Crise sanitaire : comment l’hospitalisation privée vient en renfort de l’hôpital en Occitanie

« Nous sommes l’arme au pied ! ». C’est ainsi que s’affiche le secteur de l’hospitalisation privée en Occitanie, prêt à en découdre avec le Covid-19 si le nombre de patients atteints le requiert. Pour l’heure, les établissements de santé sont en veille et se tiennent prêts, libérant des lits de réanimation ou accueillant des malades (autres que Covid-19) de l’hôpital public pour libérer des places.
Cécile Chaigneau
(Crédits : Reuters)

Pascal Delubac est le président régional Occitanie de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) et le directeur territorial Aude et Pyrénées-Orientales du groupe ELSAN. Alors que la situation sanitaire en France fait monter la tension, il observe prudemment que l'Occitanie n'a pas encore connu de réel pic et que la situation évolue progressivement. Son maître-mot, c'est « anticipation ».

« On fait tout pour anticiper et éviter d'être débordés, on est en état de vigilance permanent, assure-t-il. A Carcassonne, l'hôpital était limite mais le CHU de Toulouse a récupéré des patients, et à Perpignan, ça évolue pas mal mais progressivement. »

En Occitanie, l'hospitalisation privée compte 138 établissements, 4 000 médecins, 27 000 salariés et 1,4 millions de patients pris en charge chaque année. Le secteur représente 66 % des interventions chirurgicales de la région, 30 % des urgences ou encore 48 % des traitement du cancer en chirurgie.

« Au total, dans le public et le privé, nous avons 473 lits de réanimation en région, dont 93 pour le CHU de Toulouse et 8 sur l'Oncopole, ou encore 86 pour le CHU de Montpellier, rappelle-t-il. Soit 8 lits pour 100 000 habitants. »

Veille sanitaire et épidémiologique

« La première initiative de l'Agence régionale de santé a été de monter une cellule de coordination avec le CHU de Montpellier couvrant l'Occitanie-est - c'est à dire l'Hérault, l'Aude et les Pyrénées-Orientales -, le CHU de Toulouse couvrant l'Occitanie-ouest, et le CHU de Nîmes pour le Gard, explique Pascal Delubac. Cette cellule compte un représentant de l'hospitalisation privée dans chaque antenne. L'objectif, c'est de concentrer les moyens et les compétences pour les cas graves de Covid-19. Elle effectue donc une veille sanitaire et épidémiologique, et organise l'anticipation, avec par exemple des réunions par territoire pour voir où sont les besoins en personnels, en équipements ou en lits de confinement. La logique, c'est que les soins aigus, de réanimation ou intensifs, soient toujours libérés. »

L'hospitalisation privée intervient pour l'heure « en soutien » de l'hôpital public. Comment ? Notamment en mettant des lits à disposition de l'hôpital pour accueillir ses patients atteints d'autres pathologies que le Covid-19 et ainsi libérer de la place pour les cas graves de Covid-19 à l'hôpital.

Une file Covid, une file non-Covid

« Nous prenons en charge les interventions chirurgicales urgentes ou non différables de l'hôpital, ajoute Pascal Delubac. Les cliniques de soins de suite et de réadaptation qui ont des lits de médecine les mettent à disposition pour accueillir les patients Covid-19 sortant qui doivent être confinés et suivis médicalement. Par ailleurs, on est en train de recenser les respirateurs que l'on peut mettre à disposition de l'hôpital, notamment ceux qui sont libérés par la déprogrammation de certaines interventions. Du côté du personnel, les infirmières de bloc et les anesthésistes sont en première ligne. Chez nous (groupe ELSAN, ndlr) par exemple, deux infirmières anesthésistes vont aller travailler sur l'hôpital de Perpignan. Par ailleurs, nous avons recours à des tutoriels et des formations accélérées sur les pratiques de réanimation. »

Pour l'heure, les établissements privés d'Occitanie n'ont donc pas eu à accueillir de patients atteints du Covid-19, mais ils se tiennent prêts.

« Aujourd'hui, un des pivots du système, c'est la régulation : dans nos services d'urgence, il y a une file Covid et une file non-Covid et les patients Covid sont réorientés vers l'hôpital, souligne le président de la FHP Occitanie. Mais nous savons que nous allons avoir des malades et nous nous préparons. »

« Pas de refus ! »

A Montpellier, Max Ponseillé, le président du groupe Oc Santé (16 établissements sanitaires et médico-sociaux essentiellement dans l'Hérault et le Gard et 1 à Paris, parmi lesquels 4 de médecine-chirurgie, 4 en soins de suite, 4 psychiatriques, 3 Ehpad et un établissement d'hospitalisation à domicile), confirme : « On est l'arme au pied ! ».

« A la demande des ARS, nous avons commencé à déprogrammer certaines interventions chirurgicales et à reporter les hospitalisations non urgentes, ce qui représente la moitié de l'activité normale, précise-t-il. Dans les établissements de soins de suite ou de psychiatrie, nous avons stoppé toutes les activités ambulatoires. A la clinique du Millénaire à Montpellier, qui connait une grosse activité de réanimation, une quinzaine de lits sont disponibles pour accueillir des patients atteints du Covid-19, 8 lits à la Clinique Saint-Roch, et 8 également à la clinique Clémentville. Heureusement, pour le moment, les taux de progression sur l'Hérault sont relativement lents. »

Quant à savoir si les établissements privés « jouent le jeu » ou non dans cette crise sanitaire, comme il est pointé du doigt dans certains régions, Pascal Delubac est formel : « C'est la cellule de coordination qui décide collégialement, donc il ne peut pas y avoir de refus ! ».

Cécile Chaigneau

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