé sous bannière allemande (EnBW) en 2019, affiche désormais des ambitions affirmées sur l’éolien offshore, un segment de marché sur lequel sa maison-mère germanique est déjà bien positionnée. Présent au salon Energaïa, grande messe nationale des ENR les 13 et 14 décembre à Montpellier, Valeco tente ainsi sa chance sur les appels à projets d’éolien en mer en Bretagne Sud et en Méditerranée.
Cécile Chaigneau
La maison-mère de Valeco, l'énergéticien allemand EnBW, détient déjà 336 MW d'actifs dans l'éolien en mer (photo : le parc Baltic 2), sur lequel Valeco se positionne également en France.
La maison-mère de Valeco, l'énergéticien allemand EnBW, détient déjà 336 MW d'actifs dans l'éolien en mer (photo : le parc Baltic 2), sur lequel Valeco se positionne également en France. (Crédits : EnBW)

L'entreprise montpelliéraine Valeco, développeur et exploitant de projets éoliens et solaires, est tombée dans le giron de l'Allemand EnBW (56 milliards d'euros de chiffres d'affaires 2022, 27.000 salariés) en juin 2019. A ce moment-là, Philippe Vignal, directeur général de la filiale EnBW Energies Renouvelables, racontait la « reconversion » à l'œuvre depuis 2012 dans les énergies renouvelables, de l'énergéticien allemand qui a progressivement fermé ses actifs nucléaires.

En intégrant le groupe, Valeco devenait le siège social de EnBW Energies Renouvelables. La filiale emploie 270 salariés aujourd'hui, à Montpelier et dans une dizaine d'agences en France. Si en 2019, EnBW annonçait 336 MW d'éolien en mer, ce segment de marché n'était pas encore une cible affichée pour Valeco. Depuis, les choses ont changé.

« Valeco est surtout positionné sur l'éolien terrestre, sur les centrales solaires au sol, principalement sur des friches dégradées, et sur l'agrivoltaïsme, précise à La Tribune Pauline Bertrand, responsable du développement offshore de Valeco, en amont du salon Energaïa les 13 et 14 décembre à Montpellier. Parmi nos actifs : 815 MW en service dont 500 MW dans l'éolien terrestre (le groupe est au prise d'un feuilleton judiciaire autour du parc des sept éoliennes de Bernargues-Lunas, dans l'Hérault, pour lequel la cour d'appel de Nîmes a ordonné le démantèlement le 7 décembre dernier, jugement sur lequel Valeco a annoncé se pouvoir en cassation, NDLR)... Le groupe allemand EnBW, dont 85% du capital appartient au land Bade-Wurtemberg, est un acteur européen majeur de l'énergie. Depuis 2012, il a affiché son ambition de monter sa part de production d'énergies renouvelables à 50% en 2025, et il était à 41,7% en 2022. Le groupe détient déjà un premier parc éolien offshore posé de 48 MW, Baltic 1, créé en 2011 en mer Baltique. Le parc Baltic 2, de 288 MW, tourne depuis 2015. Et EnBW a remporté en 2017 l'appel à projet du parc éolien offshore He Dreiht en mer du Nord, soit 960 MW pour 64 éoliennes, qui a pour particularité d'être sans subventions, soit un investissement de 2,4 milliards d'euros. Il est en cours de construction et devrait être mis en service fin 2025. En 2019, le groupe a mis en service les parcs d'Hohe See et Albatros en mer du Nord en Allemagne, soit 640 MW. Et en 2021 et 2022, EnBW a remporté, avec BP, deux projets de 6 GW au large de l'Ecosse. »

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L'AO5 et l'AO6

Emmanuel Macron qualifie de « réussite historique » l'accord qui vient d'être trouvé, le 13 décembre en clôture de la COP28, approuvant la transition vers la fin des énergies fossiles... Mi-novembre, le gouvernement français, quant à lui, avait rendu publique sa stratégie énergétique destinée à « sortir la France de sa dépendance aux énergies fossiles », avec notamment pour objectif de « massifier la production de toutes les énergies renouvelables ». En matière d'éolien offshore, la France compte à ce stade 8 GW installés ou en projet. Emmanuel Macron a annoncé, le 28 novembre dernier, vouloir lancer un appel d'offres en 2025 pour l'installation d'une dizaine de parcs éoliens en mer qui permettraient de produire 10 GW supplémentaires en 2035. L'ambition affichée est d'atteindre 45 GW en 2050, ce qui fera de l'éolien en mer la deuxième source de production d'électricité après le nucléaire. L'objectif, à l'issue d'un débat public, est déjà d'établir des zones précises des lieux d'implantation aussi bien en Méditerranée qu'en Atlantique, Manche et mer du Nord.

Valeco, qui compte une équipe dédiée à Nantes et Montpellier, se positionne sur les deux appels d'offres français en cours pour des parcs d'éolien en mer flottants : au sein du consortium Moulins du Mervent (avec Shell et Eolien en Mer Participations, filiale de la Caisse des Dépôts et Consignations) sur l'AO5 en Bretagne Sud (250 MW), et seul sur l'AO6 en Méditerranée (deux parcs de 250 MW chacun) avec le projet Les Moulins du Leonis.

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Technologies de flotteurs : « une approche agnostique »

« Sur l'AO5, les résultats sont attendus normalement début février 2024, et sur l'AO6, qui a pris du retard, on n'a toujours pas le cahier des charges mais on espère une remise des offres en mai 2024 pour des résultats en septembre 2024, précise Pauline Bertrand. La France a globalement du mal à concrétiser les AO lancés... Ce qui ne semble pas réaliste, c'est le délai : le débat public « La mer en débat » a été lancé début novembre et on espère avoir à l'été 2024 une cartographie des futures zones de l'éolien en mer. Et d'ici là, l'Etat devra lancer les appels à projets pour les extensions des AO5, AO6 et AO7 (sud-Atlantique, NDLR) et ensuite lancer les appels à projet pour les 10 GW supplémentaires... On espère que l'Etat tiendra les calendriers. »

Côté technologies des flotteurs, Valeco annonce « une approche agnostique » : « On se laisse la possibilité de choisir le plus tard possible, ce qui est permis par les appels d'offres, car il y a encore beaucoup de prototypes de flotteurs en train d'être testés, indique Pauline Bertrand. Nous sommes devenus concessionnaire et exploitant du site d'essais Mistral (à 5 km au large de Port-Saint-Louisdu-Rhône, NDLR), premier site d'essais autorisé en Méditerranée dédié à l'éolien flottant, notamment de différentes technologies de flotteurs ».

La dirigeante évoque de gros enjeux à encadrer, dans les appels d'offres, le contenu industriel local face à la concurrence chinoise.

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Cécile Chaigneau

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