Viticulture : pourquoi les deux coopératives de Causses et Cévennes fusionnent

Alors que le salon Wine Paris s’ouvre dans un contexte de crise sévère pour la viticulture, deux coopératives viticoles (héraultaise et gardoise) situées entre Causses et Cévennes fusionnent pour mutualiser leurs moyens et mieux valoriser leur production.
Romain Rigon est le président de la nouvelle entité Piémont Causses et Cévennes;, fruit de la fusion entre les coopératives de Saint-Maurice (Gard) et de CastelBarry (Hérault).
Romain Rigon est le président de la nouvelle entité Piémont Causses et Cévennes;, fruit de la fusion entre les coopératives de Saint-Maurice (Gard) et de CastelBarry (Hérault). (Crédits : DR)

C'est une fusion peu banale. Les caves coopératives de Saint-Maurice et de CastelBarry ont scellé leur rapprochement lors de leurs assemblées générales extraordinaires respectives, les 23 et le 24 janvier derniers. La nouvelle entité a été baptisée Piémont Causses et Cévennes.

L'une gardoise (à Saint-Maurice-de-Cazevieille), l'autre héraultaise (à Montpeyroux), les deux caves sont distantes d'une centaine de kilomètres, ce qui, a priori, ne les prédestinait pas à la fusion. Mais elles se sont trouvé des points communs et une complémentarité sur lesquels asseoir leur union.

Toutes deux adossées ou insérées aux espaces classés patrimoine mondial de l'Unesco Causses et Cévennes, elles sont engagées depuis dix ans dans une démarche de développement durable et responsable (RSE ISO 26000-Vignerons Engagés).

La complémentarité de leurs gammes de vins est l'autre atout fondateur de ce rapprochement : la coopérative CastelBarry produit essentiellement des AOP, quand la coopérative de Saint-Maurice est plus orientée vers les IGP et le bio. Cette synergie leur permet désormais de proposer une large palette de vins du Haut Languedoc aux Cévennes : IGP Cévennes, IGP Saint-Guilhem-le-Désert, IGP d'Oc, AOP Languedoc, AOP Terrasses du Larzac et AOP Montpeyroux.

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« Assurer un meilleur revenu à nos coopérateurs »

Aujourd'hui, la coopérative CastelBarry écoule la moitié de sa production en conditionné (800.000 cols), et celle de Saint-Maurice, qui s'est engagée plus récemment dans cette voie, ne met en bouteille que 5% de sa production (650.000 cols), le reste étant vendu en vrac. En mutualisant leurs forces commerciales et leurs réseaux de distribution, les deux caves ont l'objectif est d'accroître les ventes en bouteille pour atteindre très rapidement 1,5 million de cols par an.

« Nous visons un juste équilibre entre vente en vrac et en bouteilles, l'idée étant de sécuriser nos ventes en diversifiant notre clientèle et d'assurer un meilleur revenu à nos coopérateurs grâce à la valeur ajoutée des ventes en conditionné », détaille Romain Rigon, le président de Piémont Causses et Cévennes.

Les sites de vinification sont maintenus mais se spécialisent. La coopérative CastelBarry devient le centre de stockage et d'expédition des vins conditionnés. A terme, le site héraultais deviendra le centre de conditionnement de la nouvelle entité.

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Alliance des territoires

En 2016, la coopérative CastelBarry avait initié un rapprochement avec les coopératives voisines de Saint-Félix-de-Lodez et Saint-Saturnin en vue de constituer une structure occupant une position dominante dans les appellations du secteur : Montpeyroux, Terrasses du Larzac, Saint-Saturnin et Languedoc. Mais faute de convergence sur la stratégie à mettre en œuvre, le projet avait achoppé, et la fusion s'est faite sans CastelBarry.

« Ce rapprochement est une alliance des territoires pour être plus forts ensemble, souligne le président. Plutôt que de subir les crises, nous souhaitons être acteur de notre avenir et nous adapter aux enjeux sociétaux d'aujourd'hui. La conversion en bio, qui représente déjà 650 hectares sur les 2.400 de notre vignoble, est une première réponse. Nous allons également travailler sur la diversification de notre production afin de répondre aux nouvelles tendances de consommation. »

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Piémont Causses et Cévennes représente un potentiel de production de 150.000 hectolitres, emploie 26 salariés et réalise un chiffre d'affaires consolidé de 20 millions d'euros.

Au cours des quarante dernières années, les fusions de caves coopératives ont redessiné le paysage viticole régional. Dans l'Hérault par exemple, département qui a été particulièrement concerné par ces rapprochements, on comptait 165 coopératives en 1980, il n'en restait plus que 49 en 2020. La crise qui secoue la viticulture régionale pourrait perpétuer ce mouvement.

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