Crise de la viticulture : « Un tiers de nos contrôles révèle des pratiques commerciales trompeuses » (préfet de l’Hérault)

Pour éviter une concurrence déloyale pour les viticulteurs de la région, les contrôles s’intensifient dans les rayons vin des moyennes et grandes surfaces de l’Hérault. Après un rappel des règles, le préfet entend durcir les contrôles.
Le préfet de l'Hérault, François-Xavier Lauch, annonce que les services de l'Etat ont procédé à des contrôles renforcés depuis le début de l'année.
Le préfet de l'Hérault, François-Xavier Lauch, annonce que les services de l'Etat ont procédé à des contrôles renforcés depuis le début de l'année. (Crédits : Michèle Trévoux)

Le préfet de l'Hérault, François-Xavier Lauch, n'a pas tardé à mettre en application les consignes gouvernementales annoncées dans le cadre à la crise agricole. En réponse à la demande des viticulteurs, qui réclamaient plus de surveillance des rayons vin des grandes surfaces, les services de l'Etat ont procédé à des contrôles renforcés depuis le début de l'année.

« Ce contrôle n'est pas nouveau, estime François-Xavier Lauch, le 22 février devant la presse. En 2023, dans le cadre de la lutte contre la francisation des vins par exemple, 140 opérateurs ont été contrôlés en Occitanie et 10 procès-verbaux ont été dressés. Mais depuis le début de l'année, cette surveillance a été renforcée dans l'Hérault. Nous avons réalisé en trois semaines ce que nous faisions en quatre mois les années précédentes. Il en ressort qu'un tiers de nos contrôles révèle des pratiques qui ne respectent pas la réglementation, ce qui fait beaucoup. Ces pratiques commerciales trompeuses sont inadmissibles pour les viticulteurs qui souffrent. Certains sont obligés de vendre leur production 1/3 en-dessous de leur prix de revient et sont pénalisés par ces pratiques illégales. »

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16 PV et 8 rappels réglementaires

Si la francisation des vins est « plutôt rare » selon le préfet, les pratiques commerciales trompeuses sont en revanche fréquentes et revêtent différentes formes : le positionnement de vins étrangers au milieu d'un rayon de vins français, ou des étiquettes qui laissent entendre l'origine française d'un vin alors qu'il s'agit d'un vin étranger. Dans la restauration, le défaut de nomination légale du vin est l'anomalie la plus constatée, notamment pour les vins en pichet dont l'origine est souvent omise. Sur les 45 établissements contrôlés depuis le début de l'année 2024 par les services de l'Etat dans l'Hérault, seize procès-verbaux ont été dressés pour pratiques commerciales trompeuses sur l'origine et huit rappels réglementaires ont été faits pour des pratiques prêtant à confusion ou étiquetage non conforme.

Un courrier sera donc prochainement être adressé à tous les acteurs de la mise en marché des vins - grandes et moyennes surfaces, négoces en vin, restaurateurs - pour leur rappeler les règles, à la suite de quoi, « les contrôles vont se durcir », annonce le préfet.

« Mieux vaut des contrôles renforcés que des actions violentes menées en magasin par des viticulteurs en colère », souligne le représentant de l'Etat.

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« Une survie qui se joue à quelques centimes d'euro »

Au-delà de ce point sur les contrôles, François-Xavier Lauch a réuni, le 21 février, la filière viticole, les représentants du négoce et des grandes et moyennes surfaces, pour évoquer les chantiers en cours dans le cadre du plan d'aide à la viticulture annoncé fin janvier par le ministre de l'Agriculture.

Concernant le fonds d'urgence, ouvert depuis le 12 février et doté 13 millions d'euros pour l'Hérault, 1.142 dossiers ont d'ores et déjà été déposés sur les 2.000 à 2.500 attendus. A ce jour, 35 dossiers ont déjà été traités pour une demande de paiement de 200.000 euros. Une réunion avec le secteur bancaire a eu lieu le jeudi 22 février pour étudier la mise en place de prêts bonifiés, d'années blanches ou le report du remboursement du PGE. Le préfet a par ailleurs reçu cinq propositions des représentants viticoles pour la simplification administrative, propositions qu'il a fait remonter à Paris.

Concernant les discussions à engager entre représentants de la grande distribution et filière viticole, le représentant de l'Etat s'est proposé de favoriser le dialogue entre les deux parties : « L'Etat a sa place pour engager cette discussion. Viticulteurs et grandes surfaces ont tout intérêt à se parler plus. Que les viticulteurs entendent les chefs de rayons sur l'évolution de la demande des consommateurs, que les grandes surfaces entendent les viticulteurs sur la nécessité de vendre leurs vins au-dessus du prix de revient, car c'est leur survie qui est en jeu. Et c'est une survie qui se joue à quelques centimes d'euros ».

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Commentaire 1
à écrit le 26/02/2024 à 11:48
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Et encore vous faites comme avec Al Capone vous ne regardez que les chiffres ce qui est enlever les 9/10 de leurs activités douteuses.

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