Air France : l’arrêt de la Navette vers Orly a fait perdre 300.000 passagers par an à l’aéroport de Montpellier

L’annonce résonne fortement dans l’écosystème aérien français : Air France quittera son aéroport historique d'Orly en 2026 pour concentrer son activité sur Roissy. Ce qui entraînera l'arrêt de la Navette avec Toulouse, Marseille et Nice. Il y a deux ans, en novembre 2021, la compagnie avait mis un terme à cette Navette depuis Montpellier (dix vols quotidiens), au profit de sa filiale low-cost Transavia (quatre puis trois vols quotidiens). Conséquence mathématique : le nombre de passagers entre Montpellier et Paris est passé de 600.000 par an à 300.000…
Cécile Chaigneau
En novembre 202, Air France stoppait ses dix vols quotidiens entre l'aéroport de Montpellier et Paris Orly, au profit de quatre liaisons par jour opérées par Transavia et deux liaisons par jour opérées par EasyJet.
En novembre 202, Air France stoppait ses dix vols quotidiens entre l'aéroport de Montpellier et Paris Orly, au profit de quatre liaisons par jour opérées par Transavia et deux liaisons par jour opérées par EasyJet. (Crédits : Frédéric Reglain)

Le 18 octobre, la nouvelle a fait l'effet d'une petite bombe : Air France quittera son aéroport historique d'Orly en 2026 pour concentrer son activité sur Roissy. Cette décision s'inscrit dans un mouvement long de désengagement au profit de sa filiale low-cost Transavia. L'aéroport d'Orly joue pourtant un rôle central dans le trafic de la compagnie vers les villes françaises de l'Hexagone et de l'Outre-Mer.

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Avant la crise sanitaire, Air France exploitait en effet sa Navette, produit emblématique de la compagnie à Orly, avec plusieurs dizaines de vols quotidiens vers Marseille, Toulouse, Nice, Bordeaux et Montpellier. Ces deux dernières destinations ont été stoppées respectivement en 2020 et 2021.

Selon le dernier communiqué de la compagnie, Air France opérera « l'ensemble de ses vols domestiques et internationaux au départ de son hub de Paris-Charles de Gaulle » à partir de l'été 2026, entraînant l'arrêt, à cette date, de la Navette en direction de Nice, Toulouse et Marseille, et l'arrêt des liaisons vers l'Outre-Mer.

En contrepartie, la compagnie promet que l'offre sera renforcée au départ de Roissy et indique que Transavia sera positionnée sur Toulouse, Marseille et Nice au départ d'Orly. Air France précise que « les capacités du groupe entre Paris et Toulouse, Marseille et Nice seraient maintenues à hauteur de 90% de leur niveau actuel ».

Une situation qu'a déjà connue l'aéroport de Montpellier, avec pourtant un impact non négligeable...

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Montpellier-Orly : de 10 à 3 dessertes quotidiennes

L'interruption remonte au 7 novembre 2021 : Air France (Hop!) stoppait ses dix vols quotidiens entre l'aéroport de Montpellier et Orly. Une décision stratégique qui était l'une des conséquences post-Covid de la restructuration du groupe, après les milliards d'aides (PGE) accordées par l'Etat pour éviter la faillite.

Les dessertes de la Navette d'Air France avaient alors été remplacées par quatre liaisons quotidiennes opérées par Transavia et deux opérées par EasyJet, les six vols offrant davantage de places grâce à des avions plus gros. Si la compagnie britannique (en quête de slots) s'était rapidement positionnée sur le créneau, elle s'en est tout aussi rapidement retirée, interrompant la liaison Montpellier-Orly une petite année plus tard. Aujourd'hui, Transavia opère trois liaisons quotidiennes, le matin, en fin d'après-midi et en début de soirée.

« Transavia a démarré avec quatre dessertes par jour, mais déjà avec quatre, on perd une partie de la clientèle qui trouve que ce n'est pas assez fréquent, les prix montent et ça ne marche pas, déclare aujourd'hui Emmanuel Brehmer, le président du directoire de l'aéroport montpelliérain. D'autant que tout s'est passé en plein Covid, au moment où les compagnies aériennes n'allaient pas bien. Pourtant, Montpellier a démontré pendant longtemps sa capacité à amener une clientèle business en plus d'une clientèle loisirs. »

La conséquence de cette restructuration aérienne a été froidement mathématique : en 2019, avant la crise sanitaire du Covid, la Navette Montpellier-Paris Orly embarquait quelque 600.000 passagers par an, et en 2023, leur nombre tombe à 300.000...

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Report sur le TGV

Aujourd'hui, Air France continue d'exploiter cinq vols par jour entre Montpellier et l'aéroport Charles de Gaulle, maintenant, pour la capitale languedocienne, huit dessertes quotidiennes « au lieu de 15 », soupire Emmanuel Brehmer. Selon lui, « une petite partie des passagers pour Orly s'est déportée vers l'aéroport Paris-Charles de Gaulle, et une grosse partie sur le TGV, même si l'avion est encore moins cher que le train, avec des vols entre 50 et 300 euros ».

Reste que le coup a été dur pour l'infrastructure aéroportuaire montpelliéraine, où le trafic passager avec Paris pèse environ 45% du trafic total, « mais c'est un trafic non aidé, et une clientèle qui était acquise », souligne Emmanuel Brehmer, sans chiffrer plus avant l'impact financier du retrait de la Navette.

« Ce que Toulouse, Marseille et Nice vont vivre, on l'a pris de plein fouet il y a deux ans, ajoute-t-il. L'impact de l'arrêt de la Navette est important en volumes et demandera beaucoup de temps et d'argent pour le rattraper. Nous ambitionnons d'amener le trafic de l'aéroport à 2,5 millions de passagers par an et en 2023, on sera à peine à 1,8 million... Quand on perd 300.000 passagers par an, surtout sur une clientèle business, il faut 25 nouvelles lignes pour compenser, ce qui est brutal pour l'aéroport et désastreux pour l'économie du territoire. »

Le dirigeant évoquant là les ambitions de la métropole montpelliéraine en matière de santé (projet MedVallée) ou encore de culture (candidature Montpellier, capitale européenne de la culture 2028)...

Au niveau national, avec ce transfert opéré par Air France vers Transavia, la compagnie low-cost du groupe, qui a installé une base régionale à Montpellier (la 4e en France) au début de l'été 2020, devrait continuer à monter en puissance, avec une activité largement axée sur le trafic loisir. Le groupe indique ainsi qu'en 2026, elle est appelée à devenir « l'opérateur de référence du groupe Air France au départ de l'aéroport de Paris-Orly ».

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Cécile Chaigneau

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