Fruits d’été : une saison compliquée en Roussillon

La saison des fruits tire à sa fin dans les Pyrénées-Orientales, un département très fortement touché par la sécheresse. La gestion de crise aura permis de limiter son impact mais le marché et la consommation sont venus dégrader les conditions de commercialisation.
Dans les Pyrénées-Orientales, la production d'abricots devrait atteindre entre 13.000 et 14.000 tonnes, soit une grosse récolte.
Dans les Pyrénées-Orientales, la production d'abricots devrait atteindre entre 13.000 et 14.000 tonnes, soit une grosse récolte. (Crédits : Yann Kerveno)

Dire que le pire a été craint au printemps, quand les lacs du Roussillon étaient vides, n'est pas rendre justice à la réalité... Tout le monde avait alors à l'esprit une catastrophe potentielle qui générerait, chez les producteurs et expéditeurs d'abricots et de pêches, une perte globale pouvant atteindre les 200 millions d'euros. Les pluies de la fin du printemps ayant rempli les barrages, la saison a pu reprendre son cours normal dès la fin du mois de juin, même si les restrictions n'ont pas pour autant été levées dans les vergers. En effet, une fois les débits réservés à la rivière atteinte, le surplus pouvait couler dans les canaux pour participer à faire remonter le niveau des nappes et amener un peu d'eau aux vergers.

Au final, la production d'abricots devrait atteindre entre 13.000 et 14.000 tonnes pour le département des Pyrénées-Orientales, soit une grosse récolte, et entre 50.000 et 60.000 tonnes pour les pêches.

Lire aussiFruits et légumes : une saison complexe et imprévisible, sur fond d'inflation et de sécheresse

Un marché difficile et chaotique

Pour autant les embûches ont été nombreuses. Il y a d'abord eu la principale conséquence de la sécheresse : un recul du calibre moyen des fruits.

« C'est clairement le manque d'eau au moment de la division cellulaire qui nous a handicapés sur ce point », témoigne Jean-Pierre Baills, président de la coopérative La Melba à Bouleternère.

La sécheresse a également rendu les décisions d'éclaircissage dans les vergers complexes à prendre, compte tenu de l'incertitude. Ainsi, trop de fruits laissés sur les arbres ont-ils aussi joué en défaveur du calibre des pêches.

Enfin, le marché a été difficile et chaotique tout au long de l'été. Pourtant, Éric Hostalnou, chef du service fruits et légumes à la Chambre d'agriculture des Pyrénées-Orientales, souligne que « c'est la première fois depuis trois ou quatre ans qu'aucun accident climatique n'est venu chambouler les grands équilibres, et la production, malgré les craintes printanières, a été presque normale partout ».

« Mais la concurrence a été très forte », ajoute Jean-François Not, président de la coopérative Ille Fruits. D'abord, il y a eu beaucoup d'abricots qui ont pris des parts de marchés aux pêches, et ensuite, la consommation, qui n'était pas au rendez-vous, a généré des stocks et des difficultés d'écoulement sur toute la saison et donc une pression à la baisse sur les prix... »

Des vergers en danger de mort

Par ailleurs, il faut aussi compter sur la concurrence de plus en plus pressante de la pêche plate produite en Espagne qui grignote, elle aussi, des parts de marché...

« Ce n'est pas une campagne extraordinaire, mais on a connu bien pire », résume Jean-François Not.

Pour autant, si le constat vaut pour l'ensemble du département, les situations individuelles peuvent se révéler plus dramatiques. Un fort passage de grêle est ainsi venu achever prématurément la saison dans plusieurs vergers entre Ille-sur-Têt et Millas, sans même parler des producteurs d'abricots des alentours d'Espira-de-l'Agly ou de Rivesaltes qui n'ont pas eu d'eau du tout depuis l'an dernier et dont les vergers sont en danger de mort.

Paradoxalement, alors que la saison tire à sa fin, les barrages qui irriguent la vallée de la Têt ne sont pas vides.

« C'est tout le sujet de cet automne : il faut maintenant qu'on revoit rapidement, et collectivement, la façon dont est gérée l'eau dans ce département et comment on peut en conserver plus », analyse Jean-François Not.

En attendant, c'est donc la vigne qui, contre toute attente, payera cette année le plus lourd tribut aux éléments.

Lire aussiVendanges 2023 : en Languedoc-Roussillon, l'eau fait toute la différence

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.